LE BÂTARD

en VOD

Pour son troisième long-métrage, Bertrand Van Effenterre adapte le premier roman d’Erskine Caldwell, écrivain notoire pour sa peinture sans concession des habitants du Sud rural des Etats-Unis. John Ford puis Anthony Mann l’avaient adapté, respectivement dans LA ROUTE AU TABAC et LE PETIT ARPENT DU BON DIEU. 

Transposé en France dans les années 80, le film suit Patrice à Marseille, où il tue le souteneur de sa mère à la mort de celle-ci.  Puis, il erre de ville en ville en quête de stabilité, sans jamais la trouver. Entre autres rencontres, il fait la connaissance de Marie, une jeune violoniste qui semble s’attacher à lui.

Gérard Klein incarne le voyageur errant qui trouve sur sa route trois femmes marquantes, incarnées respectivement par Mylène Demongeot, Brigitte Fossey et Julie Jézéquel. On peut aussi reconnaître  la toute jeune Victoria Abril (23 ans) qui avait tourné la même année dans LA LUNE DANS LE CANIVEAU de Jean-Jacques Beineix. 

Plusieurs facteurs sont déroutants dans LE BATARD : l’absurdité de certaines situations, l’instabilité des personnages, leurs comportements parfois irrationnels, la volatilité des pulsions sexuelles qui semble amplifiée par la précarité. Autant d’éléments qui trouvent leur source dans le livre d’Erskine Caldwell dont le film est adapté.  LE BATARD était son premier roman, et il donne le ton qui marquera le reste de son œuvre, consacrée à la peinture de gens défavorisés cherchant leur salut sur la route. Située à l’origine pendant la grande dépression qui sévissait dans le Sud profond aux Etats-Unis, où l’écrivain a grandi, l’histoire a été transposée par Bertrand Van Effenterre dans la France des années 80. 

On y voit déjà des TGV qui permettent de réduire les distances, mais pas encore les ordinateurs ni les téléphones portables qui isolent les gens. Il y a donc dans LE BATARD une promiscuité physique très palpable. Diplômé de l’Idhec, Bertrand Van Effentere a appris le cinéma en Suisse où il a été l’assistant d’Alain Tanner, puis plus tard de Jean Eustache et de Jacques Rivette.  Son premier film ERICA MINOR (1974) était une étude  de trois femmes dans l’après mai 68. 

LE BATARD est son troisième long-métrage, et tout en restant fidèle au roman d’Erskine Caldwell, il reproduit un motif de son premier film en accentuant l’importance dans le parcours de Patrice, de ses rencontres avec trois femmes. Elles sont incarnées par Mylène Demongeot, Brigitte Fossey (qu’il avait précédemment dirigée dans MAIS OU EST DONC ORNICAR, 1979) et Julie Jézéquel. Il reprendra ce schéma une fois de plus dans TUMULTES (1990), l’histoire de trois sœurs dont l’une est jouée encore par Julie Jezéquel. Il avait déclaré à son propos qu’il aimait faire jouer l’actrice parce qu’il la sentait capable de dépasser le registre comique pour lequel elle était habituellement recherchée. Claire Denis est créditée en tant qu’assistante directrice de casting.