LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX (1961)

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Les 7 Péchés capitaux fait partie de ces fils à sketchs qui ont fleuri de façon généreuse dans les années 50 et 60 dans cinéma, particulièrement en France et en Italie. Histoires immortelles, Les Monstres, Le Diable et les dix commandements, Les Amours célèbres… On n’en dressera évidemment pas une liste exhaustive. La comédie n’a pas le monopole de ces récits plus ou moins homogènes, mais elle s’y taille incontestablement la part du lion. Certains films ne portent qu’une seule signature, comme Hier, aujourd’hui et demain, de De Sica ou Brelan d’as, de Verneuil. D’autres sont le point de rencontre de plusieurs cinéastes. C’est le cas de ce film.

Quoi de plus commode que les sept péchés, identifiés par beaucoup lors de leurs vertes années, à l’occasion du catéchisme, pour composer un bouquet de sept sketchs aux couleurs chatoyantes ? S’il faut se caler sur le chiffre de sept, reconnaissons que le sujet est plus facile à illustrer que les sept jours de la semaine ou les sept nains de Blanche Neige. Et puis le sujet permet de prendre du recul et de distiller un peu d’ironie, voire de montrer ici ou là une jambe nue ou un sein dévoilé. A l’époque c’est encore transgressif.

Une première version du film était arrivée sur les écrans dix ans plus tôt, une coproduction franco-italienne signée par quelques vieux de la vieille, Roberto Rossellini, Jean Dréville ou Claude Autant-Lara. En 1962, c’est la Nouvelle vague qui est à l’honneur, faisant montre d’inventivité, de fantaisie, de liberté de ton, d’insolence. Sur le fond comme sur la forme. Après cela c’est le tempérament de chacun et le péché qu’il a choisi d’illustrer qui font la différence. A chacun sa transgression…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES AMOURS CÉLÈBRES (C'est un film à sketches français de la même époque) ou encore LE SEXE FOU (Un décapant film à sketches qui met en lumière les débordements des personnages).

Les sept réalisateurs ici réunis participent tous à un renouveau stylistique qui confère de belles couleurs au cinéma français de ce début des années 60. Certains des signataires du film sont au cœur de la Nouvelle vague, Godard ou Chabrol, d’autres se situent aux frontières du mouvement, Philippe de Broca ou Jacques Demy. Mais Edouard Molinaro ou Roger Vadim sont un peu plus en marge, ayant entamé leur carrière avant que Les 400 Coups ou A bout de souffle ne viennent rebattre les cartes. Restent Sylvain Dhomme et Max Douy, qui ne sont pas communément identifiés comme cinéastes. Le premier a plutôt travaillé pour le théâtre, où il était en osmose avec Ionesco, le second reste l’un des très grands décorateurs du cinéma français, ayant travaillé avec Ophuls, Renoir, Becker, Grémillon, Clouzot, Autant-Lara ou Duvivier, excusez du peu…

Le style du film varie bien évidemment d’un sketch à l’autre. Que l’on nous permette de dire notre préférence pour le premier (signé Dhomme et Douy, sur un scénario de Ionesco), consacré à la colère. Un monument d’absurdité digne des Marx Brothers où l’irascibilité de certains débouche de fil en aiguille sur la fin du monde ! Le troisième, sur la gourmandise, réalisé par Jean-Luc Godard qui est paradoxalement celui dont la mise en scène est la plus sage, qui se délecte à montrer la coolitude absolue dune famille en route pour un enterrement, qui arrive en retard après s’être arrêtée mille fois pour prendre un en-cas. Et le septième, où l’on parle d’avarice et où l’on reconnaît bien la patte de Claude Chabrol, qui fait assaut d’une ironie carnassière pour raconter l’histoire de ces étudiants fauchés qui se cotisent pour se payer une passe avec une professionnelle des beaux quartiers avant de tirer au sort pour savoir lequel pourra satisfaire sa libido… 

Les péchés capitaux fustigés par les bons pères sont-ils pour autant et par essence l’occasion de rire ? Sans doute pas si l’on se réfère à un autre film qui traite le sujet avec beaucoup de gravité. Et sans avoir recours à un découpage en sketchs.  Savoir le bien-nommé Se7en, de David Fincher. Un polar des plus sombres, qui passe nos nerfs au papier de verre et nous fait retenir notre souffle. L’histoire d’un serial killer pénétré par le poids des péchés pesant sur le monde, qui entreprend d’assassiner ceux qui se laissent aller à leurs troubles penchants, chacune des sept tueries, ritualisée jusqu’au moindre détail correspondant à l’un des péchés répertoriés précédemment. Un bon contrepoint au film de 1952 !