LE POULPE

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Héros d’une série de romans à succès, apparue au milieu des années 1990, Le Poulpe a connu une adaptation cinématographique grâce à l’acharnement de Charles Gassot, le producteur attitré d’Étienne Chatiliez, qui en a rapidement acquis les droits. C’est Jean-Pierre Darroussin – excellente idée – qui prête ses traits à ce personnage. Un détective vraiment pas comme les autres, qui enquête sur des affaires sordides dans les bleds les plus paumés de la France profonde. Éternel second rôle, l’acteur fétiche de Robert Guédiguian s’est retrouvé pour la première fois en tête d’affiche, à 45 ans, avec ce film, après avoir fait sensation en baba cool dans Mes meilleurs copains de Jean-Marie Poiré et en barman dans Un air de famille de Cédric Klapisch.  

Les cheveux courts, vêtu d’une veste en cuir, il joue donc ici Gabriel Letourneur, dit "Le Poulpe", un privé aux idées libertaires, qui travaille à son compte. Pour ses vacances, il décide de partir avec sa petite amie Chéryl à Morsang, petite ville balnéaire de l’ouest de la France, où la tombe des grands-parents de celle-ci a été profanée par des pilleurs. Peu de temps après, Gabriel apprend que ces profanateurs de sépultures ont été assassinés dans le port voisin, à Angerneau. Qui a tué ces deux adolescents ? Et pourquoi ? Pour découvrir la vérité, pieuvres à l’appui, Le Poulpe va déployer ses tentacules et croiser toute une galerie de personnages inquiétants. Parmi eux, une députée du Front national, des adorateurs de Satan, des alcooliques, travestis, voyous. Mais aussi des trafiquants louches et de pauvres clandestins irradiés…

Si Jean-Pierre Darroussin incarne ce privé avec nonchalance et désinvolture, le duo qu’il forme avec Clotilde Courau fonctionne à merveille. L’actrice prête ses courbes érotiques à Chéryl, la compagne du Poulpe, une coiffeuse délurée au look vulgaire. Et elle est formidable dans le rôle de cette shampouineuse bisexuelle, au caractère bien trempé. Si l’intrigue du film est compliquée à loisirs, on jubile devant ce polar d’un genre très spécial. Ponctuée de bons mots et d’aphorismes cinglants, cette comédie ne ressemble en effet à aucune autre ! Alors, bonne pêche au Poulpe !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver INHERENT VICE (Bien qu’il se déroule en Californie à la fin des années 1960, cet autre film de privé partage quelques similitudes avec Le Poulpe.) ou encore UNE AFFAIRE PRIVÉE (Tourné juste après Le Poulpe par le même réalisateur, Guillaume Nicloux, ce polar est une nouvelle histoire de privé à l’atmosphère étrange.).

Dans la lignée du Dobermann, écrit par Joël Houssin, la collection du Poulpe a donné en 1995 un sérieux coup de fouet à l’édition de romans policiers de poche. Écrit par différents auteurs, cette série de livres consacrés à ce privé anarchiste, amateur de bière, a renouvelé en France tout un pan de la littérature populaire dite "de gare". Le personnage s’appelle d’ailleurs Le Poulpe en référence aux "pulps" américains, des romans bons marché. Avec près de 300 aventures au compteur, ce détective, qui se nourrit de faits divers dans lesquels il ne peut résister à fourrer son nez, a connu les honneurs d’une adaptation ciné. 

Respectant le cahier des charges de la collection, le réalisateur du film Guillaume Nicloux s’est soumis à la bible de trois pages concernant le personnage. Avant le tournage, le cinéaste avait d’ailleurs déjà publié une aventure du Poulpe, Le Saint des seins, pour se familiariser avec son héros libertaire. Le scénario du long métrage a ensuite été écrit à six mains par Nicloux et les deux créateurs originels du Poulpe, Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal, romancier et directeur de la Série noire.

Le résultat ? Un polar au ton inhabituel, peinture au vitriol d’une France profonde peuplée de politiciens véreux et de piliers de bar, évoluant dans un décor gris et lugubre – un affreux petit port breton. En l’occurrence le port imaginaire d’Angerneau. Au fond, on se soucie peu de l’intrigue alambiquée qui revisite, à sa manière, Le grand sommeil de Raymond Chandler. Elle n’est qu’un prétexte à un défilé de seconds couteaux aux gueules patibulaires. Le Poulpe est surtout une comédie aux répliques tuantes. Un film d’atmosphère au style désabusé, très fin de siècle, dans lequel on aime se perdre. À noter que ce polar singulier bénéficie d’une bande-son branchée, typique des années 1990, où l’on entend aussi bien les Pixies et Aphex Twin que le groupe allemand de rock expérimental Can. Dommage que le manque de succès du film ait empêché qu'on donne suite aux aventures cinématographiques du Poulpe, animal rusé et intelligent. On aurait adoré revoir Jean-Pierre Darroussin dans la peau de ce mollusque !

Malgré un rythme parfois chaotique et des lenteurs pas forcément justifiées, ce céphalopode me plait quand même beaucoup. Porté par un Daroussin parfait et une ribambelle de seconds rôles, de gueules (Pedro, Thomas « l’écrivain » écossais entre autres), le film déroule ...

Même si c'est le premier à rencontrer le succès, "Le poulpe" est déjà le troisième long-métrage du français Guillaume Nicloux, qui adapte avec bonheur la fameuse collection policière dirigée par Jean-Bernard Pouy, lequel participe d'ailleurs à l'écriture du film. Le ...

Un film que je classe sans hésiter dans mon "top 10 des films français". Il n'y a absolument rien à jeter dans ce film, du début (avec un générique sur fond de hardcore !) jusqu'à la fin. L'histoire, digne d'un film noir américain, est assez complexe, il faut l'avouer. ...