Vous voulez prendre une leçon de cinéma ? Faites comme Joseph Cotten, cherchez Le Troisième homme ! Ce vingtième film du grand Carol Reed, trop méconnu d’ailleurs en dehors de ce film-là, est une perfection dans le domaine du film noir d’atmosphère d’après guerre où il est si difficile de départager le Bien du Mal.
Réalisé en 1949 dans une Vienne dévastée sur un scénario de l’illustre romancier Graham Greene, ce chef d’œuvre, Palme d'or à Cannes en 1949 et Oscar de la meilleure photographie en 1951, regorge de répliques qui ont marqué l’histoire du cinéma et de cadrages de toute beauté, presque toujours penchés.
Le noir et blanc somptueux dû au grand chef opérateur Robert Krasker accentue encore le malaise, la constante paranoïa de ce film où tout le monde ment et où même les morts ne le sont pas. Tout cela au son inoubliable, légèrement ironique, de la cythare d’Anton Karas, l’une des musiques les plus connues de l’histoire du cinéma.
Dans le rôle du « naïf », ce romancier de gare qui devient enquêteur par hasard, Joseph Cotten est parfait, au sommet de sa fausse innocence, si bien exploitée six ans auparavant par Hitchcock dans L’ombre d’un doute ou par Orson Welles en 1941 et 1942 dans Citizen Kane et La Splendeur des Amberson.
Orson Welles, parlons-en : qui mieux que lui pouvait incarner ce « troisième homme » d’un cynisme effrayant, mort vivant sortant de l’ombre et que la guerre a vidé de toute humanité ? Il faut absolument l’entendre analyser d’une voix à la fois souriante et grinçante la différence culturelle entre l’Italie et la Suisse ! Et surtout, il est impossible de se priver des scènes finales du Troisième homme : d’abord la plus belle mort d’un salaud jamais filmée, puis un dénouement dans un cimetière avec la divine Alida Valli qui marche, inoubliable figure de mélancolie.
Réalisé par
Avec
Carol Reed
