LES VIERGES DE SATAN

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Au début des années 60, la Hammer films est au sommet de son art. La firme anglaise s'est, entre autres, imposée au long de la décennie précédente comme le label rénovant le cinéma fantastique, notamment les grandes figures du genre, de Frankenstein à Dracula. La recette semble toutefois commencer à sentir le réchauffé, le public est encore là, mais semble commencer à se lasser de ces personnages. Le studio européen cherche des idées pour se ressourcer. Christopher Lee, leur Dracula maison, les mettra en contact avec Dennis Wheatley, alors très populaire auteur de romans de gare. La Hammer y verra l'occasion de rester dans son créneau de prédilection tout en le renouvelant.

Les vierges de Satan détonne effectivement dans leur catalogue, en mettant de côté une usuelle imagerie gothique ou les effets spéciaux. La lutte de deux maîtres de l'occulte pour s'emparer de l'âme d'un jeune homme renoue plus avec la tradition d'un brillant cinéma d'aventures, le soin étant mis sur le rythme et sur l'écriture des dialogues.

Abreuvés par de nouvelles ambitions, ce sang neuf redora le blason de la Hammer, mais aussi celui de Lee, qui trouva ici, non seulement un de ses meilleurs rôles, mais surtout un tout aussi rare cas de personnage héroïque. L'acteur ne s'en est d'ailleurs jamais vraiment remis, au point de rappeler régulièrement, qu'un de ses voeux pieux serait de jouer dans un remake moderne de ce désormais classique. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MESSE NOIRE (Pour se venger, un étudiant, tête de turc de ses camarades, s'initie au satanisme en décryptant le grimoire d'un sorcier...) ou encore COURSE CONTRE L'ENFER (Deux familles se retrouvent pourchassés par une secte pour avoir été témoin d'un de leurs sanglants rituels.).

C'est en 1963 que la Hammer suit la judicieuse recommandation de Christopher Lee et acquiert les droits des Vierges de Satan, le roman de Dennis Wheatley, le Stephen King anglais qui fait frémir des milliers de lecteurs depuis les années 30. Ce livre mutlipliant les sabbats, envoûtements et apparitions de démons, est particulièrement dense. Au point que plusieurs scénaristes se cassent les dents sur l'adaptation, jusqu'à l'arrivée de Richard Matheson, le scénariste de The twilight zone, qui peut avec ce travail renouer avec l'univers des adaptations d'Edgar Allan Poe qu'il a rédigées pour Roger Corman.

Il faudra néanmoins trois ans avant que le tournage des Vierges de Satan ne soit entamé. Pas tant à cause de soucis d'écriture, que par crainte des foudres des censures anglaises et américaines, qui voyaient d'un très mauvais oeil, tout film s'approchant, de près ou de loin du satanisme, pratique devenue leur bête noire. En 1967, les moeurs se sont assouplies, la Hammer peut aller fricoter avec le diable pour ce qui restera comme l'un de ses sommets.

Les Vierges de Satan ne fut pourtant reconnu que tardivement : lorsqu'il sort aux USA, en 1968, c'est pour faire un flop. Rosemary's baby est déjà passé par là et à modernisé le cinéma d'horreur sataniste. La Hammer ne connaîtra pas plus de chances, la même année avec Le peuples des abîmes, leur seconde adaptation de Wheatley, laissant s'étioler leur collaboration. Pour autant, le studio fera une nouvelle tentative en 1976 avec Une fille pour le diable, ultime film d'épouvante produit par la Hammer avant une mise en sommeil de ses activités pendant plus de trente ans.

Ne pas se fier à l'affiche française, très racoleuse, ni au titre français. Ici, il s'agit bien de contrer les manigances de personnes qui s'adonnent à la magie noire, avec une messe noire et sacrifice de vierge, mais ça ne concerne qu'une fillette, et pas une jeune femme ...

Efficace production Hammer inspiré par Aleister Crowley et signé Terence Fisher avec d'excellents acteurs, Christopher Lee en tête (qui joue le gentil de l'histoire !). Quelques incrustations désastreuses font un peu mal mais le récit diabolique (manichéen, confrontation ...

Les vierges de Satan ne m'inspirait guère confiance, que ce soit dit. Pourtant, Christopher Lee était un argument de poids pour regarde ce film de Fisher. La première bonne nouvelle vient au générique. Avec un scénario de Richard Matheson, on ne peut pas craindre le pire ...