LES VÉCÉS ÉTAIENT FERMÉS DE L'INTÉRIEUR

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Le problème est simple : un poinçonneur d’autobus a été retrouvé mort, assassiné, dans ses toilettes. Là où ça se complique, c’est que ces toilettes étaient verrouillées de l’intérieur… Crime ? Suicide ? Pour l’inspecteur Charbonnier et le commissaire Pichard commence alors une enquête difficile qui va vite virer à l’extravagant !

Amateurs d’intrigues façon Agatha Christie, vous risquez d’être d’abord séduits puis totalement décontenancés puisque, pour son premier film de réalisateur, Patrice Leconte n’a lui non plus pas vraiment choisi le plus simple des projets ! Il adapte en effet ici une BD signée Gotlib qui fit les belles heures de la fameuse « Rubrique à brac » dans le magazine « Pilote » où, et ce n’est évidemment pas un hasard, Leconte fut lui-même un dessinateur fort apprécié avant de se diriger vers la pub puis le cinéma…

A l’affiche des « Vécés étaient fermés de l’intérieur », le duo Coluche-Jean Rochefort dans une farce burlesque, absurde et totalement jouissive !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE MYSTERE DE LA CHAMBRE JAUNE (Un meurtre ou une agression dans une pièce close... Comment les choses ont-elles bien pu se dérouler ? Où se trouve le ou les coupables ? Entre polar et comédie, la solution est inattendue !) ou encore TRAINSPOTTING (Les toilettes sont paraît-il la pièce où l'on passe le plus de temps dans notre vie ! On peut aussi y vivre des expériences traumatisantes voire définitives !).

Et dire que le premier pas de Patrice Leconte comme réalisateur de cinéma aurait bien pu être aussi le dernier ! Non seulement les résultats du film que vous venez de voir au box-office n’ont guère été fameux en 1976 à sa sortie mais en plus, le tournage a viré à l’affrontement entre Leconte et son acteur principal, Jean Rochefort. Ce dernier est à l’époque une vedette du grand écran, grâce à ses rôles dans la série des « Angélique », « Le diable par la queue », « Le grand blond avec une chaussure noire » ou « L’horloger de saint Paul ». C’est peu dire que la manière de travailler de ce jeune cinéaste venu de la bande dessinée et de la publicité va hérisser ce comédien confirmé, issu du Conservatoire. Sur le plateau, l’ambiance est épouvantable : Rochefort conteste l’autorité de Leconte devant l’équipe et en coulisses, tente de persuader Gaumont de la médiocrité de son film, allant jusqu’à mettre le tournage sous tutelle !

Longtemps, le comédien parlera des « Vécés étaient fermés de l’intérieur » comme d’une des pires expériences de sa carrière… Le metteur en scène lui mettra deux ans à se remettre de l’épreuve et du bide avant de démarrer un parcours plus glorieux grâce aux « Bronzés ». Et, puisque l’univers du cinéma est décidément un monde merveilleux, le duo Rochefort-Leconte enfin réconcilié écrira ensemble de merveilleuses pages comme « Ridicule », « Tango », « Le mari de la coiffeuse », « Tandem » ou « Les grands ducs »…

Un mot aussi de Marcel Gotlib, créateurs des personnages originaux et coscénariste du film. De « Pilote » à « Fluide glacial » en passant par « L’écho des savanes », il aura marqué l’histoire de la BD en passant aussi par la case ciné : auteur de « Bonjour l’angoisse » de Pierre Tchernia en 1988, acteur dans « L’An 01 » et « Les doigts dans la tête » de Jacques Doillon, « Je hais les acteurs » de Gérard Krawczyk ou « Les clefs de bagnole » de Laurent Baffie mais aussi illustrateur d’affiches dont celle de « La première folie des Monty Python » en 1974…

Boileau-Narcejac - "Après tant d'autres, nous ne pouvons que répéter qu'il n'est plus possible, aujourd'hui, de baser l'intrigue d'une histoire policière sur le principe des frères jumeaux." Leconte-Gotlib - " C'est pour cela que nous avons mis des triplés." C'est à l'aune ...

Ce film est une merveille de loufoquerie et de surréalisme. Coluche et Rochefort sont ultra attachants et drôle. L'intrigue est saugrenue, tout est foufou mais c'est magnifiquement bien filmé et raconté, comme un vrai film noir classique d'antan. Mention spéciale ...

Alors oui le scénario frise le bidon, oui Rochefort et Coluche surjouent les dialogues qui tiennent souvent plus du brouillon de sketch qu'autre chose et la réalisation est au niveau des couleurs, criardes. Mais franchement on s'en fou, c'est la récrée, voir ces deux monstres ...