MARIAGE TARDIF

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Bon, déjà ça part mal : s'appeler Zaza et être un garçon, y a mieux ! Ensuite, arborer d'étonnantes chemises jaunes à longueur de temps, ce n'est pas du plus sensuel. Pas étonnant sans doute que Zaza n'ait pas encore réussi à trouver une épouse. C'est en tout cas ce que pensent ses parents, lesquels mettent toute leur énergie à organiser de véritables auditions pour leur célibataire de rejeton.

En bon fils de famille israélienne, Zaza joue le jeu. Mais il cache un secret qu'il sera de plus en plus difficile de dissimuler : il aime déjà une femme, Judith. Une explosive marocaine, divorcée et mère de famille… Le premier film de Dover Kosashvili est une épatante comédie où l'on rit beaucoup mais où l'on aborde aussi des problèmes plus profonds qui sont au cœur de la société israélienne contemporaine. 

A vous de les identifier et de les partager car après tout, les faux semblants des apparences et le poids de la tradition n'ont pas de frontières…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GARCON D'HONNEUR (Un bon fils se doit de rendre fiers ses parents, surtout dans des sociétés aussi traditionnelles qu'à Taiwan ou en Israel. Mais quand l'un est homosexuel et l'autre amoureux d'une Marocaine, les choses se gâtent !) ou encore MARIAGE MIXTE (Le souci avec les familles juives, c'est qu'elles veulent régenter la vie de leurs enfants, jusqu'à choisir leur mari ou leur femme !).

Dover Kosashvili est un des fers de lance du nouveau cinéma israélien. Historiquement, le 7e art a été pensé et utilisé comme un vecteur de cohésion nationale par l'Etat hébreu. C'était une volonté culturelle mais surtout politique, assumée par Ben Gourion dès les années 50. Les films produits à cette époque exaltaient l'idée de l'unité, de la nation et de la résistance face au péril arabe.

Ce n'est que bien plus tard que des metteurs en scène israéliens ont osé montrer autre chose. Amos Gitai a été l'un des pionniers, s'offrant avec Kadosch en 1999 l'incroyable et irremplaçable tribune du festival de Cannes pour diffuser dans le monde entier ses images et ses idées. D'autres sont venus ajouter leur pierre à l'édifice d'un cinéma israélien moderne : l'actrice et réalisatrice Ronit Elkabetz ou plus récemment Ari Folman dont l'époustouflant film d'animation Valse avec Bashir réveillait autant les consciences que les fantômes de la guerre au Liban… Kosashvili est dans la droite ligne de cet héritage mais il a su s'en affranchir et suivre sa propre voie. Mariage tardif est un premier film qui, sous le couvert d'une comédie familiale un peu triviale, cache en fait un message beaucoup plus pernicieux, voire politique, sur la société israélienne d'aujourd'hui.  Zaza et les siens sont étouffés, oppressés par le poids des conventions et des traditions.  Se marier n''est pas un acte d'amour mais le passeport indispensable pour faire partie de la norme et donc être accepté.

Quant aux valeurs soit disant millénaires de la vertu, de la fidélité et du partage, elles sont constamment bafouées par les petits arrangements avec la morale. Bien sur, ce sont surtout des artistes de gauche qui mènent ce combat-là, (affrontant au passage des sujets interdits comme l'homosexualité), mais il commence à déborder largement du simple cadre confidentiel des salles d'art et essai de Jérusalem ou Tel-Aviv, grâce à des films comme Mon trésor, Les sept jours, Yossi et Jagger ou Les citronniers.