LIFE IS SWEET

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Trois films en vingt ans ! Ainsi se présente la filmographie de Mike Leigh en ce mois de mars 1991, lorsque sort sur les écrans britanniques Life is Sweet, son troisième long métrage, après Bleak Moments, en 1971, produit par le comédien Albert Finney, qui dressait déjà le portrait d’une famille de la banlieue londonienne, et High Hopes, en 1988, encore un portrait de l’Angleterre mais, cette fois, de l’Angleterre de Margaret Thatcher, dont il aurait du mal à cacher qu’il ne la porte pas dans son cœur.

Life is Sweet, est donc, une nouvelle fois, la chronique d’une modeste famille du Sud de Londres. Il y a Andy, le père cuisinier qui n’aime plus cuisiner mais qui rêve encore ; il y a deux sœurs jumelles, Natalie, celle aux cheveux courts, plombier dans la journée, joueuse de billard le soir ; et Nicole, celle aux cheveux longs, balançant du matin au soir entre anorexie et boulimie. Et puis, il y a Wendy, la mère-courage de cette banale famille. Elle en est l’âme, le port d’attache et le soleil. Elle la soutient de ses éclats de rire et de sa foi en l’existence.

Dans le rôle de Wendy : la comédienne Alison Steadman qui, entre 1971 et 1988 travaille beaucoup pour la télévision où elle rencontre un certain Mike Leigh qui la dirige, entre autres, dans plusieurs numéros de Play for Today et qui, en 1973, fini par l’épouser. Ils auront deux enfants et divorceront en 2001.

La voici donc en mère infatigable et rieuse dans Life is Sweet, le premier des trois films qu’elle tournera pour le cinéma sous la direction de Mike Leigh.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FAMILY LIFE (1971) ou encore NE PAS AVALER (1997) .

C’est sans scénario mais après avoir beaucoup travaillé les personnages et les situations avec ses interprètes, au cours de longues improvisations que Mike Leigh entame le tournage de ses films, quelque fois adaptés de ses propres pièces de théâtre, comme ce fut le cas, en 1971, pour son premier passage derrière la caméra avec Bleak Moments.

Comédien de formation, c’est petit à petit qu’il s’orienta vers l’écriture et la mise en scène de théâtre, avant de travailler pour la télévision puis pour le cinéma. Cette approche particulière et atypique dans l’industrie cinématographique explique, d’une part, la maigreur de sa filmographie et, d’autre part, sa fidélité à une bande de comédiens qu’il aime à retrouver de film en film. 

Il y a évidemment, Alison Steadman – madame Leigh à l’époque – qu’il retrouvera dans Secrets et mensonges et dans Topsy-Turvy. Outre les films de son mari, ou ex-mari, on a pu l’apercevoir en maire de Newcastle dans Stormy Monday de Mike Figgis, en comédienne accompagnant le fameux baron dans les Aventures du baron de Münchausen de Terry Gilliam et en directrice de casting dans Moi, Peter Sellers de Stephen Hopkins.

Le comédien Jim Broadbent, son mari dans le film, a, lui aussi, tourné à plusieurs reprises avec Mike Leigh : dans Topsy-Turvy et dans Vera Drake, il y incarnait le juge condamnant l’héroïne à trente mois de prison. Mais Jim Broadbent fut aussi barman dans The Crying Game de Neil Jordan, comédien dans Coups de feu sur Broadway de Woody Allen, le fameux Mère Grand dans Chapeau Melon et bottes de cuir de Jeremiah Chechik, Monsieur Loyal dans Moulin Rouge de Baz Luhrmann, le père de Bridget dans le Journal de Bridget Jones de Sharon Maguire, un puissant homme politique dans Gangs of New York de Martin Scorsese, doyen de l’université dans Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal de Steven Spielberg et le maître des potions dans Harry Potter et le prince de sang-mêlé, de David Yates.

Quant à Timothy Spall, le très particulier patron du restaurant désert, Mike Leigh lui confiera le rôle du photographe, frère de l’héroïne, dans Secrets et mensonges – Palme d’Or à Cannes en 1996 – et le rôle principal de All or Nothing, celui d’un chauffeur de taxi, père d’une famille à la dérive – encore une ! Avant cela, il avait été le pilote d’avion dans Chasseur blanc cœur noir, de Clint Eastwood, le cynique conteur du Dernier samouraï d’Edward Zwick et l’odieux Bamford – qui terminera en pâté – dans Sweeney Todd, le Diabolique barbier de Fleet Street de Tim Burton.

Sachez, enfin, que Mike Leigh, pourtant six fois nommé à l’Oscar, déclara : « Si je devais choisir entre partir à Hollywood et me crever les yeux avec des aiguilles à tricoter, je choisirais les aiguilles ! »