Nous n'avions pas souvent vu Dennis Hopper comme cela, lui qui sera quelque huit ans plus tard le représentant emblématique de toute une génération rebelle, dans la peau de Capitaine America, juché sur sa Harley, traversant d'Ouest en Est l'Amérique des sixties dans Easy rider. Dennis Hopper il est vrai a débuté au cinéma parce qu'il était l'ami de James Dean, qui lui obtiendra de petits rôles dans La Fureur de vivre et Géant. Avant de se distinguer dans Règlements de comptes à OK Corral ou Luke la main froide. Passant à la réalisation, et malgré le triomphe de son premier film, Easy rider, ode libertaire s'il en est, à l'image de sa chanson la plus célèbre, Born to be wild (tout un programme), le cinéaste rentrera peu à peu dans le rang une fois retombée la vague post-soixante huitarde, signant des films de bonne facture mais qui ne tranchent pas avec la même insolence de la production courante, Colors ou Hot spot. Parallèlement Hopper continuera à faire l'acteur, ajoutant à sa filmo quelques rôles inoubliables, au premier rang desquels celui du journaliste de Apocalypse now. On connaît moins bien Linda Lawson, qui incarne la sirène, dont la carrière a assez peu débordé de la télévision, en dépit de quelques belles exceptions, dont le second film réalisé par Paul Newman, Le Clan des irréductibles. Elle restera néanmoins à jamais la ténébreuse sirène de Marée nocturne. Une profession ou plutôt un état dont le cinéma se plait à célébrer les attraits. Et pas seulement le cinéma d'animation, à travers La Petite sirène ou Shrek 2. Puisque ces séductrices des mers apparaissent également dans Lucie et le sexe de l'Espagnol Julio Medem ou dans quelques films fantastiques anglo-saxons comme Les Aventures du baron de Munchausen, Splash, Tarzan et les sirènes. Sans oublier quelques blockbusters récents comme Harry Potter et la coupe de feu ou Les Chroniques de Narnia. Le réalisateur de ce film étrange se nomme Curtis Harrington. Cinéaste précoce (on lui doit une adaptation de La Chute de la maison Usher à l'âge de quatorze ans), auteur de courts métrages d'avant-garde qui lui assurent une jolie réputation, il passe au long métrage grâce à Roger Corman. Marée nocturne est son premier film. Il sera suivi d'une dizaine d'autres, dont la plupart ne quitte pas les rives du thriller fantastique, à l'image de celui qui restera son plus grand succès: Qui a tué tante Roo ? Mélangeant les genres avec conviction, respectant les codes du cinéma fantastique mais y mêlant des considérations psychologiques, Harrington a imprimé sa marque d'artisan...