LE COEUR EST UN CHASSEUR SOLITAIRE

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Lorsque le Cœur est un chasseur solitaire, le premier roman de la jeune Carson McCullers, parut en France en 1947 – sept ans après l’édition américaine –, son traducteur, l’écrivain et philosophe suisse Denis de Rougemont, assurait dans sa préface que jamais un livre aussi touffu et, pourtant, aussi dépourvu d’intrigue ne pourrait, un jour, devenir un film.

Raté ! Au milieu des années 1960 – après un premier projet avec Montgomery Clift, finalement abandonné –, le scénariste américain Thomas C. Ryan, qui venait de travailler avec Otto Preminger sur le script de Que vienne la nuit, s’attela à l’impossible tâche, retirant beaucoup ici, ajoutant un peu là. Le film, comme le roman, raconte donc l’histoire de John Singer, alias Alan Arkin, un graveur en orfèvrerie, équilibré et serviable mais sourd-muet, qui passe son temps à réparer les gaffes de son grand ami, sourd-muet lui aussi, Spiros, alias Chuck McCann, adolescent obèse et attardé, bientôt enfermé dans un hôpital psychiatrique.

Pour ne pas l’abandonner, l’altruiste Singer trouve à se loger à côté de l’établissement, chez une famille modeste, dont la fille aînée de 14 ans, Sondra Locke pour la première fois à l’écran, mettra un certain temps avant d’accepter cet intrus qui, en plus, lui pique sa chambre. Alan Arkin et Sondra Locke furent nommés aux Oscars pour ce film, que le critique Henry Rabine dans la Croix, jugea « le plus triste et le moins désespéré du monde ».

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RACHEL, RACHEL (1968) (Comme Alan Arkin, Joanne Woodward, institutrice frustrée dans une petite ville de province, souffre de ne pouvoir rien espérer des autres.) ou encore MIRACLE EN ALABAMA (1962) (Annie (Anne Bancroft) est la seule à pouvoir communiquer avec Helen (Patty Duke), une jeune fille aveugle et sourde.).

Après avoir voulu intituler son roman, le Muet, Carson McCullers le rebaptisa en s’inspirant du Chasseur solitaire, un poème de l’Ecossais William Sharp (1855-1905) : « Mais mon cœur est un chasseur solitaire qui chasse / Sur une colline solitaire ». Née Lula Carson Smith en 1917, dans le sud profond des Etats-Unis, la fragile Carson McCullers s’éteignit 50 ans plus tard, à New York, minée par un cancer et victime d’une hémorragie cérébrale, le 29 septembre 1967, exactement au moment où, au fin fond de l’Alabama, Robert Ellis Miller entamait le tournage du film que vous venez de voir. Un an plus tôt, elle avait pu assister à la projection de Reflets dans un œil d’or, que John Huston avait tiré de l’un de ses autres romans.

Lui-même réalisateur de télévision récemment passé au cinéma, c’est à une équipe de comédiens débutants que Robert Ellis Miller (35 ans) confia les principaux rôles de son film. Outre Stacy Keach, qui deviendra le Mike Hammer de la série télévisée une quinzaine d’années plus tard, et Chuck McCann, inoubliable Spiros, qui poursuivra sa carrière à Hollywood, souvent sous la direction de Mel Brooks, on y découvre, également, Alan Arkin (34 ans) déjà vu en inquiétant trafiquant de drogue dans Seule dans la nuit de Terence Young. Dans le rôle de Mike, ce garçon manqué de 14 ans, écœurée par la médiocrité de son univers, Ellis Miller fit débuter Sondra Locke, alors âgée de 23 ans, la future égérie de Clint Eastwood – six films entre 1976 à 1983 – et sa compagne, jusqu’à leur tumultueuse séparation, en 1989.

La mère de Mike est jouée par Laurinda Barrett, une comédienne souvent vue à la télévision et à Broadway mais qui, au cinéma, ne tourna que dans deux autres films : le Faux Coupable, d’Alfred Hitchcock en 1956, et Meurtre parfait, d’Andrew Davis en 1998, le remake du Crime était presque parfait du susnommé Hitchcock. Il faut dire que sa mère, collaboratrice du producteur David O. Selznick, avait accueilli chez elle la famille Hitchcock à son arrivée à Hollywood en 1939. C’est ainsi que la petite Laurinda, alors âgée de huit ans, était devenue très copine avec la fille du maître du suspense, Patricia, de trois ans son aînée.

Les scènes les plus marquantes du roman ont été soit sévèrement modifiées soit supprimées. Le résultat est donc bien moins sombre et impactant que ce qui a été dépeint par McCullers. Un peu déçu à ce niveau malgré une interprétation sans faute de la part d’Alan ...

Sympathique ce petit film ; un peu surprenant aussi, je ne m'attendais pas à un tel traitement. On sent que c'est tiré d'un roman. Et on sent que le roman est riche. Je ne l'ai pas lu. Mais il y a beaucoup de personnages qui semblent avoir une histoire. Malheureusement, dans ...