Le cinéaste barbu aux cheveux longs n'est autre que Jean-François Davy lui-même, au cœur du dispositif de ce cinéma-vérité, menant la plupart des entretiens. Les Pornocrates témoignent d'une très courte période de la pornographie française où tout semblait encore possible, un moment de pionniers marqué par une grande liberté qui sera brisée en décembre 1975 par l'adoption d'une loi de finances instituant le classement X taxant des « films pornographiques ou d'incitation à la violence ». L'insouciance et le plaisir, l'audace et la provocation révélés par Les Pornocrates ne seront ensuite presque plus possibles. Très révélateurs sont les moments filmés sur le tournage de Change pas de main, produit par Davy mais réalisé par Paul Vecchiali dont les propos égratignent la bienséance critique et réfutent l'idée que la pornographie serait un « sous-genre ». Il enfonce au passage des icônes de la Qualité française, affirmant sans provocation que « le porno le plus immonde est dix fois plus important que n'importe quel film de Sautet adapté par Jean-Loup Dabadie. » Un vent de subversion souffle dans Les Pornocrates.
Si Davy révèle des aspects déplaisants de cette industrie, en particulier le jeu douteux d'un impresario maquignon avec « ses deux petites pouliches », il insiste sur la décontraction des comédiens et leur sincérité, retrouvant sa vedette d'Exhibition, Claudine Beccarie qui crache sur « ces films où l'on baise le froc fermé. » Second rôle excentrique du genre comme peut l'être Saturnin Fabre dans un autre registre, Carmelo Petix, l'acteur italien vêtu d'une cape de Zorro et portant perruque, fait preuve de cette même franchise mais y apporte une folie hystérique que Davy exploitera de nouveau dans une comédie satirique sur le cinéma porno, Ca va faire mal. D'autres stars du genre prennent la parole comme Richard Allan et sa femme Liliane, Jack Gatteau, Gabriel Pontello, Charlie Schreiner. Deux ans plus tard, Davy remonte le film, en retirant toutes les scènes explicites, pour l'exploiter en court métrage, sous le titre de Plainte contre X.