LA TOILE D'ARAIGNÉE

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Nous sommes là en plein dans les années 70, en 75 exactement, dans cette époque révolue où les détectives privés n’ont encore ni téléphone portable, ni internet, à leur disposition pour mener leur enquête. Oui, c’était la grande époque des cabines téléphoniques. Tout ce qu’ils avaient pour eux, c’était leur flair, leur résistance aux chocs (en particulier aux coups de poing dans la figure) et leur bagnole, avec laquelle ils rendaient inlassablement visite à des protagonistes tous plus suspects les uns que les autres.  Le tout sur une petite mélodie signée Michael Small qui figure en bonne place au panthéon des ritournelles entêtantes.
Si ce héros en couleurs, Harper, rappelle autant les ambiances noires (et blanc) d’un Philip Marlowe, c’est qu’il vient de l’univers de Ross Macdonald, auteur fameux de polars et créateur d’un personnage qui s’appelait alors Lew Archer, et qui devint Lew Harper quand il prit les traits de Paul Newman. La première fois, c’était presque dix ans plus tôt en 66, mais ça, on en reparlera après.
Avant, il faut encore annoncer Melanie Griffith, ici débutante en jeune lolipute, et qu’on retrouvera avec plaisir dans les années 80 en Working Girl, Dangereuse sous tous rapports, ou encore dans le Body Double de DePalma.
Tout comme on retrouve le jeune Andy Robinson, ici maître-chauffeur, qui avait débuté sa carrière 4 ans plus tôt, en tueur en série, dans le Dirty Harry de Don Siegel, avec un Clint Eastwood qui n’hésitait pas à lui faire très mal au genou.
Quant à Tony Franciosa qui dirige ici d’une façon peu orthodoxe la police locale, il fut aussi la même année 75, Matt Helm, le détective héros de cette série qui ne connut malheureusement qu’une saison.
Tout ça a pas mal vieilli. Tout dépend bien sûr de ce qu’on vient chercher dans ces films d’un monde englouti.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE PRIVÉ ou encore THE BIG EASY .

Cette Toile d’araignée constitue donc une suite, ou en tout cas une descendance, au Harper de 1966, signé Jack Smight, où Paul Newman incarnait pour le grand écran ce personnage créé par l’auteur de polars Ross Macdonald.  La ressemblance avec les personnages de privé incarnés par Humphrey Bogart étant soigneusement entretenue, en particulier par la présence de Lauren Bacall dans ces premières aventures. En France, le film s’appelait Détective privé.
Ce qui ne simplifie rien, puisque vers 1973, Robert Altman signait un film intitulé Le Privé, The Long Goodbye en VO, où Elliott Gould reprenait le personnage de Philip Marlowe en fumant énormément de cigarettes sur de jolies plages de Los Angeles, pendant que Sterling Hayden s’occupait de vider le bar.
Au rayon people, il est amusant de détailler les rapports d’anciens amants qu’entretiennent ici Paul Newman et Joanne Woodward, quand on se souvient qu’à la ville, ils étaient mari et meuf. C’est d’ailleurs l’occasion rappeler que sous sa casquette de réalisateur, Paul a souvent fait tourner Joan, de Rachel en 69 à la Ménagerie de verre en 87, en passant par le film toujours en lice pour le plus beau titre de l’histoire du cinéma: De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites (the effect of gamma rays on man-in-a-moon marygolds).
Une autre fois, on parlera du Clan des irréductibles...