LES AS DE L'ARNAQUE

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Avec sa distribution prestigieuse et ce qui ressemble à un budget confortable, Les as de l’arnaque a beaucoup d’atouts pour s’inscrire dans la grande tradition des films de braquage sophistiqué comme Topkapi, L’or se barre ou Ocean’s eleven.

Uma Thurman et Tim Roth y jouent Harriett et Peter Fox, un couple d’arnaqueurs anglais en cavale à Los Angeles. Comme Harriett doit rembourser rapidement une dette à une redoutable criminelle, Peter imagine de voler un bijou à son ex-femme, mariée à un metteur en scène excentrique. Naturellement, les choses ne vont jamais comme prévu.

Tim Roth a trouvé une façon très retenue de jouer son personnage désabusé, et ses commentaires sarcastiques sont assez en phase avec la tonalité générale. De son côté, Uma Thurman semble également apprécier son rôle en y apportant une touche de décontraction qui rappelle Kill Bill. L’un et l’autre sont entourés d’une quantité d’interprètes pittoresques, parmi lesquels Parker Posey, la reine du cinéma indépendant, et Crispin Glover, qui brille encore une fois dans un rôle de cintré. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver OCEAN'S ELEVEN (Même schéma d'une équipe de voleurs qui prépare un coup sophistiqué pour ramasser beaucoup d'argent.) ou encore GET SHORTY (Adaptée d'Elmore Leonard, cette intrigue qui mêle arnaques, dettes de jeu, trafic de drogue, milieu du cinéma semble avoir inspiré Les as de l'arnaque.).

Les as de l’arnaque a été réalisé en 2015, mais il n’a finalement été exploité que trois ans plus tard. A priori, la formule semblait infaillible : un de ces films d’arnaque « à l’anglaise », chargé d’humour pince sans rire, avec une intrigue à rebondissements et des interprètes réputés. Le tout était assaisonné au goût de l’époque, dans le sens où il prenait en compte la façon dont Quentin Tarantino a modifié l’approche du cinéma de genre en imposant l’ironie comme un ingrédient fondamental. A l’arrivée, on a l’impression que certaines situations sont étendues à l’extrême pour tenter d’apporter de la substance à une intrigue assez rudimentaire et finalement sans importance, tandis que le réalisateur, qui a coécrit le scénario, fait appel au cynisme du spectateur pour approuver des gags dont le potentiel comique n’est pas toujours immédiat.  

Uma Thurman, dont les apparitions se sont raréfiées, retrouve avec Tim Roth un de ses partenaires de Pulp fiction, et leur présence est un clin d’œil appuyé au genre de cinéma dans lequel le cinéaste voudrait faire savoir qu’il s’inscrit. Parmi les autres interprètes, la présence de Crispin Glover dans le rôle du metteur en scène est une garantie de bizarrerie, l’acteur lui-même étant assez pointilleux sur le choix de ses rôles, qui sont la plupart du temps excentriques. De même Parker Posey, dans le rôle de son assistante et amante occasionnelle, est une icône du cinéma indépendant, et sa présence suffit à labelliser un film. 

Avant de signer Les as de l’arnaque sous le pseudonyme de James Halsam, le réalisateur James Oakley a été l’auteur de La maîtresse du diable avec Rosamund Pike dans le rôle principal, réalisé en 2005 mais exploité seulement en 2013 parce qu’on pouvait y voir dans un rôle secondaire la jeune Jennifer Lawrence. Entretemps, elle est devenue une star, et sa notoriété a justifié de ressortir le film après 8 ans de placard, même si elle n’y fait qu’une très brève apparition.