MERVEILLES À MONTFERMEIL

en VOD

Puisque la banlieue est un territoire en périphérie des grandes villes, pourquoi ne pas considérer que le meilleur moyen de la filmer est de faire un pas d'écart, se tenir à distance des pistes usuelles pour la raconter ? 

Pour son premier film de réalisatrice, Jeanne Balibar a poussé ce contrepied jusqu'à jouer à saute-mouton avec la plupart des conventions : Merveilles à Montfermeil a beau être une immersion dans la banlieue parisienne la plus stigmatisée médiatiquement, le plan mis en place par Balibar est celui d'une utopie joyeuse et foutraque. 

Du casting embrassant acteurs confirmés, d'Emmanuelle Béart à Bulle Ogier et habitants de Montfermeil invités à participer activement, au programme d'une équipe municipale fictive portée sur le bien être des administrés, c'est le goût d'une utopie citoyenne, comme d'une sympathique anarchie, qui s'affiche dans cette comédie pratiquant une politique réjouissante : avec le sens de l'humour mais aussi celui de l'humeur vagabonde.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ALICE ET LE MAIRE (Un autre film se passant dans les coulisses d'une mairie) ou encore L'ARBRE, LE MAIRE ET LA MÉDIATHÈQUE (Dans ce film d'Eric Rohmer comme dans Merveilles à Montfermeil, un programme municipal innovant est mis en place.).

En 2007, Rabah Ameur Zaïmeche propose à Jeanne Balibar un rôle dans Dernier Maquis, son film ayant pour décor une zone industrielle dans les environs de Montfermeil. Les scènes tournées et l'actrice ne figureront pas dans le montage final, mais Balibar aura eu le temps de côtoyer la ville et ses habitants qui lui laisseront un souvenir durable. Il ricochera au gré des années sur les faits divers s'y déroulant et les multiples annonces de plans gouvernementaux en faveur de la banlieue qui ne correspondent pas à l'expérience qu'en a faite l'actrice.

Dix ans et deux courts-métrages réalisés plus tard, Balibar décide d'écrire le scénario d'un long sur fond de quotidien d'une équipe municipale. Elle pense dans un premier temps le situer à Villeurbanne en banlieue lyonnaise mais se rabat sur Montfermeil. Pas question pour autant d'y porter le même regard cru ou alarmiste des autres films français sur ce territoire, le présentant en poudrière. Merveilles à Montfermeil se veut bien plus un feu d'artifices pétillant.  

Pour trouver la pierre angulaire de sa distribution, une maire aussi engagée que loufoque, elle cherche une comédienne qui aie à la fois en elle, une fibre militante et un brin de folie. Ce sera Emmanuelle Béart qu'elle contacte après l'avoir entendu en émission de radio ou ses réponses manifestaient à la fois ses idéaux et son caractère tranché. Le ton, libre, du film devra beaucoup au travail fait en amont sur place, dans des ateliers de musicothérapie et de travail sur les corps, qui permettra à Balibar de recruter parmi les habitants de nombreux figurants et seconds rôles. 

Pour autant, Merveilles à Montfermeil a été tourné en grande majorité à... Clichy-sous-bois. Les deux villes ont longtemps été rapprochés au sein d'une communauté d'agglomérations, mais, fidèle à son militantisme, Balibar a préféré poser ses caméras dans une municipalité de gauche, celle de Montfermeil étant gérée par un maire de droite, confirmant, même si son film prend souvent la tangente d'une comédie azimutée, un cap politique gardé de bout en bout.