MÉDECIN DE CAMPAGNE

en VOD

Peut-on être à la fois médecin et cinéaste ? Dans le cas de Thomas Lilti, la réponse est oui sans l’ombre d’une hésitation.  Quoi de plus naturel d’ailleurs quand dans une filmographie qui compte pour l’instant trois films, deux sont ouvertement consacrés à des univers médicaux ? Ce fut d’abord Hippocrate en 2014 avec Vincent Lacoste et Reda Kateb dans les rôles principaux puis deux ans après Médecin de campagne. Le premier s’intéressait au milieu hospitalier, le second comme l’indique explicitement son titre balzacien se penche sur la médecine rurale et les difficultés qu’elle rencontre actuellement.

Liliti dresse ici le portrait imaginaire de Jean-Pierre Werner, un médecin de campagne sur qui ses patients peuvent compter jour et nuit, 7 jours sur 7. Mais, malade à son tour, il voit débarquer pour le suppléer dans son cabinet ses visites à domicile une toute jeune diplômée venue du milieu hospitalier, Nathalie. De cette rencontre improbable vont naître d’abord des étincelles parce que le médecin de campagne sans se l’avouer se croit irremplaçable. Mais progressivement, la situation évolue. Par nécessité mais également parce que le vieux fauve n’est pas si hostile que cela.

Pour incarner son médecin, Thomas Lilti a choisi François Cluzet. Si le scénariste-réalisateur n’écrit pas en pensant à des acteurs en particulier, le choix de Cluzet s’est imposé comme une évidence une fois le scénario terminé. « Je voyais, raconte Lilti, une corrélation très nette entre l’image qui se construisait dans ma tête (c’est à dire un mélange de mon imagination et de médecins que j’ai connus) et lui, François Cluzet. » Et le cinéaste d’ajouter qu’ensuite il a trouvé en Marianne Denicourt sa Nathalie idéale pour en quelque sorte jouer une partition à deux voix, d’abord dissonnante et plus mélodieuse ensuite.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DOCTEUR FRANÇOIS GAILLAND (Tout comme lie personnage joué par François Cluzet, celui d'Annie Girardot est un médecin confronté à sa propre maladie.) ou encore "KNOCK" (Le célèbre médecin incarné à l'écran par Louis Jouvet était aussi un médecin de campagne mais d'un genre très particulier...).

En digne héritier artistique des médecins de Molière notamment, le cinéma français a depuis sa naissance ou presque cultivé un goût immodéré pour les figures médicales des plus sérieuses au plus cocasses et nombre de grands acteurs ont dans leur filmographie joué un voire plusieurs médecins illustres ou non.
Le plus fictif mais peut-être le plus célèbre d’entre eux reste peut-être ce diable de Docteur Knock incarné à deux reprises par Louis Jouvet au cinéma.
Comme si ce personnage qui fait tout à la fois trembler et rire représentait à lui tout seul les sentiments mélangés des spectateurs à l’égard d’une profession que l’on admire autant que l’on craint.

Dans Sept morts sur ordonnance que Jacques Rouffio réalisa en 1975 d’après un fait divers bien réel, ce sont pas moins de trois stars masculines hexagonales qui endossent les habits de chirurgiens à la fois réputés et sulfureux.
Charles Vanel, Michel Piccoli et Gérard Depardieu, trois générations d’acteurs, trois monstres sacrés pour servir cette sombre histoire de rivalités professionnelles et de manipulation.
Ce casting prestigieux ne doit rien au hasard, il révèle au contraire la volonté de faire se rencontrer la notoriété fictionnelle de ces trois médecins et la notoriété bien réelle de ces trois acteurs. Des médecins-rois en quelque sorte.

Et comment ne pas penser au film de François Truffaut, L’Enfant sauvage dans lequel le cinéaste n’hésite pas à se mettre en scène. Il joue le rôle d’un médecin bien réel, le docteur Itard, qui entreprit, comme le raconte le film, d’éduquer un jeune garçon privé de tout durant ses premières années.
Médecin et cinéaste, le parallèle a manifestement été voulu et organisé par Truffaut.
Comme le docteur engagé dans son combat pour transformer son jeune patient, le cinéaste transforme assurément une matière brute, dirige des acteurs qui sont comme des patients et vise à obtenir sinon une guérison du moins une satisfaction de ses spectateurs.
Le cinéma comme une bonne médecine ? Et après tout, pourquoi pas ?

Médecin de campagne ou comment décrire avec une certaine clairvoyance (ou une clairvoyance certaine, c'est comme vous préférez) le quotidien d'un médecin de campagne condamné. Thomas Lilti après son retentissent Hippocrate, centre de nouveau son film sur la médecine, ...

A ceux qui font tellement plus que soigner. Ceux qui, non contents d'être des esprits brillants, des intelligences vives qui comprennent la grande machinerie du corps humain, savent que c'est avant tout au cœur qu'il faut s'adresser. A ces médecins qui ont intégré qu'une oreille ...

Critique éditée le 14 Février 2024Je vais vous emmener dans un petit village du Vexin où certains personnages accomplissent un véritable sacerdoce, être "médecin de campagne". Comme dans beaucoup de cantons de province la pénurie de docteurs se fait cruellement ...