MA PETITE ENTREPRISE

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Un incendie dans une menuiserie, ça n’est jamais une très bonne nouvelle pour le propriétaire de ladite menuiserie et du bois qui va avec. Il suffit d’appeler l’assurance direz-vous... sauf que dans ce cas précis, c’est l’assureur qui a oublié d’assurer.  Gros stress professionnel en perspective donc pour Vincent Lindon. D’autant que pour l’aider à s’en sortir, il ne peut compter que sur l’assureur qui vient de l’arnaquer de la sorte, François Berléand, et le nouvel homme de son ex-femme, Roschdy Zem.
Bon, Pierre Jolivet et Vincent Lindon, c’est une affaire qui marche. Que ce soit dans leur précédent film ensemble, Fred, ou bien ici, Lindon incarne parfaitement l’homme presque désabusé qui résiste malgré tout à la malchance. Mais il n’est pas tout seul: il a, à ses côtés, deux partenaires  de grand luxe et en pleine forme: François Berléand en assureur ripou, orphelin depressif à tendance russophile, et Roschdy Zem, alors imbattable en mec qui s’est remis avec bonne humeur de toutes les adversités. Et ce qui ne gâche rien, c’est que tous ces hommes ont en face d’eux des alter-égales pleines de vigueur et de surprises, j’ai nommé Catherine Mouchet (qui fut la Thérèse d’Alain Cavalier) and Zabou Breitman (qui fut simplement Zabou à ses débuts) -- c'est d'ailleurs avec ce film qu'elle inscrivit pour la première fois son nom de famille au générique.
Et bien sûr, et peut-être d’abord, Ma Petite Entreprise, c’est une sacrée chanson de Bashung. Un tube composé en 94 et qui n’a donc pas été écrit pour le film. En revanche, le reste de la musique du film l’a été -- vous me direz, c’est la moindre des choses pour une musique de film. Et donc elle est, elle aussi, signée Bashung, la musique, du film.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ASSOCIATION DE MALFAITEURS (Autre comédie avec cambriole dans le monde des affaires) ou encore LES GRANDES GUEULES (Pour le thème du bois; ça se passe dans une scierie dans les Vosges).

Pierre Jolivet, auteur-réalisateur, et Simon Michaël, scénariste, apparaissent l'un et l'autre à l'écran, brièvement, sous la forme de flics de passage. Ils travaillent souvent en tandem et ça leur réussit plutôt puisqu’ils ont ensemble signé une demi-douzaine de films. Une collaboration débutée avec Fred en 1997, avec déjà François Berléand et Roschdy Zem au second plan et Vincent Lindon dans le rôle-titre. En 99, c’est cette Petite Entreprise, puis Le Frère du guerrier en 2002, un conte médiéval où l’on retrouve, tiens tiens, Lindon et Berléand (et aussi Guillaume Canet). En 2005, ce sera Zym and Co, petit film ensoleillé sur la banlieue, où on reste carrément en famille cette fois, puisque le rôle de Zym est tenu par le fils de Jolivet, Adrien. En attendant 2007, et Je crois que je l’aime, avec, vous ne devinerez jamais?, si, Vincent Lindon et François Berléand (et aussi Sandrine Bonnaire et Kad Merad)
En 2008, la boucle sera bouclée bien rond avec La Très Très Grande Entreprise, une nouvelle histoire de cambriole industrielle, qui fait bien sûr référence et clin d'oeil à la Petite de 99. Cette fois, il n’y a pas Vincent Lindon ni François Berland au générique, mais il y a Roschdy Zem. L’honneur est sauf.
Auparavant (et parfois même après), Simon Michaël aura exercé le métier de scénariste essentiellement pour Claude Zidi. Sa carrière ayant débuté en 84, avec un film devenu un classique de la comédie française; "réalisé par Claude Zidi, je réunis Philippe Noiret et Thierry Lhermitte en haut de mon affiche, je suis?, je suis?..." Les Ripoux. D’ailleurs, en 87, toujours pour Claude Zidi, Simon Michaël cosignait avec Didier Kaminka le scénario d’une comédie qui voyait là aussi des entrepreneurs s’essayer aux métiers de la cambriole; "sur une musique de Francis Lai, je réunis Jean-Pierre Bisson, Veronique Genest, Claire Nebout, Christophe Malavoy et François Cluzet, je suis... je suis?..." Association de malfaiteurs.
Et en 91, le même trio Zidi-Kaminka-Michael signait, signait?, oui, La Totale! avec Lhermitte, Miou Miou et Eddy Mitchell. Un film qui deviendrait en 94 le True Lies de James Cameron avec Arnold Schwarzenegger et Jamie Lee Curtis.
Pour Zidi, il signera encore Ripoux contre Ripoux,  Profil Bas, La Boite et Ripoux 3.
Maintenant, si vous vous intéressez plutôt au bois qu’à la branche, alors il est temps d'évoquer ces Grandes Gueules de Robert Enrico en 66, avec Bourvil et Ventura qui se retrouvent dans l’Est, le vrai (une scierie dans les Vosges), sur une histoire brute écrite par José Giovanni.
Ou alors, plus au nord, nous avons le Lièvre de Vatanen, autre belle histoire d’homme et de forêt, adaptée de l’excellent auteur finlandais Arto Paasilinna, spécialiste des histoires de héros solitaires réapprenant la vie dans les forêts du grand Nord. Un livre adapté pour la première fois en 77 par Risto Jarva. Soit un retour vivifiant à une vie plus sauvage, qu’on peut rapprocher de l’histoire, certes moins joyeuse, racontée par Sean Penn en 2007 dans Into the Wild, film qui mérite toujours autant de compliments.