LES PROFESSIONNELS

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Comme les trois mousquetaires, Les professionnels du titre sont quatre. Il y a Hans, un ancien cavalier devenu éleveur de chevaux, Jake Sharp, spécialisé dans les armes à feu et Bill Dolworth, expert en explosif, les trois hommes étant dirigés par Rico, un ancien soldat américain jadis passé du côté du célèbre révolutionnaire mexicain, Pancho Villa.

L'action se passe en 1917. Ces mercenaires sont chargés par un magnat du pétrole de retrouver sa jeune femme kidnappée, enfin le croit-on, par un révolutionnaire mexicain. Les professionnels est un film de mission en territoire ennemi.

Le quatuor infernal est incarné par un bel éventail  d’acteurs,  les plus virils du cinéma hollywoodien :  le colosse noir Woody Strode est célèbre pour son rôle dans Le Sergent Noir de John Ford ;  l'homme au regard de fer Robert Ryan fut inoubliable dans La Horde sauvage, l'athlétique Burt Lancaster apporte sa fougue et sa bonhomie, quant à l'homme qui tua (peut-être) Liberty Valance, le toujours génial Lee Marvin, il prouve une nouvelle fois sa souplesse  à passer aisément  des  rôles de méchants à  ceux de gentil.  Un carré d'as gagnant pour un des plus beaux films d'aventure de l'histoire du cinéma. Carrément !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES SEPT MERCENAIRES (Un film dans lequel une bande de mercenaires est engagée pour protéger un village local.) ou encore LA HORDE SAUVAGE ("Les professionnels", sous ses airs de western fougueux, était doté d'une certaine mélancolie, ses héros étant fatigués et sans illusions. En cela, il préparait le terrain à "La Horde sauvage", western terminal peuplé de personnages fantomatiques, symboles d'un monde finissant.).

Un an avant Les Professionnels, Richard Brooks réalisait le beau film d'aventure conradien Lord Jim avec Peter O'Toole. L’année suivante, ce sera le désormais classique De sang froid d'après le roman de Truman Capote.  Epoque bénie que celle des années soixante durant laquelle les grands cinéastes pouvaient enchaîner chaque année les projets ambitieux tout en faisant preuve d'une versatilité rafraichissante. Quoi de commun entre un film d'aventure  au héros tourmenté, une enquête sur un meurtre commis par deux jeunes gens et donc ce film d'action mouvementé dont les scènes spectaculaires n'ont rien à envier à celle du cinéma contemporain ?

Richard Brooks , le réalisateur des Professionnels, est, à ce titre, un cinéaste assez inclassable, qui a toujours fait preuve d'un spectre de centres d'intérêt très large. Il a tourné des westerns, genre dans lequel on peut classer Les professionnels même s'il se déroule plus tard que l'essentiel des films du genre, mais aussi des drames ou des études psychologiques. C'est un auteur complet, puisqu'il est souvent producteur, réalisateur et scénariste de ses films, comme c'est le cas sur Les professionnels.

Sorti en 1966, Les professionnels est un film énergique et souvent drôle. Pourtant, la mélancolie qui allait bientôt s'emparer du western à l'orée des années 70, est déjà présente. Les héros sont désabusés et se sentent appartenir à une époque révolue, l'argent dicte les rapports humains, le cynisme a gangrené la révolte.  Comme le dit Reza, "la Révolution semble être une déesse, mais elle n'est qu'une putain. Ni mauvaise, ni parfaite". Brooks filme des hommes (et des femmes) désespérément humains, jamais des héros invincibles. Cette sensibilité à filmer la condition humaine sans fard rend ces figures inoubliables.  

Comme plusieurs westerns tournés à cette époque de fin d'années 60, ces aventures mexicaines sont réalisées sur un ton désenchanté, amer et nostalgique d'un glorieux passé ; les héros sont fatigués, usés par trop d'équipées sauvages, ils apparaissent comme anachroniques ...

Ces gens-là sont morts pour défendre une cause. La révolution ? Quand la guerre sera terminée et les morts enterrés, et que les politiciens reviendront en surface, tout ça, ça se résumera à une seule chose : une cause perdue. Tu voudrais la perfection ou rien ...

Il y a du monde et du beau dans ce film. Et c'est superbe ce qui ne gâche rien. Une bande est engagée pour récupérer la jolie femme d'un ponte de l'or noir enlevée par les bouffeurs de fayots. Il y a du Burt Lancaster en cascadeur qui se balade en slip de cow-boy mais en ...