LE MESSIE SAUVAGE

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Paris, 1910, au musée du Louvre. Henri Gaudier, 18 ans, étudiant en art et sculpteur prometteur, rencontre Sophie Brzeska, romancière polonaise inconnue, de 20 ans son aînée. Leur passion singulière, orageuse et créatrice reste platonique selon la volonté de Sophie, malgré les avances pressantes et les demandes en mariage répétées d'Henri. Se faisant passer pour frère et soeur, ils décident d'associer leurs noms respectifs et partent vivre à Londres où leur vie matérielle s'avère difficile. Henri, tout à la création de son oeuvre et en proie au refus systématiques de Sophie quant à une relation physique, multiplie les extravagances. En 1914, bien qu'hostile à la guerre, il s'engage après avoir essuyé un dernier refus de Sophie. Une exposition de ses sculptures consacre le talent du jeune homme dans les milieux artistiques londoniens.

Réalisé par le regretté Ken Russell, par ailleurs auteur de Love, Tommy, Les Diables, Music Lovers ou encore Un cerveau d’un milliard de dollars, Le Messie sauvage est pour le moins un film excessif plus proche d’une peinture ou d’une sculpture, dans son traitement, que d’une œuvre cinématographique. Sa force réside en partie, dans la volonté de coller au plus près au personnage de son héros Henri Gaudier lorsque ce dernier sculpte avec fureur et passion créatrice.

Ken Russell a confié les deux rôles principaux du Messie sauvage à Scott Antony, très peu vu par ailleurs si l’on excepte sa prestation aux côtés de Judi Dench dans Dead Cert de Tony Richardson. Et puis à Dorothy Tuttin, précédemment remarquée aux côtés de Dirk Bogarde dans  A Tale of Two Cities de Ralph Thomas.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HEMINGWAY ET GELLHORN (Ce film de Philip Kaufman raconte la passion qui lia Ernest Hemingway à Martha Gellhorn, correspondante de guerre.) ou encore VALENTINO (L'acteur Peter Vaughan jouait également dans ce film réalisé par Ken Russell.).

Le film Le Messie sauvage auquel vous venez d’assister, retrace l’histoire vraie du sculpteur Henri Gaudier, de sa vie éphémère et de la passion qui le lia, platoniquement, à la romancière polonaise Sophie Brzeska. Un biopic donc, mais traité à la sauce Ken Russell, donc avec le grain de folie indispensable à toute œuvre signée de ce cinéaste. Et il n’est pas vain de reconnaître que Russell contribua avec son Messie sauvage, à faire connaître Henri Gaudier, représentant avec Percy Wyndham Lewis, du courant artistique appelé Vorticisme, de toute une frange du public pas forcément au courant de l’existence de cet artiste qui oeuvra au début du vingtième siècle.
L’un des intérêts du Messie sauvage, et vous l’aurez peut-être remarqué, réside dans la qualité d’interprétation de ces seconds rôles. L’agent artistique Angus Corky par exemple, est joué par Lindsay Kemp, célèbre mime anglais qui par ailleurs initia David Bowie aux arts de la scène dans les années soixante du siècle dernier. Et puis il y a le personnage de monsieur Gaudier dans lequel s’illustre ici Michael Gough, alias Alfred Pennyworth dans Batman, Batman le défi, Batman forever et Batman et Robin. Michael Gough dont la longue carrière compte également des films tels  Out of Africa, Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête, et les terrifiants Crimes au musée des horreurs et Le Fantôme de l’Opéra, version de 1962. Enfin, avouez que de voir la future Reine d’Angleterre en suffragette exhibitionniste, n’est pas chose banale. J’ai nommé Helen Mirren, Gosh Boyle dans le film, et bien plus tard Elizabeth II dans The Queen de Stephen Frears.
Notons par ailleurs que Le Messie sauvage et puis aussi Valentino du même Ken Russell avec Rudolf Noureev en vedette, sont les deux seules biographies mises en scène par le cinéaste en question et qui ne concernent pas des musiciens.