MOLLY, L'INGÉNUE PERVERSE

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Réalisé en 1976 par le Suédois, Mac Ahlberg, Molly, l'ingénue perverse a été vendu comme une modernisation porno des aventures de Moll Flanders de Daniel Defoe. Argument purement publicitaire pour ennoblir une charmante série B cousue des fils blancs d’un roman sentimental léger.

En réalité, il s’agit des peines de cœur d’une jeune Suédoise, Molly, partie avec sa cousine Eva se changer les idées chez des amies de la côte d’Azur. Les nombreux flash-backs, raccommodés par sa voix off, nous font comprendre qu’elle a accepté d’épouser Robin, garçon gentil et prévenant, éperdument amoureux d’elle mais très empoté, pour ne pas dire impuissant. Or Molly préfère de loin le frère de celui-ci, Peter, playboy mondain et moustachu n’aimant rien tant que d’organiser des partouzes décontractées dans sa garçonnière. Eva et ses amies vont essayer de la divertir avant son retour à Stockholm.

La pornographie a ceci de commun avec les romans d’Harlequin qu’elle n’aime guère le tragique. Aussi la nuit de noces apportera le dénouement idéal à cette situation délicate. Les scènes hard s’enchaînent dans une belle régularité, rythmées par les accords  d’Olivier Toussaint et Paul de Senneville, célèbres pour leur B.O. d’Un linceul n'a pas de poches de Jean-Pierre Mocky.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FLOSSIE (Autre porno suédois de Mac Ahlberg construit sur une voix off et des flash-backs.) ou encore JE SUIS À PRENDRE (un porno de Francis Leroi (1978) avec une autre jeune mariée dans un contexte libertin mais plus pervers.).

Sous le pseudonyme de Bert Torn se cache Mac Ahlberg, l’un des pionniers du cinéma érotique suédois, auteur de quelques succès comme Moi une femme et Poupée d'amour, puis passant à la pornographie en 1974. Il est le cinéaste attitré de la blonde et craquante Marie Forsa, aperçue dans les Contes immoraux de Borowczyk et Le Château des messes noires de Joe Sarno. Tandis que la ténébreuse Christina Lindberg était l’interprète parfaite d’un érotisme nordique plus grave, voire inquiétant, Marie Forsa prêtait son corps juvénile à la pornographie plus frivole de Mac Ahlberg. Molly fut à la fois le dernier rôle important de la comédienne et le dernier film suédois du cinéaste qui fit ensuite une conséquente carrière de chef-opérateur aux Etats-Unis, notamment pour John Landis.

Coproduction franco-suédoise, Molly voit son casting enrichi par quelques étoiles filantes du cinéma porno hexagonal comme Muriel Vidal, qui tourna une dizaine de films en 1975 et 1976, parmi lesquels L'Essayeuse de Serge Korber. A noter aussi la présence virile d’André Chazel, comédien de théâtre et second rôle qui trouva le vedettariat grâce à la pornographie. Acceptant très souvent des rôles soft en France, il donnait davantage de sa personne sur les tournages étrangers, comme dans MOLLY ou encore dans les parodies d’espionnage danoises de Werner Hedman comme Les Filles du Scorpion.

Notons encore la présence secondaire d’Eric Edwards, star du porno américain. Mais le point fort de Molly est la très gourmande Lady Fleming, interprétée par sa consoeur Darby Lloyd Rains. Elle avait, comme Edwards, débuté dans des loops au début des années 70. Son goût évident pour le sexe, ses capacités dramatiques en firent une actrice de tempérament, appréciée par Gerard Damiano et Radley Metzger, qui lui offrit son meilleur rôle dans Naked Came the Stranger. Elle abandonna le métier à l’arrivée de la vidéo en 1980. Elle était connue pour prodiguer de magnifiques fellations. Conscient de cette réputation, Mac Ahlberg soigne soudain le cadre, mettant en valeur les prouesses buccales de Darby Lloyd Rains, qui se démène avec deux partenaires excités dans une vaste baignoire, sans nul doute la plus belle scène du film.