LE FLEUVE

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Trois jeunes filles occidentales rêvent d’amour loin de chez elles, dans le mystérieux Etat du Bengale, en Inde. Un jour un inconnu arrive, porteur de tous les espoirs et de tous les fantasmes.

Premier film de Jean Renoir après sa période américaine, Le Fleuve est un voyage autant qu’un récit, tourné sur les lieux de l’action à une époque où le cinéma hollywoodien s’ouvrait à peine aux extérieurs. En 1951 cette œuvre d’une grande beauté ouvre les portes d’une fascination pour un pays mal connu qui vient, quatre ans auparavant, de s’émanciper de la tutelle britannique.

Même si l’Inde réelle vit des premiers jours difficiles entre émeutes et déportations, déchirement entre hindouistes et musulmans, ou encore assassinat de Gandhi son guide spirituel, le film lui s’attache à un mythe : une Inde éternelle, majestueuse, et d’une grande dignité. C’est le beau film d’un blanc sur un pays qu’il ne comprend pas. Ou pas encore.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARCH (1933) DE GEORGE CUKOR (Un beau film sur une famille exclusivement composée de femmes pendant la guerre de Sécession. Les jeunes filles découvrent la cruauté du monde, la rivalité,l'amour. Une oeuvre d'initiation, tendre et mélancolique.) ou encore LA ROUTE DES INDES (1984) DE DAVID LEAN (Un autre grand film sur l'Inde. Plus politique, plus sexuel, plus flamboyant que le film de Renoir, celui de Lean en est un héritier direct et so british.).

Après les années 30, une décennie prodigieuse marquée par des chefs-d’œuvres comme La grande illusion, La bête humaine ou La règle du jeu, après 6 films réalisés sous la tutelle des studios américains, Jean Renoir dans l’après-guerre se cherche un peu. Et c’est un film de méditation qui va lui permettre de se retrouver et influencera à la fois le cinéma occidental et le cinéma indien.

Premier de l’ère moderne à faire le voyage indien le cinéaste tourne Le fleuve (The river) dans la région de Calcutta. Le film est inspiré d’un roman publié en 1946, en partie autobiographique, de Rummer Godden, une Britannique qui a grandi en Inde et qui d’ailleurs collaborera à l’écriture du scénario. Boudé par les studios américains le cinéaste français va pourtant monter une production pour réaliser son premier film en couleur, et je dirai même plus, en technicolor. C’est d’ailleurs Claude Renoir, son neveu qui signe la photo pour un tournage qui durera quatre mois et formera deux jeunes artistes locaux qui referont parler d’eux : Satyajit Ray et son futur opérateur Subrata Mira. Renoir, qui ne connaissait pas l’Inde, se laisse envoûter par le cours du Gange et raconte la contamination d’une famille occidentale par la fameuse harmonie indienne. Dix ans plus tard les jeunes gens commenceront les pélerinages vers Katmandou, le Cachemire et le Kerala. Côté casting le cinéaste choisit de solides acteurs anglais. Pour l’anecdote le père, est joué par Esmond Knight qui devint borgne après une blessure reçue dans la traque du cuirassé nazi Bismark. Et il jouera un rôle d’officier lors du film Coulez le Bismark évoquant cette bataille. La plupart des autres comédiens occidentaux ou indiens sont des amateurs le film ayant une vocation semi-documentaire, jusque dans la réalité de ses protagonistes. C’est ainsi que Thomas Breen qui joue le capitaine John a été choisi parce qu’il était réellement unijambiste. Quand à Patricia Walters qui joue Harriet, elle était la fille d’un homme d’affaire installé au Bengale, et ce fut son seul film. La veine réaliste de Jean Renoir est là qui se teinte d’une rêverie quasi mystique, renforcée par ces couleurs chatoyantes dont certaines ont été renforcées en laboratoire pendant la postproduction.

Le film ne connut pas un grand succès mais il recueillit immédiatement l’admiration critique. L’année de ses 57 printemps le cinéaste avait peut-être atteint l’âge de la sagesse.

Le Fleuve est une oeuvre difficile à évaluer, comportant des défauts et des qualités indiscutables. On peut effectivement reprocher aux acteurs amateurs la simplicité de leur jeu qui est loin d'être transcendant, de même le film frôle l'ennui au niveau de sa trame : l'amour ...

Quel film choisir pour ma millième critique de film sur SC ? J'ai hésité entre plusieurs films que je n'ai pas encore revus et explorés. Mon choix s'est porté sur un des plus beaux films et peut-être des moins connus de Jean Renoir tourné en Inde en 1951 : le ...

Le Fleuve est un régal au banquet de la vie, un soleil de poésie, d’intelligence et de sensibilité. C’est une rhapsodie peuplée d’étrangers, d’un veuf inconsolable, de mutilés de guerre et d’êtres en suspens ou qui cherchent leur place. À l’instar des trois ...