LE TABLEAU NOIR

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Du haut de ses 20 ans, SAMIRA MAKHMALBAF est loin d'être une débutante lorsqu'elle présente LE TABLEAU NOIR au festival de Cannes en 2000. La jeune femme y a présenté deux ans auparavant son premier long métrage, LA POMME, et elle compte déjà plusieurs années d'expérience à son actif, notamment en tant qu'assistante de son père MOHSEN MAKHMALBAF, réalisateur phare du cinéma iranien, notamment avec KANDAHAR. « Je lui dois tout », a coutume de dire Samira à son propos, tant il est vrai que l'on retrouve son nom aux postes clés du TABLEAU NOIR. Scénario, dialogues, montage et production : papa MOHSEN n'a pas manqué de faire bénéficier sa fille de son expertise, lui qui a transmis sa passion à l'ensemble de sa famille. La sœur de Samira, Hana MAKHMALBAF, est en effet elle aussi réalisatrice – son CAHIER a été primé à Berlin en 2008 – de même que sa mère, MARZIEH MESHKINI, réalisatrice du JOUR OU JE SUIS DEVENUE FEMME et des CHIENS EGARES. Une affaire de famille qui porte chance. SAMIRA MAKHMALBAF, avec son TABLEAU NOIR, est entrée dans l'histoire de Cannes : en recevant le Prix du Jury pour ce deuxième long métrage, elle est devenue la plus jeune lauréate du festival.

 
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On retrouve dans LE TABLEAU NOIR certains éléments clés du cinéma iranien, à commencer par sa façon de flirter avec le documentaire. De même que dans LA POMME, son premier long métrage, SAMIRA MAKHMALBAF se penchait sur un fait divers dont elle suivait les vrais protagonistes, c'est fort du concours de 200 villageois locaux que LE TABLEAU NOIR s'est tourné dans les montagnes kurdes, à la frontière de l'Irak. Un tournage caméra à l'épaule, qui imposait chaque jour d'éviter les embuscades et les mines antipersonnel. Le film ne compte que deux acteurs professionnels : SAID MOHAMADI et BAHMAN GHOBADI, qui présentait la même année à Cannes son premier film en tant que réalisateur : L'IVRESSE DES CHEVAUX, également tourné au Kurdistan iranien, et salué du Prix de la Caméra d'Or. On note aussi la présence, dans le film, de nombreux enfants, autre élément classique du cinéma iranien - qui est même devenu la signature d'ABBAS KIAROSTAMI - et qui permet aux réalisateurs de contourner la censure, l'autre porte de sortie se trouvant dans la médiatisation de leurs films via les festivals internationaux. LE TABLEAU NOIR, qui s'attache à la difficile survie de la communauté kurde, a ainsi été présenté à Cannes sans être passé par la censure iranienne. Depuis, interdite de tournage dans son pays, comme le reste de sa famille du reste, SAMIRA MAKHMALBAF a choisi l'Afghanistan voisin pour réaliser ses films suivants : un court métrage pour SEPTEMBER ELEVEN, puis, A CINQ HEURES DE L'APRES MIDI, Prix du Jury à Cannes en 2003.