LE JOYEUX NOËL D'HAROLD ET KUMAR

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Si vous ne connaissez pas Harold et Kumar, disons qu’il s’agit de deux crétins congénitaux dépourvus de tout surmoi et dont la connerie abyssale est agravée par une forte - très forte - consommation d’herbe stupéfiante. En clair : deux fumeurs de joints totalement dépassés. H&K comme on les surnomme aux US sont les héritiers de Cheech et Chong ou de Dean Martin et Jerry Lewis.

Le Joyeux Noel d’Harold et Kumar est leur troisième aventure et quand s’ouvre cette odyssée nocturne, les deux amis ne se sont pas vus depuis des années. Kumar continue de planer dans les effluves de beuh, tandis qu’Harold (John Cho) a abandonné l’herbe et s’est embourgeoisé, (une belle baraque, une femme sublime et un job parfait)... Problème: pour Noel,  Harold se prépare à recevoir sa belle-famille, dont son redoutable beau-père (incarné par l’horrible Danny Trejo de Machete) qui lui a légué il y a des années un sapin. Manque de bol, l’arbre de beau-papa prend feu et Harold n’a que quelques heures pour retrouver un sapin identique...

Après Guantanamo Bay et la Chasse aux burgers, la chasse au sapin est donc ouverte. N’oubliez pas, fumer nuit gravement à la santé. On revient après quelques taffes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HEY MEC ELLE EST OÙ MA CAISSE ? (parce qu'avant Harold et Kumar, le mètre étalon de la comédie jointée, c'était ça) ou encore BAD SANTA (Pour le côté irrévérencieux et politiquement incorrect; et la satire de l'ambiance de Noël).

A quelques très rares exceptions près (Beavis et Butthead se font l’Amérique, Half Baked), le genre ultra-spécifique de la "stoner comedy" (on traduira par "comédie de jointés") se contente de livrer des films désastreux et rarement drôles écrits sans doute dans les vapeurs des substances illicites. La saga Harold et Kumar fait partie des rares réussites du genre. Le secret ?  Le charisme irrésistible de ses interprètes Kal Penn et John Cho. L’humour contagieux de stoner des scénaristes (Jon Hurwitz et Hayden Schlossberg absents de cet épisode). Ou bien encore la façon qu’ont les films de taper avec une égale vigueur sur tous les stéréotypes ethniques. Impossible de savoir, mais une chose est sûre: après une première aventure hilarante (la chasse au burger), leur satire anti-Bush (Guantanamo Bay) avait montré les limites de l’exercice. Pour ce troisième volet, on revient au bercail (New York) et aux fondamentaux: un pitch résumable en moins d’une ligne (Harold et Kumar doivent trouver un sapin de Noël), et un chemin de croix qui construit sa logique absurde par association d’idées, greffant les seconds rôles à l’intrigue comme une traînée de casseroles derrière une voiture de mariés...

Le film s’amuse donc à exploser tous les tabous possibles et balance tout à la gueule du spectateur : le flingage du père Noël, une gamine de trois ans sniffeuse de coke (le running gag du film), du caca de bébé qui décore les vitres d’un 4X4, un robot faiseur de gaufres (le truc le plus drôle du film) ou un ballet de majorettes très queer. Et encore, estimez-vous heureux: vous n’avez pas eu la 3D et vous avez évité le sirop, les boules de neige et la fumée de mariejeanne en pleine tronche. Les seconds rôles sont évidemment essentiels à la réussite de ce space cake cinématographique: Neil Patrick Harris (de la série How I Met Your Mother) en showman du défilé de majorette joue encore de son identité sexuelle ambigue; Danny Trejo en beau-père terrifiant est... terrrifiant et Elias Koteas en mafieux grec, fait peur à voir...

Mais au fond, le film fonctionne parce qu’il n’a peur de rien, tape sur tout ce qui bouge et prêche même une jolie petite morale. Car, oui ! derrière le vomi, les pénis refrigérés (si si c’est dans le film), les vannes ordurières, bat une intrigue finalement très simple : ce Joyeux Noel est une odyssée, la redécouverte d’une amitié laissée en friche avec en dernière instance, le refus de grandir bien chevillé au corps. Franchement, ça fait du bien !