LES ENCHAINÉES

en VOD

Les Enchaînées est un porno français tourné en 35 mm en 1985 et sorti en salle sous le titre de Viols en cuir, enchaînées de plaisir. La mode était alors aux longs titres et à la surenchère. Il fut produit, écrit et réalisé par Pierre Unia, l’un des derniers artisans fidèles à la pellicule. Ce film est assez représentatif des récits qu’il affectionnait, dans lesquels les rapports sexuels étaient fondés sur la violence et le chantage. 

Ici, tous les hommes s’entendent à merveille pour imposer leurs désirs. La moindre faute mérite une punition. Les victimes féminines sont alors enchaînées, la taille prise par un corset en vinyle qui met leur fesse en valeur. Leur insistance comique, dans le dialogue et les comportements, à réclamer et accepter les punitions désamorce les odieux traitements. Elles veulent toutes être punies par le sexe et se contorsionnent de plaisir d’être ainsi abusées. Un vol à l’étalage, une étreinte saphique, une trahison commerciale, et c’est la punition. Au besoin, un piège est tendu pour celle qui n’est coupable de rien. 

« J’ai honte de tout ce que j’ai fait ! Punis-moi, encule-moi, défonce-moi ! », dit-elle. L’époux, le directeur de supérette, son jardinier, l’homme d’affaires déploient un machisme sans limites sur des femmes d’une ridicule complaisance. Le systématisme du scénario frôle le comique de répétition. Nous ne sommes pas loin d’un porno qui s’autoparodie, poussant à l’excès la misogynie des hommes et la bêtise des femmes, souvent prônées par ce genre.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES VOYEUSES (Autre film de Pierre Unia, réalisé en 1978, qui exploite la thématique du droit de cuissage patronal.) ou encore FESSES VIERGES À L'ESSAI AUX CARAÏBES (Autre film de Pierre Unia, réalisé en 1985, dans lequel le même acteur (Ghislain Garet) rêve de sodomiser son épouse et y parvient.).

Pierre Unia avait réalisé une comédie légère en 1973, Le Pied, mêlant Christian Alers et Micheline Dax à quelques vedettes de l’érotisme soft. Puis dès l’arrivée du hard en 1975, il réalisa son premier porno, Candice Candy. Excepté quelques titres soft comme Baby Cat et Dortoir des grandes, il produira et signera de nombreux autres pornos jusqu’à la fin des années 1980. Il utilisera souvent deux pseudos anagrammatiques : Renaud Pieri et Reine Pirau. 

Obnubilé par la violence des rapports sexuels, il s’est parfois montré féministe, dans des œuvres comme L’Enlèvement des Sabines, qui épinglait l’égoïsme et la veulerie masculine et racontait une révolte de femmes. L’homme obsédé par le désir de sodomiser son épouse est aussi un thème majeur du cinéaste, qu’il exploite la même année dans Fesses vierges à l’essai aux Caraïbes. La vulgarité des derniers titres de sa filmographie le dessert, alors qu’il fut parfois un auteur original du genre, peu craintif à affronter certaines perversions et parvenant encore à choquer les membres de la commission de classification des films.

On se souvient de Fantasmes pornos d’une novice en chaleur, pratiquant la sodomie anticléricale, mais encore Petits Culs vierges pour gros vicieux, rare porno mettant en vedette un hémiplégique adepte de l’urolagnie. Son chef-d’œuvre méconnu est Sodopunition pour dépravées sexuelles, de 1986, l’un des tout premier film de Rocco Sifredi, jouant encore sur le viol et les punitions, au cœur d’une scierie familiale en forêt, mais dans lequel le prolétariat exploité imposait sodomie, urolagnie et lavement à un couple de patrons menotté et tenu en laisse. Du SM marxiste, assez stupéfiant, qu’on cherche vainement dans ces plus conventionnels Enchaînées.