LES DESTINÉES SENTIMENTALES

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L’amour peut-il résister au temps, aux révolutions industrielles et aux guerres ? Ces questions sont au cœur d’un film qui n’en manque pas, celui d’Olivier Assayas que vous allez maintenant découvrir.

L’histoire se concentre sur la passion de Jean et Pauline. Elle est jeune et belle, il est pasteur et marié. Ils n’ont a priori rien à vivre ensemble et pourtant, ce couple-là va démentir tous les préjugés… Les convenances de la bourgeoisie charentaise et les conflits qui vont assommer la France se chargeront de rebattre les cartes de cette passion que rien, ni les hommes ni le temps ne peuvent arrêter.

Assayas adapte brillamment le roman de Jacques Chardonne, publié en 1934, et offre au trio Emmanuelle Béart, Charles Berling et Isabelle Huppert un répertoire émouvant. Le cinéaste réussit la prouesse visuelle et narrative de nous tenir en haleine sur cinquante ans d’histoire, sans jamais laisser un de ses personnages de côté ou relâcher la qualité de sa mise en scène.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE GUEPARD (Quand la révolution politico-industrielle rencontre celle des coeurs... Les conséquences chez Visconti comme chez Assayas sont sans retour !) ou encore DES GENS COMME LES AUTRES (Peu importe le lieu, les convenances sociales n'ont pas de frontière et frappent ceux qui s'aiment sans s'en soucier... Redford et Assayas en explorent les dégâts.).

Olivier Assayas est un cinéaste à part, qui depuis le milieu des années 80 tisse une œuvre d’artisan au sein du cinéma français, à l’image de ces ouvriers d’art qui ont mis des années parfois à achever des tapisseries qui ornent aujourd’hui encore les murs de certains de nos châteaux. Révélé en 1986 par Désordre , le metteur en scène a depuis tourné des films comme Paris s’éveille, Une nouvelle vie, L’eau froide, Irma Vep, L’heure d’été, Carlos ou  Sils Maria. Un ton reconnaissable rapidement, hérité de la Nouvelle Vague et de Truffaut dont il est un fervent admirateur.

Les destinées sentimentales est un projet qu’Assayas voulait absolument mener à terme. Dès la lecture du roman de Jacques Chardonne en 1995, le cinéaste a eu l’envie de s’attaquer à son adaptation sur grand écran. Les droits du livre étant à l’époque non disponibles et le budget un peu élevé (autour de 14 millions d’euros), il fallut attendre plusieurs années avant de s’y consacrer vraiment. Pour écrire son scénario, le réalisateur s’est adjoint les services d’un maître ne la matière : Jacques Fieschi. Si ce nom ne vous dit rien au premier abord, laissez-moi vous citer quelques titres de films auxquels il a participé : Quelques jours avec moi , Un cœur en hiver,  Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet, Un week-end sur deux, Le fils préféré, Place Vendôme  de Nicole Garcia mais aussi Police de Maurice Pialat. Fieschi est une référence, une plume réputée du cinéma français. Il a su apporter au roman originel une modernité qui ne doit rien aux artifices des effets spéciaux mais passe par la qualité intemporelle de son ton et des grands sentiments qui traversent l’histoire.

Un matériau idéal pour les comédiens du film, littéralement portés par un texte et des situations qui rappellent les grandes œuvres de Zola ou Hugo mais qui contient aussi des aspects extrêmement contemporains comme l’industrialisation du terroir du cognac ou de la porcelaine de Limoges…

C'est un film adapté d'un auteur, Chardonne, qu'on ne lit plus beaucoup aujourd'hui (à tort ou à raison, je ne sais pas). C'est la chronique, sur plus de 30 ans, de la vie d'un couple (Berling/Béart) La ,reconstitution est minutieuse (certains trouveront le film un poil trop ...