LES AVENTURES DE DON QUICHOTTE

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Le scénariste et réalisateur espagnol, Antonio Zurera, a pris appui sur une série télévisée d’animation de 50 épisodes de 13 minutes chacun pour porter sur grand écran les mythiques aventures Don Quichotte. L’intention pédagogique était au cœur de cette démarche : il s’agit d’abord de familiariser le jeune public avec l’univers du personnage inventé par Cervantès et au-delà avec le monde de la lecture et du roman en général. Pour mener à bien une telle entreprise, deux partis pris furent adoptés : la modernisation de l’histoire d’une part et la transformation des personnages principaux en animaux, le chevalier Don Quichotte devenant un lynx mélancolique et son fidèle Sancho Pança se transformant en un petit rongeur très actif.
C’est d’ailleurs à ce dernier qu’il revient le privilège de raconter leur histoire commune. Autant d’innovations qui ne remettent pas en cause les fondamentaux du roman de Cervantès dont la trame est respectée. Seuls les puristes trop rigoureux s’offusqueront des multiples rencontres que les deux héros font au fil du récit à l’instar de Charlie sorti tout droit de sa chocolaterie, du lapin blanc cher au cœur d’Alice ou bien encore des pirates de « L’Ile au trésor ». Autant de références littéraires qui permettent l’inscription des aventures de Don Quichotte dans le panorama plus large des héros de papier qui ont en commun d’avoir connu une seconde vie au cinéma. Ou comment célébrer pour le jeune public les noces de l’écrit et de l’écran.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RATATOUILLE (Depuis Mickey, le cinéma d'animation a toujours aimé donner vie à des souris sur grand écran) ou encore PINOCCHIO (Le film des studios Disney s'inspire lui aussi d'un chef d'oeuvre de la littérature européenne.).

Ce n’est évidemment pas la première fois que le cinéma s’empare du chef d’œuvre de la littérature espagnole, les aventures picaresques du Chevalier à la triste figure ne pouvaient qu’inspirer les adaptateurs toujours en chasse d’histoires et de personnages qui ont déjà fait leurs preuves. Dès 1903, moins de dix ans par conséquent après la naissance du cinématographe, les cinéastes français Ferdinand Zecca et Lucien Nonguet proposent au public « Les Aventures de Don Quichotte de la Manche ». Et c’est six ans plus tard que le véritable ancêtre de la version qui nous occupe aujourd’hui verra le jour : en 1909, en effet, Emile Cohl, l’un des pères du cinéma d’animation, propose son « Don Quichotte ».
Cette même année, un certain Georges Méliès offre au public sa propre vision du plus célèbre des pourfendeurs de moulins au monde. Suivront d’autres versions aux Etats-Unis, en Italie, en Grande-Bretagne, notamment. On recense même durant cette période une version burlesque signée par un cinéaste danois. Quant au grand cinéaste allemand Pabst, il réalise en 1932 pas moins de deux films distincts, une version française puis une version anglaise dont Fedor Chaliapine tient à chaque fois le rôle titre. Quant au cinéma soviétique de l’époque stalinienne, il n’hésite pas en 1957 à transformer Don Quichotte en un héros prolétarien qui pourchasse les injustices sociales et la bureaucratie !
C’est cette même année qu’Orson Welles entame le tournage de son Don Quichotte lequel restera inachevé. Plus près de nous, il convient de citer la comédie musicale réalisée en 1971 par Arthur Hiller, adaptation du spectacle créé par Jacques Brel. Enfin, les cinéphiles gardent en mémoire l’émouvant documentaire de Terry Gilliam, « Lost in la Mancha » qui, en 2002, racontait l’impossibilité de tourner un film qui se serait intitulé « L’Homme qui a tué Don Quichotte » avec Jean Rochefort dans le rôle principal. Nul doute que la lignée cinématographique de Don Quichotte produira dans l’avenir d’autres rejetons inspirés.