LE NOIR (TE) VOUS VA SI BIEN

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Jacques Bral est un cinéaste rare. Dans ce sens où son film Le Noir te (vous) va si bien, tourné en 2012, est son huitième long métrage en tant que réalisateur, dans une carrière entamée en 1970. La notoriété, elle, viendra en 1980 grâce à Extérieur, Nuit interprété par Christine Boisson, Gérard Lanvin et André Dussollier. Egalement auteur et producteur, Jacques Bral, outre ses propres oeuvres, a produit, en 1989, le dernier film du cinéaste américain Samuel Fuller, Street of no Return baptisé en français Sans espoir de retour.
Le scénario de Le Noir te (vous) va si bien s’intéresse à une famille orientale émigrée en Europe. Moncef, le père, porte en lui la souffrance du déracinement et le poids de l’ailleurs. Sauvegarder sa culture et vivre dans le respect des traditions est pour lui plus qu’une règle de vie. C’est une manière de rester fidèle à son passé, à ses origines et surtout à lui même. Chaque matin, Cobra, sa fille, quitte la maison familiale. Voilée. Mais chaque matin, elle se change dans un café, son refuge à elle avant de se rendre à son travail, la chevelure et l’esprit  libres. A la maison, Moncef est inquiet. Cobra est encore célibataire et il voudrait bien la marier au plus tôt. Dans l’entreprise où Cobra travaille, le jeune patron est tombé amoureux d’elle. Il est prêt à tout pour l’épouser. Mais Cobra, elle, veut choisir.
Le Noir te (vous) va si bien bénéficie de cette particularité, qu’il est traité à l’orientale. Jacques Bral est né et a grandi jusqu’à l’âge de dix huit ans, en Iran, et cela se ressent clairement dans sa manière d’établir le rapport entre la vie et la mort, entre les deux cultures orientale et occidentale, et puis entre les hommes et les femmes. Un film à part donc, et aussi une ode à la femme, son identité, sa liberté.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE VOILE BRULE (Ce film de Viviane Candas dont l'action se déroule dans la banlieue dune grande ville, traite aussi de l'intégration et des difficultés qui en découlent.) ou encore PIERRE ET DJEMILA (Dans cette oeuvre signée Gérard Blain, le couple d'amoureux issu de cultures différentes, connaîtra une issue dramatique à sa relation.).

Vous l’avez très probablement noté, le cinéaste Jacques Bral est un remarquable directeur d’acteurs. Et le casting de Le Noir te (vous) va si bien constitue à coup sûr, l’un des atouts majeurs du film. Autour de Thierry Lhermitte, seule vedette notoire présente au générique, il y a Sofiia Manousha qui campe ici le personnage de Cobra, et qui avait préalablement joué dans des téléfilms ainsi qu’au théâtre, et au cinéma dans Par amour de Laurent Firode, tourné quelque deux années avant Le Noir te (vous) va si bien, mais qui de par le hasard de la distribution, sortit en salles quasiment en même temps que ce dernier.
Salim Kechiouche, alias Rachid, le frère, avait au tout début de sa carrière, en 2006, donné la réplique sur scène à un certain Roger Hanin, dans la pièce Un petit pull over angora, puis s’en alla beaucoup tourner pour la télévision et enfin pour le grand écran où il s’illustra entre autres oeuvres,  dans Ce que le jour doit à la nuit d’Alexandre Arcady. Lounès Tazairt, soit Moncef, le père, se fit remarquer dans Viva Laldjérie de Nadir Moknèche, et Souad Amidou, Maléké, la mère, a débuté son parcours cinématographique à l’âge de sept ans, devant la caméra de Claude Lelouch dans Un homme et une femme et ne s’est jamais arrêtée depuis. Elise Lhomeau vue dans Des filles en noir de Jean-Paul Civeyrac, joue Anaïs. Julien Baumgartner qui doit à Agnès Jaoui l’un de ses premiers grands rôles dans Comme une image, incarne le personnage de Serge. Et Grégoire Leprince-Ringuet, l’un des interprètes de La Belle Personne de Christophe Honoré, est Richard, l’homme que Cobra aime. Sachez à ce propos que Cobra ne se réfère pas ici au serpent, mais à un mot dans la langue arabe, qui veut dire Grande.
A la question de savoir pourquoi il n’est à aucun moment question du pays d’origine de la famille dans Le Noir te (vous) va si bien, Jacques Bral répond : Parce que c’est la différence entre les deux cultures qui m’intéressait. Moi j’ai les deux cultures. Je suis originaire d’Iran. Je suis imprégné de toutes ces différences que la modernité vient accentuer encore. Mais la différence colossale entre ces deux cultures, aujourd’hui, c’est la femme. C’est la place de la femme, la façon dont elle est envisagée et ça n’a pas grand-chose à voir avec la religion.