LES CHEVALIERS BLANCS

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Toute la misère du monde ne vaut-elle pas un petit peu d’engagement et de compassion ? Voulant répondre à cette question, combien se sont brûlé les ailes à vouloir trop en faire ou prendre les mauvaises voies d’un bon élan du cœur ? Le film de Joachim Lafosse que vous allez regarder revient sur l’une de ces affaires, au départ humanitaire, devenue politique puis judiciaire…

« L’arche de Zoé » fit la une des journaux en 2007. Une association destinée à aider des familles adoptantes françaises à trouver des enfants orphelins en Afrique mais qui, par son impréparation et la personnalité quasi sectaire de son dirigeant, finit en Bérézina totale, mettant même un temps en péril les relations franco-tchadiennes.

C’est Vincent Lindon qui campe ici ce chef bien vite dépassé par les événements, entouré d’une équipe d’abord surprise puis vite assommée par ses méthodes et son entêtement, équipe dans laquelle vous reconnaitrez Louise Bourgoin, Valérie Donzelli ou Reda Kateb…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver WHITE MATERIAL (L'Afrique ravagée par la guerre, territoire exploité et convoité par les Occidentaux pour des raisons multiples et pas toujours avouables...) ou encore THE SEARCH (Un pays en guerre, ce sont aussi des orphelins ou des enfants perdus. Comment les étrangers peuvent-ils composer avec un terrain aussi miné que périlleux ?).

Encore un rôle emblématique pour Vincent Lindon… Ça devient une habitude me direz-vous ! Mais franchement, qui d’autre que lui aurait pu jouer avec autant de force, de naïveté et de persuasion le rôle de Jacques Arnault, pompier volontaire reconverti en humanitaire bourru et têtu jusqu’à l’irresponsabilité ? Avec le temps, tout s’en va je sais, mais les rôles et les personnages incarnés par l’acteur eux restent.

Discret d’une manière obsessionnelle entre chaque tournage, absent des pages people des magazines depuis ses déboires passés et monégasques avec les paparazzi, entier et sincère lors de ses passages obligés en promotion, le comédien cultive au fil des années l’image d’un personnage à part dans le monde du cinéma tricolore. Ne se reconnaissant dans aucune famille, ne réclamant aucun avantage dû à un rang supposé de vedette, Vincent Lindon poursuit une route impressionnante. Bien sûr, on ne pourrait retenir que La loi du marché, remarquable film de Stéphane Brizé qui valut à l’acteur le César logique et mérité du meilleur comédien début 2016, mais les exemples sont multiples et tout aussi éloquents au fil d’une carrière entamée en 1983 et passée depuis par des rencontres et des rôles marquants.

Après avoir fait ses armes dans 37.2 le matin de Jean-Jacques Beineix, Dernier été à Tanger d’Alexandre Arcady ou Quelques jours avec moi de Claude Sautet, Lindon s’impose en 1988 dans L’étudiante de Claude Pinoteau aux côtés de Sophie Marceau puis dans La Baule-les-Pins de Diane Kurys en 90, La crise de Coline Serreau en 1992, Tout ça pour ça de Claude Lelouch l’année suivante ou Ma petite entreprise de Pierre Jolivet en 1999. Refusant la facilité ou l’évidence, le comédien laisse parfois avec raison passer du temps. La fin de la décennie 2000 sera sienne : Pour elle de Fred Cavayé en 2008, Welcome de Philippe Lioret et Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé en 2009, l’imposeront comme indispensable et légitime à la fois.

Le titre, Les Chevaliers blancs, est un trompe-l’œil qu’entretient de prime abord une tendance à l’héroïsation de ces Français aux motivations opaques ; la musique idéalise leurs déplacements en avion, qu’un montage coupe brutalement, plusieurs fois. Joachim Lafosse ...

Film librement inspiré de l'affaire de "l'Arche de Zoe", qui dépeint les tribulations d'un groupe d'humanitaires français en Afrique subsaharienne. Ceux-ci opèrent - tout comme dans la réalité - à la marge des réglementations et législations en vigueur, leur objectif étant ...

En s'intéressant à l'affaire de L'Arche de Zoé dans son dernier film, Joachim Lafosse dresse le portrait d'un salaud aux bonnes intentions qui s'est laissé piégé dans un engrenage de mensonges. Il aurait été facile de se casser la gueule en abordant le sujet de l'humanitaire ...