LES FANTÔMES DE GOYA

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C’est dans les années cinquante, alors qu’il vivait encore en Tchécoslovaquie, que Milos Forman a eu l’idée d’un film qui deviendrait en 2005 Les Fantômes de Goya. À l’époque, il venait de lire un ouvrage sur l’Inquisition espagnole et avait été frappée par les similitudes de ces méthodes de terreur avec celles du régime communiste dans lequel il vivait. Notamment, explique-t-il, la capacité à faire avouer aux gens des crimes qu’ils n’avaient pas commis. Mais justement, à cause de ces similitudes, il ne pouvait envisager alors de mettre en chantier un tel film.

Près de cinquante ans plus tard, en se promenant en Espagne avec son ami Jean-Claude Carrière, avec qui il avait écrit Taking Off et Valmont, Forman a repensé à son projet et a décidé de le mettre en chantier. Les toiles de Goya admirées au musée du Prado à Madrid et particulièrement son travail sur les corps distordus lui ont donné envie de faire de cet artiste un témoin privilégié de l’évolution politique de son protagoniste, un Inquisiteur qui devient révolutionnaire.

Plusieurs toiles de Goya se retrouvent ainsi dans le film. Parmi les plus célèbres : son Autoportrait, Charles IV et sa famille ainsi que Les Fusillades du trois mai. Au départ, la production pensait pouvoir emprunter les originaux le temps de les installer dans le studio et de faire jouer les acteurs devant. Mais le seul montant des assurances pour protéger ces œuvres était plus élevé que le budget entier du film. Forman a donc dû se résoudre à filmer les plans avec de vraies toiles à l’intérieur même de l’enceinte du Prado. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GOYA DE CARLOS SAURA (une autre approche de la vie du peintre Goya) ou encore AMADEUS (un autre film de Forman produit par Saul Zaents mettant en scène un artiste du XVIIIe siècle).

A l’origine, Milos Forman avait pensé faire jouer le peintre Goya par Javier Bardem, dont il avait admiré la composition de l’écrivain cubain Reinaldo Arenas dans Avant la nuit de Julian Schnabel. Mais le cinéaste a préféré lui confier le rôle plus complexe de l’Inquisiteur et laisser à Stellan Skarsgard, l’acteur fétiche de Lars von Trier, depuis Breaking the Waves, le soin d’incarner le peintre. C’est en remarquant la ressemblance de Natalie Portman sur la couverture d’un magazine avec la figure du tableau de Goya La Laitière de Bordeaux que Forman a voulu la rencontrer et l’a engagée.

Le film est produit par l’Américain Saul Zaents, vieux complice de Forman qui lui avait été présenté par Michael Douglas pendant la préparation de Vol au-dessus d’un nid de coucous, en 1975. C’est également Zaents, qui avait produit un autre film de Forman qui se déroule au XVIIIe siècle, Amadeus. Mais tout en jouant le jeu de la coproduction américaine, Forman a essayé d’engager le plus possible de techniciens espagnols par souci d’authenticité. À commencer par son chef-opérateur Javier Aguirresarobe que lui avait recommandé le frère et producteur de Pedro Almodovar qui avait particulièrement apprécié son travail sur Parle avec elle, en 2002

Même si Les Fantômes de Goya n’a guère marché au box-office, Milos Forman s’est toujours dit fier de l’avoir réalisé. Il a même affirmé que c’était le film le plus important de son carrière. Selon lui, ce qui a déplu, c’est de voir le protagoniste passer de l’extrême droite à l’extrême gauche. Non qu’un tel revirement serait impossible, mais au contraire parce que l’intrigue trouve trop d’échos dans notre société actuelle. De même, on a accusé le film de faire un clin d’œil à l’actualité politique en plaçant dans la bouche de Napoléon des propos formulés peu avant la sortie du film par Dick Cheney, le vice-président des Etats-Unis. Or, il se trouve que Napoléon a bien prononcé ces paroles et que ce sont les conseillers de Dick Cheney qui les ont reprises pour les utiliser dans un de ses discours.

L'inquisition espagnole, le pouvoir absolu et son inhumanité. Sommes-nous dans la caricature ou dans la réalité de l'époque ? Cette œuvre est passionnante de bout en bout. La confrontation de deux ères (la révolution française importée et le fanatisme moyenâgeux), l’humour ...

Sensation étrange devant ce film : on sent le souffle qui l'anime, mais il ne réussit pas ce qu'il avait fait avec Amadeus. Pourtant on se trouve dans la même lignée en terme d'écriture. Les destins tragiques qui se croisent sont un beau témoignage aux horreurs de l'inquisition, ...

Il ne s'agit pas içi d'un film qui se veut biographique sur la vie du peintre espagnol Francisco Goya mais d'une magnifique oeuvre de fiction mettant en scène à la fois, la démarche créatrice engagée de celui-ci durant la période napoléonienne, dénonçant les exactions ...