LES DEMOISELLES DU PENSIONNAT

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Les réseaux de la prostitution s’organisent. Outre des classiques règlements de comptes entre proxénètes, ils doivent affronter la crise. En 1976, le métier est gangrené par des occasionnelles qui prennent des parts du marché et jettent, par leur amateurisme, le discrédit sur toute une profession. Monsieur Tony a trouvé la parade. Plutôt que de chasser les tapineuses en herbe, il les fait kidnapper par ses rabatteurs et dresser en call-girls de luxe dans son pensionnat campagnard, pour enfin les revendre. Mais la filière du vice est infiltrée par la police.

Depuis Le chemin de Rio réalisé en 1936 par Robert Siodmak, la traite des blanches est un sujet classique du cinéma d’exploitation français, régulièrement abordé à chaque décennie, largement exploré dans le polar sexy des années 60. Jean-Claude Roy en connaît bien les ficelles. Ancien assistant de Jean Gourguet, ayant œuvré à son tour dans le cinéma érotique, il en reprend tout le folklore mais y ajoute une dimension économique capitaliste, voire mondialiste tout à fait inédite. Les souteneurs ne sont plus des marlous sadiques régnant sur un bout de trottoir de Pigalle mais des hommes d’affaires internationaux.

Conçu en pleine expansion des films pornos, l’œuvre reste cependant dans les limites du soft, malgré la présence de quelques-unes des plus belles hardeuses du moment. Dans le contre-emploi d’une lycéenne vierge, nous retrouvons la blonde platine Karine Gambier, ainsi qu’Erika Cool, qui allaient toutes deux bientôt triompher dans la comédie classée X de Michel Barny, Les Hôtesses du sexe.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA PROSTITUTION (Réalisé par Maurice Boutel, 1962. Autre vision mondialisée de la prostitution, dans une approche plus sérieuse.) ou encore MADAME CLAUDE (Tourné la même année par Just Jaeckin, c'est le versant chic des DEMOISELLES DE PENSIONNAT.).

Réalisateur de nombreux films érotiques comme Les petites filles modeles et d’un polar musclé tel que L’insolent, Jean-Claude Roy parvient cette fois à mêler ses deux genres de prédilection en confectionnant un polar érotique à très petit budget, signé du pseudonyme Patrick Aubin. Déjà en 1969 il avait abordé le thème de la prostitution à travers une enquête-fiction intitulée Dossier prostitution, dont on retrouve ici plusieurs stock-shots.

La modicité du budget justifie le recours à cet artifice commode, facilement repérable pour des scènes à forte figuration, comme c’est le cas pour la rafle nocturne des tapineuses par la police. On reconnaît au passage Katia Tchenko ou Yves Afonso, seulement engagés pour Le Dossier de 1969.

En raison du manque flagrant de moyens, Roy s’attache surtout à ses comédiens, offrant toute une galerie de personnages pittoresques. Des trognes communes avec le cinéma de Jean-Pierre Mocky comme Jean Cherlian en truand sicilien et Georges Lucas en inspecteur, des seconds rôles vus chez Pierre Etaix comme Roger Trapp, et chez Georges Lautner comme Jean Luisi, des piliers de l’ortf comme Jean Franval. Et d’autres que Roy fut souvent le seul à faire tourner comme Daniel Berton, vedette de son Photos Scandale et Jean-Pierre Merle, essentiellement vu dans quelques pornos.