LE SAUVEUR

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Michel Mardore a 35 ans lorsqu’il tourne Le Sauveur en 1970. Disparu brutalement en 2009, il était cinéaste, romancier et critique de cinéma notamment aux Cahiers du cinéma, puis au Nouvel Observateur. Auteur de plusieurs romans, il a aussi réalisé deux films : Le Sauveur en 1971 et Le Mariage à la mode en 1973, après avoir fait quelques apparitions au cinéma dans les films de Eric Rohmer, Jean-Pierre Mocky et Jacques Demy.

Le Sauveur, tiré de son roman, traite de la contamination de la pureté. C’est un film terrible, passant de la sensualité radieuse à l’effroi le plus implacable. Il y dépeint un monde sans pitié ni pardon. Le contexte historique ne donne pas son sens au récit, il ne fait que lui proposer un terrain fertile : Le Sauveur décrit la corruption de l’innocence d’une manière qui échappe à toute temporalité, et place en permanence le film à la lisière du fantastique, l’une des passions de Mardore avec le surréalisme.

Enfin, Michel Mardore énonce clairement dans son film que les SS ne sont que les avatars d’un mal ancestral et, pourrait-on dire, indissociable de l’histoire de l’humanité.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES PROIES (DON SIEGEL, 1971) ou encore LACOMBE LUCIEN (LOUIS MALLE, 1974) .

Le Sauveur doit son existence à Jean-Pierre Mocky. C’est lui qui a poussé Michel Mardore à faire un film, en lui suggérant divers sujets. En 1968, Mocky a décidé, au culot, que Mardore devrait présenter à l’avance sur recettes une nouvelle inédite qui l’avait écrite. Le découpage technique et les dialogues du Sauveur ont été écrits longtemps après, en 1970, lorsqu’il s’est agi de commencer la préparation du film et de trouver les comédiens. Mardore a proposé à Mocky le rôle principal, mais il a finalement refusé après avoir d’abord accepté, comme tous les Français contactés. Le personnage faisait peur. En revanche, il a orienté Mardore vers Horst Buchholz qui, après une carrière en Allemagne et à Hollywood, venait de tourner en France. Buchholz a tout de suite accepté, dans les 48 heures. Mocky a refusé de produire le film, mais voyant que Mardore n’entendait rien aux affaires de cinéma, il lui a joint comme associé un directeur de production qui a assuré toute la gestion du film. Mocky a même participé aux premiers repérages. En fait, si la production, le casting et le tournage du Sauveur furent indépendants de Mocky, la gestation du film lui doit beaucoup.

Quant au choix  des comédiens,  Michel Mardore était particulièrement ravi d’avoir en Horst Buchholz  un acteur cosmopolite. Né en Allemagne en 1933, il a débuté jeune sur la scène,  dans le théâtre classique et moderne. En 1955, il a obtenu  son premier rôle au cinéma dans la version allemande d'un film français, Marianne de ma jeunesse, de Julien Duvivier. Quelque temps après, grâce au succès des « Demi-Sels », il a été considéré comme un héritier de James Dean. Dès lors, il n’a plus cessé plus de tourner, principalement aux Etats-Unis, en Angleterre et en Italie. Les Sept Mercenaires et  l’Homme d’Istambul lui ont apporté une célébrité mondiale.  Cette plasticité convenait parfaitement au rôle « d’étranger » mystérieux qu’il joue dans Le Sauveur.

Pour le rôle de Nanette, Michel Mardore hésitait entre Muriel Catala et Isabelle Adjani. Ce n’est que le premier jour du tournage qu’il se décida.

1943, Nanette, jeune adolescente à peine sortie de l’enfance, tombe par hasard dans les bois sur un parachutiste anglais, elle le cache dans le grenier de ses parents pétainistes, elle tombe amoureuse du jeune homme avant que celui-ci ne dévoile sa vraie nature. Le titre du ...

Premier film du critique et romancier Michel Mardore (que certains auront entendu au Masque et la plume en tant que chroniqueur cinéma), Le sauveur fait partie de ces films totalement mystérieux, un peu OVNI dans la production de l'époque, mais à mes yeux c'est une énorme ...

Ce qui a sans doute intéressé Mardore est la rencontre au sein de l'intrigue du cynisme le plus dur et de la naïveté la plus pure, une naïveté non dénuée tout de même d'une certaine forme de perversité douce. Effaçant à dessein tout repère manichéen et simpliste, ...