MAMMUTH

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Dans Mammuth, road-movie joyeusement mélancolique,  « gros Gégé », alias Gérard Depardieu, est à presque contre emploi de ses rôles habituels  beaucoup plus gargantuesques. Soit un retraité de 120 kilos au cœur sensible, doté d’une chevelure à la Lady Godiva  qui part sur les routes de Charente sur sa vieille moto cabossée. Son but : retrouver tous ses anciens employeurs afin de récupérer des bulletins de salaire  qui lui permettront, peut être, d’obtenir enfin une toute petite, misérable et décadente retraite.  

En chemin, Serge Pilardosse alais Mammuth (c’est son surnom) va faire quelques rencontres bigarrées. Dont quelques guests parmi lesquels Benoit Poelvoorde en « concurrent », Anna Mouglalis en « fausse handicapée » , le dessinateur Siné en "viticulteur", Bouli Lanners en« recruteur »  et surtout, Isabelle Adjani en « amour perdu » que l’on avait pas vu aussi belle et émouvante sur un écran depuis la Gifle et les Sœurs Bronte!  Sans compter l’apparition  du chanteur populaire hollandais des années 70 Dick Annegard en « gardien de cimetière ». 

Avec leur univers bardé de gueules cassés par la vie, d’échappées poétiques  dans un quotidien compliqué, de constat amer d’une société de plus en plus déshumanisée et d’apartés oniriques à l’esprit on ne peut plus belge, Kervern et Delépine sont désormais considérés comme de vrais auteurs à part entière au sein du cinéma français.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BIENVENUE MISTER CHANCE (Dernier grand rôle de Peter Sellers dans cette fable sociale signée Hal Ashby sur les aventures délirantes d'un jardiner analphabète.) ou encore EASY RIDER (Un témoignage sur l'Amérique de la fin des années 60 à travers le parcours de bikers traversant les Etats Unis sur leurs motos.).

Quand ils ne Groland-isent pas sur Canal Plus, Gustave Kervern et Benoît Delépine tournent des films très personnels pour le cinéma. Non pas des  potacheries populaires comme Camping ou Les Tuche, mais de petites comédies sociales à l’humour  engagé. Voir leurs précédents longs comme Aaltra, Avida et Louise Michel  qui évoquent aussi bien les peintures de Dali que le surréalisme belge, les vieilles pages d’“Hara Kiri” et  les délires éthyliques des films d’Aki Kaurismaki, un de leurs cinéastes à penser. Des références qui n’ont pas empêché  les deux trublions de créer leur propre style via un filmage bardé de plans fixes et un humour étrange navigant entre drôlerie et mélancolie et dont Mammuth est un parfait exemple.  

Dans Mammuth, le personnage incarné par Gégard Depardieu croise le chemin de sa nièce interprété par une certaine “Miss Ming”. Suite à une rencontre de hasard avec Benoit Delépine en 2005, cette doctorante en arts plastiques qui exprime sa poésie inné à travers des films d’animation et autre clips bricolés, est devenue ambassadrice virtuelle de Groland en créant le personnage de “Grogirl”, équivalent grolandais de notre Marianne national.  

Budgété pour seulement  2,5 millions d’euros, Mammuth est, des huit films tournés par Gustave Kervern et Benoît Delépine entre 2004 et 2018,  leur plus grand succès en salles avec plus de 800 000 spectateurs. Bonne affaire également pour Gérard Depardieu qui, ayant accepté de tourner sans cachet,  a été payé en intéressement avec un certain pourcentage sur les entrées du film.  

Comique, poétique, politique, le film se débarrasse assez vite de son fil directeur (brûlant) d'actualité pour ne se concentrer que sur les pérégrinations de Serge Pilardosse dit Mammuth dans cette Charente-Maritime quasi-désertique. Un rôle taillé sur-mesure pour Gérard ...

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