LES VOISINS

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En 1980, une quinzaine d’années après Little Big Man, le roman qui inspira la célèbre et homonyme production d’Arthur Penn avec Dustin Hoffman, l’écrivain américain Thomas Berger fait paraître Neighbors – voisins –, une satire kafkaïenne des mœurs de l’Américain moyen, mettant en scène, dans une banlieue tranquille, Earl et Enid, un couple sans histoire, face à Vic et Ramona, leurs (a priori) charmants nouveaux voisins. Le succès de ce roman n’échappera pas à l’homme qui vient de produire les Dents de la mer, Richard D. Zanuck, fils de Darryl F. Zanuck, qui en propose la réalisation à John G. Avildsen.

A cette époque Avildsen, directeur de la photographie, monteur et metteur en scène, a déjà tourné une dizaine de longs métrages, dont Joe... c’est aussi l’Amérique, en 1970, un drame sur fond de drogue avec Susan Sarandon, Sauvez le tigre, en 1973, le portrait d’un quadragénaire – Jack Lemmon – assailli par le doute, et bien sûr Rocky, en 1976, qui lui vaut l’Oscar du meilleur réalisateur, tout en faisant d’un quasi inconnu, Sylvester Stallone, une star internationale. N’oublions pas, non plus, qu’Avildsen fut remplacé par Sidney Lumet quelques jours avant le tournage de Serpico, avec Al Pacino, et par John Badham quelques jours avant le tournage de la Fièvre du samedi soir, avec John Travolta.

Voici donc les Voisins, une folle comédie menée par Dan Aykroyd et John Belushi, l’explosif duo de la fameuse émission de NBC The Saturday Night Live, que John Landis avait réuni au cinéma, un an plus tôt, dans les Blues Brothers.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ESPION MAIS PAS TROP ! (2003) (La petite vie rangée du podologue Jerry Peyser va être bouleversée par l’intrusion du futur beau-père de sa fille, l’agent secret Steve Tobias...) ou encore HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN (2000) (Comme Vic et Ramona s’incrustent chez Earl et Enid, le sympathique Harry va s’immiscer dans l’intimité de Michel et Claire. La fin sera plus sombre !).

En mars-avril 1981, le tournage des Voisins ne fut pas de tout repos ! D’abord, quelques jours seulement avant le premier tour de manivelle, Dan Aykroyd et John Belushi décident de changer de rôle. En effet, depuis le début, c’est Dan Aykroyd qui devait incarner le très tranquille Earl et John Belushi l’exubérant Vic. Ce sera le contraire, sans que l’on sache très bien si le réalisateur, voire le producteur, aient pu donner leur avis. En effet, pendant tout le tournage, les comédiens, en particulier les deux principaux, s’opposèrent en permanence à John G. Avildsen, le réalisateur, lui-même rarement d’accord avec Richard D. Zanuck, le producteur. Même le scénariste Larry Gelbart – inventeur de la série MASH et coauteur de Tootsie de Sydney Pollack – en prit pour son grade, accusé par John Belushi d’avoir trop souvent abusé de la dive bouteille en écrivant le script ! Ce n’est pas tout, n’appréciant pas du tout la façon de travailler de son metteur en scène, Belushi appela au secours son ami John Landis, l’implorant de tourner le film lui-même. Mais, lorsque le réalisateur des Blues Brothers – en pleine postproduction de son Loup-garou de Londres – compris que le tournage avait déjà commencé, il déclina l’offre, ne voulant pas prendre la place d’Avildsen.

Cerise sur le gâteau, la musique du film fut confiée à Tom Scott, compositeur et saxophoniste, membre des Blues Brothers, le groupe créé par Dan Aykroyd et John Belushi, au début des années 1970. Au grand dam de ces deux derniers, le résultat n’eut pas l’heur de plaire au cinéaste qui refusa toute la partition, se tournant alors vers Bill Conti, son habituel complice et immortel auteur du fameux thème de Rocky.

Le 5 mars 1982, trois mois après la sortie du film, on retrouvait John Belushi dans une chambre d’hôtel de Beverly Hills, victime d’une overdose. Il venait d’avoir 33 ans. Une biographie signée Bob Woodward – le fameux journaliste, coauteur des Hommes du président – inspira, en 1989, Wired, un biopic tourné par Larry Peerce avec, dans le rôle de Belushi, Michael Chiklis, futur héros – bien peu conventionnel – de la série The Shield et futur homme de pierre des Quatre Fantastiques.

Quant à Dan Aykroyd, il poursuivit brillamment sa carrière avec, entre autres, Un fauteuil pour deux, SOS fantômes ou Miss Daisy et son chauffeur, pendant que John G. Avildsen commençait à réfléchir à la trilogie des Karaté Kid avant de revenir, en 1990, à la saga des Rocky, acceptant de mettre en scène Rocky V, quatorze ans après avoir refusé Rocky II.