MA LOUTE

en VOD

1910. C’est l’été, les vacances sur la Côte d’Opale. Dans la joie et la bonne humeur, la riche famille Van Peteghem va pouvoir profiter de la plage et de sa confortable villa du littoral. Pourtant de mystérieuses disparitions se produisent et suscitent l’inquiétude dans la région.

Dans un premier temps, Ma Loute pourrait passer pour une enquête policière. Fausse piste :  très vite la comédie l’emporte. Le rire est là quand surgit, par exemple, le tandem d’enquêteurs, sorte de Laurel et Hardy encore plus burlesques que nature. Mais l’humour est plus d’une fois grinçant et le film ne craint pas non plus d’aller vers le sordide et la cruauté.

Aux côtés de comédiens non professionnels, Fabrice Luchini, Valeria Bruni Tedeschi  et Juliette Binoche livrent des compositions étonnantes dans ce huitièmeme film de Bruno Dumont. Le metteur en scène reste fidèle à son cinéma soucieux d’une grande qualité formelle tout en jouant ici la carte du cocasse. La beauté des paysages et la poésie des images se conjuguent avec les gags dans cette satire qui s’en prend aussi bien à des bourgeois dégénérés qu’à une famille de pêcheurs de moules hors normes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA VIE EST UN LONG FLEUVE TRANQUILLE (Une comédie qui joue sur les différences de classes) ou encore CAMILLE CLAUDEL 1915 (Une autre réalisation de Bruno Dumont interprétée par Juliette Binoche).

« Les histoires normales ne m’intéressent plus », proclame Bruno Dumont, dont le cinéma s’affranchit de bien des conventions. La transgression occupe une place de choix dans son oeuvre. Dans Ma Loute ce thème s’illustre à travers les frontières sociales que traversent des personnages ou les tabous bravés par d’autres. Dumont aime aussi passer d’un registre, d’un genre à l’autre, tout comme Billie joue de son ambiguïté. La fantaisie burlesque (les chutes sont nombreuses) croise les envolées poétiques (littéralement) et même le drame. Exigeant et rigoureux, le cinéaste à qui on doit notamment L’Humanité et Hors Satan cultive le renouvellement d’un film à l’autre en suivant ses envies, sans concession.

« Luchini en liberté c’est une horreur », déclare en toute franchise Bruno Dumont. Le metteur en scène tenait à ce que le comédien interprète André Van Petegem mais ne s’est pas privé de le prévenir : « le cinéma que tu fais ne m’intéresse pas. » Ce qui l’intéressait, c’était sa qualité d’acteur et il voulait qu’il s’éloigne de ce qu’il est dans la vie. Il fallait qu’il soit radicalement transformé. « Ce qui m’intéressait, c’était de tous les contrarier et de révéler quelque chose en eux », ajoute Dumont à propos de Luchini, Juliette Binoche et Valeria Bruni Tedechi.

Fabrice Luchini a souffert sur le plateau de Ma Loute. « Je me suis vraiment demandé ce que je foutais là. Si je n’avais pas eu quarante ans de thérapie derrière moi, j’aurais quitté le tournage, » a-t-il confié. « Tourner avec Dumont, c’est la castration totale. Il vous fait frôler constamment le ridicule avec ce qu’il vous fait jouer et porter. ». Le comédien a dû rapidement en prendre son parti : le cinéaste n’est pas du genre à passer la brosse à reluire même à donner des indications psychologiques sur le personnage. Les choses se sont cependant améliorées quand il a accepté de marcher comme Aldo Maccione à la demande du réalisateur qui a eu la confirmation que Luchini était bien capable de jouer un « fou décadent ».

(Critique initialement parue ici ) Aisément considéré comme un des favoris pour la Palme dès l'annonce de sa sélection en compétition, le nouveau long-métrage de Bruno Dumont, qui revient après sa fantastique et saluée mini-série P'tit Quinquin (Quinzaine des réalisateurs ...

Un premier plaisir : voir Ma Loute imposé en sélection officielle et le voir représenter en partie la France dans une compétition internationale d’envergure. Imaginer l’embarras, l’incompréhension, les yeux qui s’écarquillent, l’ennui, voire quelques éclats de ...

Chaque famille a ses proverbes, et combien de fois ai-je entendu chez moi répéter cet adage : « on ne traverse pas un marais, on le contourne». Autant dire qu’en assistant à la projection du dernier opus de Bruno Dumont j’ai eu l’impression que le réalisateur me faisait ...