LOCAL HERO

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Local Hero, le troisième long métrage du cinéaste écossais Bill Forsyth (37 ans), fut présenté avec succès en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs du 36e Festival de Cannes, en mai 1983. Quelques mois plus tard, il recevait le Grand Prix du Festival du film d’humour de Chamrousse. 

Dans cette « comédie douce », comme la qualifiera son producteur David Puttnam, vous allez retrouver Burt Lancaster en Big Boss d’une grosse compagnie pétrochimique texane qui prévoit d’installer un énorme complexe pétrolier dans un petit village de pêcheurs au nord de l'Ecosse. Les tractations s’engagent et, bientôt, les villageois vont devoir choisir : gagner beaucoup d’argent en abandonnant leurs traditions et leur mode de vie ou, au contraire, protéger leur village. 

Non, seulement Local Hero est le film préféré d’Al Gore – c’est en tout cas ce que le vice-président américain, très concerné par les questions d’environnement, déclara à la journaliste de télévision Oprah Winfrey durant la campagne électorale de 2000 – mais, en plus, c’est  pour ce film que l’Ecossais Mark Knopfler, le papa de Dire Straits, composa sa première bande originale. On dit qu’elle eut plus de succès que le film !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CHOUETTE (HOOT, WIL SHRINER, 2006) (Politiciens corrompus et paysagistes véreux mettent en péril une colonie de hiboux. Heureusement, le jeune Roy veille.) ou encore BRIGADOON (1954) (Autre petit village d’Ecosse, Brigadoon ne s’éveille qu’un jour par siècle. Une menace risque de le plonger définitivement dans les ténèbres.).

Comme Les Chariots de feu, le film de Hugh Hudson sorti deux ans plus tôt, Local Hero est né d’une idée du producteur David Puttnam, déjà à l’origine des Duellistes de Ridley Scott ou de Midnight Express d’Alan Parker. Il avait lu des articles consacrés à la signature d’un contrat entre une compagnie pétrolière américaine et un petit village écossais. Jugeant intéressant d’analyser l’affrontement de ces deux cultures, il imagina une comédie à la Frank Capra ou à la Preston Sturges. « J’ai l’impression, expliqua-t-il, que la comédie n’est plus, aujourd’hui, qu’une succession de gags plutôt qu’une histoire qui, tour à tour, fait sourire, rire ou même pleurer. Pour ce type de film, Bill Forsyth me sembla le scénariste et le réalisateur idéal. »  

Véritable pionnier du cinéma écossais, Bill Forsyth avait d’abord été attiré par la littérature, jusqu’au jour où il répondit à la petite annonce d’une petite maison de production. Il eut le job, car il put prouver qu’il était le plus costaud pour porter le matériel. A quoi ça tient une carrière ! Une carrière qui, pourtant, eut bien du mal à démarrer. Aussi, dépité de ne pas trouver le financement nécessaire à ses jeunes ambitions, il prit contact avec la troupe du Glasgow Youth Theatre. Travaillant d’arrache-pied et bénévolement, empruntant le matériel à des amis ou à des sociétés amies, toute la troupe donna naissance à That Sinking Feeling, l’odyssée d’un groupe de jeune gens assez pauvres pour braquer un entrepôt rempli d’éviers ! Le succès du film, récompensé par la critique londonienne, permit à Forsyth de mener à bien son nouveau projet, Gregory’s Girl, qui recevra, en 1980, le BAFTA du meilleur scénario. Trois ans plus tard, il réalisait Local Hero. 

« Local Hero, déclara Burt Lancaster à la sortie du film en 1983, est le meilleur script que j’ai reçu depuis Atlantic City [le film de Louis Malle] », c'est-à-dire, à l’époque, depuis trois ans. On notera que durant cette courte période on l’avait surtout vu en général américain basé à Naples en 1943 dans la Peau, le film de Liliana Cavani, adapté de Malaparte ! A 70 ans Lancaster ajoutait encore : « Je ne peux travailler que sur des sujets qui m’excitent vraiment. Vous n’avez aucune idée de la nullité des scripts qu’on m’envoie. » Les choses durent s’arranger, puisqu’après Local Hero, il fit une apparition en patron de la CIA dans Osterman Weekend de Sam Peckinpah avant de retrouver son vieux complice Kirk Douglas dans Coup double, une parodie de thriller spécialement écrite pour les deux stars, autrefois surnommées : « les jumeaux terribles d’Hollywood ». Après Règlement de comptes à OK Corral ou Sept jours en mai, c’était leur septième et ultime rencontre à l’écran.

Local Hero est une ode à l’Ecosse. Avec brume à couper au couteau envahissant les hautes terres et dissimulant les petits lapins, avec maisons de pêcheurs alignées mais toutes dissemblables, avec pub et litres de whisky (garanti 42 years old) et kilolitres de pintes, ...

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