MES CHERS VOISINS

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Voilà un film dont il n’est pas aisé de définir le genre, tant il se régale à brouiller les pistes et à multiplier les points d’inflexion. C’est évidemment une comédie de mœurs où sont stigmatisés les comportements pour le moins étriqués de toute une communauté – c’est le titre original du film – de copropriétaires, un microcosme foutraque qui n’est mû que par l’appât névrotique du gain.  Mais c’est aussi une fable sur l’argent, l’argent qui rend fou. Fou, le film l’est assurément, qui nous offre de belles plages de burlesque, alors que les protagonistes sont pris dans une spirale qui va s’accélérant jusqu’au dénouement, magistral pied de nez au politiquement correct, comme il se doit. Mes chers voisins est enfin, et pas seulement pour mémoire, un film d’horreur. On a beau rire, parfois jaune, on a beau trépigner dans son fauteuil, le fond de l’air effraie. Les premières images, qui nous révèlent la mort ancienne d’un homme, qui n’est plus qu’un cadavre pourrissant au milieu des ordures accumulées, est comme le point d’orgue d’une vision au fond apocalyptique du monde.

De fait Mes chers voisins est un film sur l’enfermement. Nous ne quittons que par intermittences le cadre clos et somme toute anxiogène de cet immeuble madrilène où se débattent les personnages. Le réalisateur joue d’ailleurs à merveille de cette claustration, de la difficulté à sortir, à s’évader pourrions-nous dire de cet immeuble de tous les dangers. Mais bien sûr l’enfermement est aussi individuel, il est dans les têtes. Car les idées des êtres qui peuplent cette moderne cour des miracles ne volent pas bien haut. Amertume, violence, cupidité, cocufiages et manipulations en tous genres sont en effet le lot quotidien de ces maudits emblématiques d’un monde qui s’effondre.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RESERVOIR DOGS (C'est le meme melange de comedie grinçante, d'horreur et de film d'action) ou encore ROSEMARY'S BABY (Tous les occupants d'un immeuble se liguent contre une jeune femme, dont on se demande si elle est parano ou victime).

Alejandro de la Iglesia Mendoza, plus connu sous le nom d’Alex de la Iglesia n’est pas, en dépit de son nom, un homme d’église. Mais c’est une personnalité hors du commun. De dit-on pas qu’il est l’auteur d’une bande dessinée à l’âge de dix ans A A la fac, l’enfant prodige se lance dans des études de philosophie, qu’il délaisse rapidement au profit du ciné-club. La passion du cinéma ne le quittera pas. Il réalise un court métrage, qui ne laisse pas Pedro Almodovar de glace. Le cinéaste, coqueluche du nouveau cinéma espagnol, lui offre d’ailleurs de produire son premier long. Ce sera, en 1992, Action mutante, qui déjà mêle pour notre plus grand plaisir la comédie et l’horreur, pour ne pas dire le gore.  Le film trouve son public et récolte plusieurs nominations aux Goya, les César ibériques. Suivront d’autres perles du même acabit, comme Le Jour de la bête, Perdita Durango ou Le Crime farpait. Avant que le cinéaste ne récolte les lauriers de son aura désormais internationale et signe avec Crimes à Oxford un premier film en langue anglaise. En 2011 Balada Triste, raconte l’histoire tragique de deux clowns sous le régime franquiste. Un exercice de style qui souligne l’absolue maîtrise du cinéaste. Désormais Alex de la Iglesia fait partie des grands. L’égal d’un Guillermo del Toro ou d’un Peter Jackson, voire d’un  Quentin Tarentino, dont il partage visiblement l’univers fantasmatique, référentiel, violent et risible à la fois.

Mais ce serait criminel de se quitter sans dire un mot de Carmen Maura, qui trouve ici l’un de ses meilleurs rôles. L’un des plus fous sans doute, même si la comédienne est une habituée des films d’Almodovar, de Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier, en 1980 jusqu’à Volver 26 ans plus tard, en passant par Matador, Femmes au bord de la crise de nerfs et autre Loi du désir, où elle campe un travesti avec une mâle autorité.  Mais la très pétulante et très ibérique comédienne n’hésite pas à traverser régulièrement les Pyrénées. On a pu la voir dans la peau d’Anne d’Autriche, qui comme chacun sait était espagnole, dans Louis enfant roi ou encore dans Le bonheur était dans le pré. Plus récemment dans Escalade ou encore Chicas. Sans oublier qu’elle incarne Concepción Ramirez, l’une des Femmes du 6ème étage dans cette comédie sentimentale de Philippe Le Guay. A l'origine du projet de la Iglesia, c’est un homme qui devait être au centre de l’intrigue. Après avoir assisté au show de Carmen, avouez que cela aurait été dommage…

Un film dans le style petits meurtres entre voisins, décalé, bourré d'humour noir. La première partie a du mal à se mettre en place, mais la suite est magistrale. Mention spéciale au no life trentenaire, véritable avatar de Dark Vador, surtout quand la "force" est avec ...

Dès le générique, le style "made in hollywood" se fait sentir, ainsi qu'une touche déjantée propre aux cinéastes amoureux des genres (comédie, drame, gore, nanar) . Vraiment déjantée, on sent tout de suite qu'on va passer un bon moment, comme avec Tarentino. Le reste ...

Pour Alex De La Iglesia, il suffit qu'un vieux casse enfin sa pipe pour mettre toute la copropriété en émoi. Oh, pas parce qu'il était particulièrement apprécié ou qu'il était gentil, hein. Non, seulement parce que les habitants de cet immeuble délabré ont enfin la possibilité ...