LE BONHEUR en VOD
- De
- 1935
- 63 mn
Khmyr est un paysan naïf qui recherche le bonheur dans la Russie alors tsariste. Il trouve un sac d’argent avec lequel il s’achète un cheval qui lui-même lui permet d’obtenir une récolte abondante. Jusqu’à ce qu’il soit dépossédé de ses biens par un riche terrien, que la police l’accuse et le condamne à partir à la guerre. Survient la révolution d’octobre. Khmyr...
- Comédie
- URSS
- Tous publics
1 MIN AVANT
Alexandre Medvedkine est un cinéaste qui n’a été découvert que très tard, dans les années 60/70 alors que sa carrière s’étale pour l’essentiel entre 1930 et la fin des années 40. En France, sa réputation est redevable au cinéaste Chris Marker qui en 1992, lui consacre un documentaire, le Tombeau d’Alexandre. Les deux hommes resteront d’ailleurs en contact permanent : Alexandre Medvedkine, né en 1900, disparaît en 1989, au moment de la perestroïka, sans avoir assisté néanmoins ni à la chute du mur, ni à l’explosion de l’URSS.
Le cas Medvekine se révèle particulièrement passionnant. Il montre aujourd’hui à quel point le cinéma soviétique demeure un terrain en friche que l’on a pas fini d’examiner, tant chaque décennie peut faire surgir de nouveaux cinéastes méconnus ou oubliés: Ainsi Medvedkine ne figurait même pas dans le dictionnaire de Georges Sadoul publié dans les années 1960, alors que son auteur, historien communiste, connaissait très bien le cinéma soviétique et pour cause. Le fait que Medvedkine demeure ignoré d’un tel recensement, comme d’autres noms d’ailleurs que l’on redécouvrent encore aujourd’hui, nous rappelle que la compréhension du cinéma de ce pays demeure complexe. Alexandre Medvedkine, est avant tout associé à un destin tragique, d’autant plus que le cinéaste est authentiquement stalinien, qu’il croit aux bienfaits du régime et à la politique de son leader. Et pourtant Alexandre Medvekine est aussi une personnalité qui pour des raisons imprécises et floues, a eu le malheur de déplaire à Staline et à sa censure. Le Bonheur retrace le parcours de quelqu’un qui recherche le bonheur sans y parvenir, et finalement le découvre dans une forme de collectivisation. Les influences du film sont assez étranges, car elles renvoient autant au cinéma de propagande qu’à Mack Sennett et à ses Keystone Cops. Le Bonheur alterne l’épopée et le burlesque. Il pratique un mélange des genres assez peu usité dans le cinéma soviétique, à tel point que l’on peut estimer que le film a tout simplement déplu pour ces seules raisons esthétiques et non idéologiques.
Et pourtant ce sont sur des bases idéologiques que Medvedkine est devenu cinéaste, il est vrai sous contrainte, alors qu’il n’a pratiquement pas pu tourner par la suite sinon difficilement. Le parcours de celui-ci avait débuté avec une initiative singulière en matière d’agitprop, baptisée Ciné Train. Alexandre Medvekine se rendait ainsi en Ukraine, en Crimée principalement, à bord d’un train. Muni de caméras, il filmait la population. Les gens lui parlaient, même si les films étaient muets et il les filmait. Les films étaient parfois même développés dans la journée et montrés à ces mêmes personnes, le soir, dans une salle de projection. Initiative assez stupéfiante dans son audace tant elle anticipe de très loin les expériences de télévision que l’on verra dans les années 70 et 80 où l’on entend aller à la rencontre du peuple. L’expérience du ciné train est parfaitement transférable dans ce que l’on voit dans le Bonheur car le film se veut clairement la synthèse de ces représentations de vies quotidiennes, de ces petits détails qui sont tout d’un coup sublimés dans une épopée. Ironie donc d’un parcours, celui de Medvedkine, personnalité totalement sous dépendance et qui ne pourra s’exprimer en tant que cinéaste, que dans un film et un seul, le Bonheur.
Dans le même genre vous pouvez trouver LE TOMBEAU D'ALEXANDRE ou encore LA LIGNE GÉNÉRALE .