LE MYSTÈRE HENRI PICK

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Le monde littéraire français, feutré et érudit, se délecte des intrigues et des scandales qui s’y jouent. Le mystère Henri Pick de Rémi Besançon adapté du roman de David Foenkinos en est une nouvelle preuve.

Le livre génial d’un auteur inconnu surgit un jour sur la scène médiatique. Le Bernard Pivot contemporain - Jean-Michel Rouche, interprété par Fabrice Luchini - s’en émeut en direct sur un plateau de télévision. Comment, selon lui, un pizzaïolo d’un coin perdu de Bretagne, décédé depuis, aurait pu commettre un tel chef d’œuvre? 

La famille du défunt prend cette question comme un affront. Mais il y va de la crédibilité de Jean-Michel Rouche, éminent critique littéraire, de vérifier qu’il ne s’agit pas d’une imposture. Quitte à tout perdre dans ce scandale - sa femme l’a quitté, sa chaîne de télé l’a lâché - , le journaliste joue son va-tout et part mener l’enquête en Bretagne. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MONSIEUR ET MADAME ADELMAN (Parce qu'il s'agit ici aussi d'une imposture littéraire au suspense et à l'humour relevés) ou encore UN HOMME IDÉAL (Encore un imposteur littéraire mais dans un autre registre, plus tragique).

L’enquête s’avère longue, fastidieuse et coriace. Jean-Michel Rouche l’a bien compris c’est loin du milieu parisien littéraire qu’il trouvera la clé, même si les soubresauts de cette affaire seront éminemment germanopratins. Cette confrontation des cultures est d’ailleurs un des ressorts comiques de l’adaptation plutôt libre du livre à l’écran. Car le film de Rémi Bezançon, son sixième long métrage depuis Ma vie en l’air ou Le premier jour du reste de ta vie, reste une comédie, raffinée, cultivée mais une comédie avant tout. 

Sa meilleure idée tient à un nom : celui de Fabrice Luchini, acteur des mots et de lettres s’il en est - comme le prouvent tous ses spectacles et prestations médiatiques -. Et c’est à cet acteur, capable de citer au débotté Louis Ferdinand Céline, Charles Péguy ou La Fontaine que Bezançon a demandé de jouer au Bernard Pivot, référence absolue du journalisme littéraire dans une copie de son émission-phare, Apostrophes. Précieux, affecté mais perspicace et compétent, Fabrice Luchini était de loin le meilleur choix possible, une évidence auquel Besançon a pensé dès la lecture du roman ! En plus de ses saillies délectables lorsqu’il est interviewé, l’acteur a plusieurs fois joué des rôles qui le lient à la littérature. C’est le cas dans Gemma Bovery, adapté de Madame Bovary, ou d’Alceste à bicyclette ou encore de Knock, du Bossu ou de Beaumarchais, il y a plus longtemps. 

Fabrice Luchini donne la réplique à Camille Cottin qu’il a lui-même suggérée au réalisateur après avoir partagé avec elle l’affiche d’un épisode de la série Dix pour cent. Révélée à la télévision par la série Connasse, elle change ici de registre en impulsant une dynamique bienvenue et retrouve le réalisateur de Nos Futurs, le précédent film de Remi Bezançon.. A leurs côtés, la jeune Alice Isaaz (Mademoiselle de Joncquières), Bastien Bouillon (La guerre est déclarée), des acteurs de théâtre (Josiane Stoléru, Florence Muller …) et la grande Hanna Schygulla, l’égérie de Fassbinder. 

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