LES CENT CAVALIERS

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Les enfants apprennent à l’école que Charles Martel a arrêté les Arabes à Potiers en 732. Or quelques années plus tôt les Maures avaient conquis une bonne partie de l’Espagne. L’action des Cent Cavaliers se situe autour de l’an 1000, alors que ceux-ci règnent en maîtres dans la Péninsule ibérique. Le film raconte l’occupation d’un village castillan, fustige la couardise des habitants, prêts à tous les compromissions, puis au fur et à mesure que les Maures révèlent leur cruauté et leur rapacité, célèbre la révolte de certains, qui mènent une action de résistance…

C’est de fait une véritable tranche d’Histoire que nous sert Cottafavi, qui illustre une période mal connue, celle de la Reconquête espagnole, qui attendra néanmoins le règne des rois catholiques, au XVè siècle pour définitivement triompher de l’envahisseur musulman. Le cinéma ne s’est pas beaucoup intéressé à cette Reconquête, à l’exception d’Anthony Mann, qui lui a consacré un film des plus spectaculaires (même s’il est permis de penser que le cinéaste est plus à l’aise quand il fait des westerns), Le Cid. Un personnage que tout le monde connaît de ce côté-ci des Pyrénées grâce à Corneille. Et dont l’aura n’a jamais faibli au pays de Cervantes. Au point que Les Cent Cavaliers a Les Fils du Cid comme sous-titre…

Mais le film ne s’adresse pas particulièrement aux enfants de Castille, il a évidemment vocation à toucher un public international. Coproduit par les Italiens, les Espagnols et les Allemands (qui ont tous par voie de conséquence placé des comédiens de chez eux dans le casting), le film est intégralement parlé italien, alors que les différents protagonistes sont castillans ou maures. Celui qui est à la tête des envahisseurs, le cheik Abdelgaban est incarné par un certain Wolgang Preiss, natif de Nuremberg. C’est le charme des coproductions…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SEPT ÉPÉES POUR LE ROI (Parce que ce film trépidant est signé Riccardo Freda. Ce réalisateur est, avec Vittorio Cottafavi, un des maître du cinéma d'aventure italien (péplum, film de cape et d'épées).) ou encore LE CID (Parce que cette superproduction épique se déroule également en Espagne autour de l'An Mil, et voit Charlton Heston protéger son pays contre les Maures.).

Vittorio Cottafavi a longtemps été méprisé par la critique. Il faut dire qu’il n’a participé ni de près ni de loin à l’éclosion du néoréalisme et que la comédie italienne n’était pas non plus dans son ADN. A l’instar de Riccardo Freda et de quelques autres, moins célèbres, notre homme avait des désirs de cinéma regardant davantage du côté du film d’aventure en général et du péplum en particulier. Parmi ses films les plus connus :La Révolte des gladiateurs, Messaline, Les Légions de Cléopâtre, La Vengeance d'Hercule, Les Vierges de Rome ou encore Hercule à la conquête de l'Atlantide. Pas besoin de préciser de quoi il s’agit… Mais Cottafavi n’a pas pour autant été un tâcheron n’aimant que les films de genre, il a su explorer d’autres voies (le mélo) et livrer plusieurs films aux ambitions affirmées. Les Cent Cavaliers en fait partie, tant il regarde ses personnages avec une ironie mordante qui dénote des tentations morales. Qui n’ont pas convaincu le grand public, le film ne connaissant qu’un succès des plus mitigés. La carrière de Cottafavi s’en trouva empêchée, sauf à la télévision, que le cinéaste fréquentait d’ailleurs depuis les années 50.

La religion semble être dans un premier temps un élément pittoresque du film, avant de s’avérer central dans l’affrontement entre envahisseurs et autochtones. Le personnage du frère Carmelo, incarné par un comédien fort populaire de l’époque, Gaston Moschin, prend une part importante dans le mouvement de résistance. Alors que les Maures s’en prennent aux symboles de la foi catholique et vont même jusqu’à percer d’une lance la statue du Christ… Une scène parmi d’autres où Cottafavi témoigne de sa haine de tous les fanatismes et de toutes les violences. Un credo qui va peu à peu s’imposer alors que le film abandonne son manichéisme inaugural et se dirige vers un épilogue en demi-teinte où personne ne triomphe réellement de l’adversaire.

En fait, il est clair que si le cinéaste nous offre un film d’action à cadre historique, il le fait avec quelques arrière-pensées. En situant son film pays de Don Quichotte, notre homme ne rechigne pas à mélanger le bouffon et l’épique, les pantalonnades et les scènes de torture. Mario Monicelli ira plus loin encore dans cette direction avec son diptyque Brancaleone. Dès le départ, il nous prend d’ailleurs à partie en confiant à un peintre le soin de nous dire que l’on va nous raconter une histoire… Nous sommes sans doute un peu frustrés dans un premier temps par le manque de pesanteur des personnages, reflet de leur piètre implication militaire. Mais plusieurs scènes vont par la suite redonner un peu de lustre à la légende : la pendaison des premiers résistants, la bataille finale et sa charge à cheval (qui curieusement, comme pour rester à part, est filmée en noir et blanc), etc. Tant et si bien que nous ne pourrons pas nous empêcher de penser à un autre film de résistance, cruel et bouffon lui aussi, qui se situe pourtant dans un autre cadre historique, celui de l’occupation des Flandres par les Espagnols : La Kermesse héroïque, de Jacques Feyder. Et là, c’est Louis Jouvet qui incarne le clergé, à notre grande joie un tantinet plus lubrique que Moschin chez Cottafavi…

Ce film d'aventures italiens est éloigné de l'image que l'on se fait souvent à cause des séries B. très en vogue en Italie à l'époque. Des moyens sont placés dans la production, le scénario raconte la lutte entre les envahisseurs maures et les paysans espagnols durant ...

LES CENT CAVALIERS, tourné en 1964, est sorti en France très tardivement en 1971, distribué par des margoulins qui l’amputèrent de presque une demi-heure, vraisemblablement pour ne pas avoir à diminuer le nombre des séances dans les salles, et le rebaptisèrent LE FILS ...

En Espagne, chrétiens et Maures se disputent le contrôle d'un petit village, alors que les moissons approchent. Le film décrit des retournements de situation humoristiques entre un groupe de voleurs, les Maures, qui se prétendent rationalistes mais sont aussi cruels et le pouvoir ...