LES DUELLISTES

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Les cinéastes chinois n’ont pas le monopole du « film de sabre ». En 1977, un Anglais encore inconnu mettait en scène Les duellistes, avec la campagne française pour cadre et deux lieutenants de Napoléon obsédés par l’idée d’en découdre jusqu’à ce que mort s’ensuive. Une histoire d’hommes donc, aux confins de la folie, qui allait révéler Ridley Scott, devenu depuis l’un des réalisateurs les plus importants de sa génération.

Scott a alors 39 ans. Il vient du monde de la publicité et compte près de 2000 spots à son actif. Autant dire que la technique, il connaît, puisqu’il a commencé par storyboarder intégralement son script. Il a le sens de l’ellipse, possède la maîtrise du cadre et filme avec une virtuosité qu’on avait peu vue jusqu’alors au cinéma. Surtout, il a su s’accommoder d’un budget mini pour offrir le maximum : 900 000 dollars, une équipe réduite de 70 personnes et huit petites semaines de tournage. Un exploit qui prouvait à quel point ce type était déjà une épée.

A l’origine du scénario on trouve un roman tombé alors dans le domaine public, publié en 1908, œuvre de Joseph Conrad et inspiré de l’histoire vraie de deux soldats français. Leur duel à répétition courut sur vingt ans et ce, entre le règne de Napoléon et la restauration de la monarchie. Keith Carradine incarne la bourgeoisie arriviste qui s’imposait alors dans l’armée. Et Harvey Keitel l’aristocratie en colère à l’origine du duel sans merci. L’acteur sortait de Taxi Driver et venait d’être éjecté d’Apocalypse Now. Un autre film inspiré de l’œuvre de Joseph Conrad.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CAPITAN (Un de ces classique français de cape et d'épée où les duels rythmaient l'action.) ou encore BARRY LYNDON (Stanley Kubrick a inspiré ses Duellistes à Ridley Scott.).

Formé au College Royal des Beaux-Arts de Londres, Ridley Scott signait avec Les duellistes un long métrage imprégné par sa connaissance et son amour des grands maîtres, de Vermeer à Rembrandt. Une démarche qui le rapprochait de Stanley Kubrick et du travail de ce dernier sur Barry Lyndon, sorti deux ans plus tôt dont Scott n’avait pas manqué pas de revendiquer l’influence. L’autre emprunt à son aîné est à chercher dans l’utilisation de la musique, des scènes entières ayant été construites autour des orchestrations de Howard Blake.

Le brouillard épais qui entoure nombre de scènes ajoute à la photogénie recherchée par Ridley Scott. Un brouillard tout ce qu’il y a de plus naturel d’ailleurs puisque le réalisateur se souvient d’avoir tourné en 58 jours « dont 56 sous la pluie » ! C’est à Sarlat et ses alentours que l’équipe avait installé son camp de base, tournant dans les châteaux de Commarque et du Repaire. Coïncidence, Ridley Scott fut ravi d’apprendre que le récit de Conrad était basé sur une histoire locale, puisque l’un des deux officiers était natif de Sarlat.

Au départ, le casting devait s’appuyer sur des acteurs britanniques à la notoriété éprouvée comme Michael York et Oliver Reed. Mais La Paramount, en échange de sa participation à la production, obtenait que deux jeunes acteurs américains soient employés. Keith Carradine, issu d’une fameuse lignée de comédiens, avait été révélée par Robert Altman et menait en parallèle une carrière de chanteur qui faillit compromettre sa participation. Quant à Harvey Keitel, c’est auprès d’un tout jeune Martin Scorsese qu’il avait débuté sa carrière dans Who’s That knocking at my door. Il ne fut pas ravi par le montage qui ne montrait son personnage que comme une brute. Cependant, il retrouverait Ridley Scott en 1991 pour un rôle mémorable dans Thelma et Louise. 

Après une dizaine de films vus de Ridley Scott je me suis dit qu’il serait enfin temps de m’attaquer à son début de carrière. Oui oui, l’époque où le monsieur avait du talent, qu’il semble avoir perdu depuis de nombreuses années, comme tant de ses semblables. Avant ...

Pour son premier opus, Ridley Scott s’essaya d’abord au film historique avant de se révéler sur la SF par les deux pièces maîtresses Alien et Blade Runner. Deux ans le séparent du monument Barry Lyndon, et le moins qu’on puisse dire, c’est que son influence est patente. ...

Le premier film de Ridley Scott m’avait laissé un souvenir mitigé. Le synopsis est connu : deux officiers de hussards se vouent une haine aussi inexpiable que sans objet, qu’ils expriment par une succession de duels. La forme est magnifique. A sa sortie, Duellistes ne pouvait ...