LA TRÈS TRÈS GRANDE ENTREPRISE

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En 2008, lorsque sort sur les écrans français la Très très grande entreprise, le 13e film de Pierre Jolivet, tous les spectateurs ont encore en tête les procès – pour ne pas dire les scandales – Alsthom, pour l’amiante, ou Total, pour l’Erika et AZF. Après avoir très méthodiquement étudié les dossiers, Pierre Jolivet et Simon Michaël, son scénariste attitré depuis Ma petite entreprise, en 1999, écrivent l’histoire de ces Robin des bois, justiciers des temps modernes, dont l’existence a été anéantie par Naterris, multinationale agro-chimique condamnée à une amende, quasi symbolique, pour pollution maritime, nuisance olfactive et destruction du littoral. A la Défense, dans les couloirs et les bureaux d’une impressionnante tour de verre et de béton, siège social de cette « très très grande entreprise », simplement armés de leur courage et de leur volonté inébranlable, ils vont tenter de trouver « le fait nouveau » qui leur permettrait de faire appel de cette décision de justice par trop injuste.

Sur une musique composée, interprétée et dirigée de la batterie par Manu Katché, Pierre Jolivet met en scène Jean-Paul Rouve et Marie Gillain, pour la première fois, Adrien Jolivet, son fils, pour la deuxième fois, et Roschdy Zem ainsi qu’Arlette Thomas, sa mère, pour la quatrième fois.

Le hasard faisant parfois bien les choses, le mercredi 5 novembre 2008, le premier jour d’exploitation du film de Pierre Jolivet, sortait également sur les écrans français Nos enfants nous accuseront, un documentaire de Jean-Paul Jaud faisant le point sur les pollutions industrielles et agro-chimiques. Quand la réalité rejoint la fiction !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RÉVÉLATIONS (1999) ou encore MÉLODIE EN SOUS-SOL (1963) .

Pierre Jolivet est le frère du comédien et humoriste Marc Jolivet et le fils de la comédienne et directrice de théâtre Arlette Thomas qui, entre autres, prêta sa voix au Titi de Titi et Gros minet et que vous venez de voir dans le rôle de la femme qui, toute sa vie, s’est battue, contre son père, son mari et le réchauffement de la planète !

Avec son frère, Pierre Jolivet commença par être comédien et même animateur radio. Ils écumèrent les cafés-théâtres des années 1970-1980, avant de se séparer et que Pierre ne rencontre un certain Luc Besson. Coauteur et interprète principal, en 1981, de l’Avant dernier, premier court métrage du futur nabab du cinéma français, Pierre Jolivet coproduira et interprètera le rôle principal de son premier long métrage, le Dernier combat, en 1983. Deux ans plus tard, après avoir participé à l’écriture du scénario de Subway, il se lance, à son tour, dans la réalisation, avec Strictement personnel, un thriller noir mené par Pierre Arditi, dans lequel on retrouvait, comme dans les deux films de Besson, Jean Reno et Jean Bouise.

Définitivement metteur en scène, Pierre Jolivet poursuit son éclectique carrière de réalisateur en passant, régulièrement, d’un genre à l’autre. Après le Complexe du kangourou, une comédie sur la paternité, avec Roland Giraud et Clémentine Célarié, il retrace le cas de conscience de deux amis appelés à risquer leur liberté et leur vie pour tenter de sauver un ex-compagnon de voyage, condamné à mort dans un pays d’Asie pour trafic de drogue, dans Force Majeure où, face à Patrick Bruel et François Cluzet, Jolivet dirige Kristin Scott-Thomas et Alan Bates. Après une incursion dans le fantastique, avec Simple mortel, et un retour à la comédie, avec A l’heure où les grands fauves vont boire, il goûte au mélange des genres avec Fred, un polar « social » où Vincent Lindon est un chômeur au bout du rouleau et François Berléand, un flic honnête mais désabusé.

Après En plein cœur, le remake de En cas de Malheur, dans lequel Gérard Lanvin et Virginie Ledoyen reprenaient les rôles de Jean Gabin et de Brigitte Bardot, retour à la comédie « sociale » avec Ma petite entreprise avec Vincent Lindon en patron de PME et François Berléand en assureur indélicat.

Avant la Très très grande entreprise, il y aura encore le Frère du guerrier, un drame familial médiéval, Zim and Co, le portrait d’une génération de jeunes banlieusards, un peu paumés  entre chômage et premières amours, et Je crois que je l’aime, une comédie sentimentale sur fond de vidéosurveillance où, face à Sandrine Bonnaire, Vincent Lindon et François Berléand se retrouvaient, devant la caméra de Pierre Jolivet, pour la quatrième fois.