LIFE LOVE LUST

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Depuis quelques années, la réalisatrice et productrice barcelonaise Erika Lust a imposé son nom au fronton du porno dit féminin. Nous connaissions déjà son expérimental Barcelona Sex Project et Five Hot Stories for Her, couronnée de nombreux prix. Dans Life Love Lust, nous retrouvons ses partis-pris esthétiques habituels et la qualité de son regard.

Le film est composé de trois saynètes car jusqu’à présent Erika Lust a toujours refusé l’idée de long métrage qui lui semble incompatible avec sa recherche du plaisir. Il ne faut surtout pas compter sur elle pour revisiter les grands genres du cinéma ou parodier des classiques. Elle cherche plutôt l’émotion d’une situation érotique, privilégiant ainsi le format court qui est à l’origine du cinéma porno muet. Ainsi nous assistons à la nuit d’une serveuse et d’un cuistot après la fermeture d’un restaurant, à la rencontre sans lendemain d’un motocycliste rêveur qui bouscule une businesswoman mariée et à une intense séance de massage lesbien que s’offre une cliente dans l’appartement d’une masseuse tatouée.

Avec ces trois prétextes simples, Erika Lust développe des ambiances sensuelles, au plus près du plaisir féminin. Anti-voyeuriste au possible, sa caméra n’exige aucune des postures artificielles classiques du hard mais s’attache à cadrer les caresses et surtout les visages, ignorant parfois complètement  le jeu des sexes. Les dialogues sont quasi inexistants au profit de la captation des gémissements, mêlés à la bande musicale. Eux aussi abandonnent les excès artificiels du porno pour explorer une gamme sonore plus intime.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FIVE HOT STORIES FOR HER ou encore PARIS JE T'AIME .

La simplicité, on pourrait presque dire la modestie, du film d’Erika Lust en fait tout son prix. Elle lave la pornographie de ses complexes vis-à-vis du cinéma traditionnel en refusant une scénarisation complexe et le format long. Surtout, elle évite toute les performances sexuelles qui conduisent les comédiens à des surenchères expressives.

Elle a très bien résumé son cinéma d’une formule : « je veux du sexe maison ». D’où le choix des personnages, tirés du quotidien des spectateurs. Sur le plan esthétique, elle se permet même le luxe d’occulter presque continuellement le sexe masculin, emblème triomphant de la pornographie de masse. Il est très rarement filmé à l’œuvre, ce qui met fin aux gros plans de pénétrations et d’éjaculations externes. Les fellations sont furtives, détrônées par l’abondance des cunnilingus.

C’est le plaisir féminin qui est au cœur de cette démarche. Les femmes qu’Erika Lust aime filmer sont déterminées dans leur désir et prennent les commandes. Aussi peu démonstratif qu’il soit, Life Love Lust propose une convaincante alternative au porno machiste.