LOULOU : L'INCROYABLE SECRET

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Né de l’imagination de Grégoire Solotareff, le personnage de Loulou apparaît pour la première fois dans un album en 1989. Le succès est immédiat et l’ouvrage traduit en une douzaine de langues. D’autres albums suivront. Mais Solotareff s’intéresse aussi au grand écran et il met Loulou en scène dans un court métrage, Loulou et les autres loups, avant de créer la licorne U pour un long métrage réalisé par Serge Elissade.

Coécrit avec Jean-Luc Fromental et conçu spécifiquement pour le cinéma, Loulou, l'Incroyable secret a obtenu le César du meilleur film d’animation en mars 2014. Et il l’a amplement mérité.

Le scénario nous invite au Pays des Lapins retrouver deux amis inséparables Loulou, un loup tendance agneau, et Tom, un lapin pas crétin. Et quand une bohémienne apprend à Loulou qui se croyait orphelin que sa mère est vivante, les deux ados décident d’aller la retrouver au Pays des Loups, la principauté de Wolfenberg.Des aventures parfois périlleuses les y attendent car les deux compères débarquent en plein Festival de Carne, un rendez-vous pour les carnassiers où « un lapin dodu est un lapin foutu ».  On l’a compris : l’humour accompagne en permanence ce récit initiatique sur la recherche de l’identité et les transformations de cet âge difficile qu’est l’adolescence.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LOULOU ET AUTRES LOUPS (Un film réunissant plusieurs courts métrages dont un avec le personnage de Loulou écrit par Grégoire Solotareff) ou encore U (Un film d'animation réalisé par Serge Elissade sur un scénario de Grégoire Solotareff).

Grégoire Solotareff trouve que « dans la 3D, on est loin du dessin »  or il avait envie de faire du dessin avec « des personnages qui bougent dans l’aquarelle », il a donc choisi la 2D pour Loulou, l'Incroyable secret. De fait, plastiquement, l’univers du film est un vrai plaisir pour les yeux : la principauté de Wolfenberg est installée au sommet d’une montagne en forme de tête de loup et son village médiéval évoque l’expressionnisme allemand, l’ambiance de NOSFERATU.  Au-delà des décors, références et clins d’œil sont nombreux dans ce road-movie junior aux dialogues vifs et pleins d’esprit. Organiser le « Festival de Carne », baptiser un tailleur « Simon-Edgar Finkel », ou nommer un chien « Réservoir dog »… pas sûr que les plus jeunes saisissent les allusions, mais peu importe. « Si les enfants ne comprennent pas la totalité des choses, ce n’est pas grave, explique Solotareff. Ils apprennent des choses nouvelles. » Ils sentent qu’il y a un petit jeu de langage. Et tant mieux si ça nécessite une explication ensuite. Il y a différents niveaux de compréhension, comme il y a des niveaux d’humour.

Pour Grégoire Solotareff, «un des défauts du cinéma d’animation c’est de faire enfant au lieu de faire naturel ». D’où l’importance du casting des voix : il était hors de question de prendre des voix d’enfant contrefaites. Il s’agissait donc de trouver des comédiens susceptibles de refléter voire d’enrichir les caractères des personnages. La sélection a été faite à l’aveugle et Malik Zidi a été choisi pour porter la douceur de Loulou, Stéphane Debac pour la vivacité de Tom et Anaïs Demoustier pour le charme de Scarlett.

Et si on demande à Grégoire Solotareff pourquoi il préfère dessiner des animaux, il répond que caricaturer les humains ne l’intéresse pas. Passer par les animaux est un moyen de prendre du recul. "Vis-à-vis des enfants, explique-t-il, cela m'a permis de faire passer des thèmes compliqués, des vérités délicates. A mon avis, les animaux convoquent un imaginaire plus large."