LE TEMPS D'UN ÉTÉ

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D’un roman de Susan Minot, écrivain américaine précise et sensible hantée par la mémoire,  auteur  de « Mouflets », scénariste de « Beauté volée » de Bernardo Bertolucci, Michael Cunningham, scénariste des “Heures” (Stephen Daldry) et du “Temps d’un été”, tire un script hollywoodien, nostalgique et soigné. Les deux niveaux de lecture traitent des déceptions d’une existence, qu’elles se situent dans le présent ou dans le passé: peur de devenir mère, hantise de se tromper: d’hommes, de voie, de milieu ou de métier. Lajos Koltai, chef opérateur d’Istvan Szabo et metteur en scène d'« Etre sans destin », un film sur la déportation d’un ado hongrois,   a été enrôlé par Jeffrey Sharp, le producteur du film. Il s’est mis au service de son histoire en apportant un soin particulier au casting. Ann (Claire Danes qui incarne Vanessa Redgrave jeune) a littéralement flashé sur le rôle: une chanteuse assez moyenne qui n’obtiendra jamais les hochets de la reconnaissance. De vrais couples mères filles viennent aussi étayer le casting: Vanessa Redgrave et Natascha Richardson ou Meryl Streep, qui joue sa fille jeune et sur le point de se marier, Mamie Gummer. Signalons enfin la présence de Glenn Close, parfaite en bourgeoise de Newport socialement correcte et terriblement coincée.

 
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Quand Michael Cunninghams’est attaqué au roman de Susan Minot, sa mère était sur le point de passer l’arme à gauche.  Une situation qui l’a poussé à accepter de coécrire le scénario. Il portait, en outre, depuis toujours, une admiration sincère à la romancière Il oppose le jour dévolu au passé (Newport, le bord de mer, la lumière) mais qui cède peu à peu la place à l’invasion de la nuit  aux ténèbres qui enveloppent le présent (stores perpétuellement tirés, lucioles volant autour du lit de la mourante, rideaux gonflés par le vent, comme si les Parques guettaient leur heure). Il réussit aussi, et c’était une gageure, à donner une existence à chacun des protagonistes malgré leur très grand nombre. Les filles de Vanessa Redgrave ne sont jamais sacrifiées. Elles ont leurs hésitations, leurs querelles et leurs errements. Constance la bien nommé (Mamie Gummer), la jeune fille qui va se marier, hésite mais tranche entre son manque de passion pour Karl, son futur époux, et les devoirs que lui confèrent à la fois son milieu et la raison. Buddy, son frère, garçon trop lucide, est tenté par Harris. Quant à Claire Danes, héroïne d’un trio amoureux, elle se retrouve propulsée dans un monde qui n’est pas le sien. Car dans "Le temps d’un été”, une lutte sociale se joue bel et bien. Ann, qui passera le reste de sa vie à chanter dans des petites salles sans vraiment percer, n’est pas adaptée à Newport et à ses codes. Quand elle reverra Harris par hasard à New York, il pleuvra. L’existence et son lot de blessures seront passées par là. Souffle alors sur le film tout entier la nostalgie de ce qui aurait pu être, et n’a jamais été.