MON ONCLE BENJAMIN

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Notre sujet du jour : « Qu’est-ce qu’un épicurien » ? Si on se réfère à la définition très officielle du dictionnaire, c’est une personne dont le fonctionnement moral  la pousse à rechercher le plaisir et la satisfaction à tout prix. Bref, au propre comme au figuré : un jouisseur !

Ca tombe bien, car ça colle parfaitement avec le scénario du film d’Edouard Molinaro que vous allez découvrir. Jacques Brel y est Benjamin Rathery, médecin de campagne sous le règne de Louis XV, dont le but ultime est de profiter des charmes voluptueux de la belle Manette. Mais la demoiselle entend bien résister à notre coureur et trousseur de jupons, tant que celui-ci ne lui passera pas la bague au doigt !

Farce paillarde au premier abord, étude sociale passionnante ensuite, sur un 17e siècle peut-être pas si éloigné de notre 21e, le film se regarde comme un spectacle enlevé et se déguste comme un de ces plats très relevés, parfois épicés dont raffolait Epicure, ce poète grec de l’antiquité, fondateur de la fameuse école qui lui a survécu…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE RETOUR DE CASANOVA (Les grands séducteurs ont parfois du tort avec leurs "proies", surtout quand il s'agit de belles ingénues ! Brel et Delon en font la cruelle expérience...) ou encore BEAUMARCHAIS L'INSOLENT (Molinaro aux manettes de ces deux films sur le règne de Louis XV. Etude acide et frivole sur un système finissant...).

Quand on prononce le nom de Jacques Brel, ce sont évidemment des titres de chansons qui viennent en premier à l’idée. Amsterdam, Ne me quitte pas, Quand on a que l’amour ou La valse à mille temps : le poète belge a laissé derrière lui une œuvre immense, célébrée depuis plus d’un demi-siècle sur tous les continents. Mais, l’ambassadeur du plat pays (qui était le sien) s’est aussi illustré sur grand écran.

Dans Mon oncle Benjamin que vous venez de voir, sa présence, son bagout et son naturel sautent aux yeux. Brel, c’était une nature, un tempérament, une présence sur scène. Silhouette, gestuelles, regards : assister à l’un de ses concerts, c’était un vrai spectacle en soi. Au cinéma, quelques réalisateurs ont osé dépasser l’idée qu’un tel géant du music-hall puisse se plier aux règles du 7e art. Pour André Cayatte dans Les risques du métier Brel est ainsi devenu un instituteur accusé de viol par une de ses élèves… Dans L’aventure c’est l’aventure de Claude Lelouch, il est un gangster entouré de Lino Ventura et Charles Denner. Mais Edouard Molinaro est sans doute celui qui lui aura donné à interpréter une partition à la mesure de sa démesure. En 1969, Mon oncle Benjamin, c’est presque du show : gaudriole, dialogues crus, gags et cascades : rien ne manque ! En 1973, le tandem se reforme pour ce qui sera d’ailleurs le dernier long métrage de l’artiste belge : L’emmerdeur. Immense succès public, le film repose sur le binôme Brel-Ventura, le second étant un tueur professionnel dont le contrat va être pollué par le premier, dépressif suicidaire qui lui tombe sur les bras ! Une mécanique imparable, écrite par un futur spécialiste du quiproquo : Francis Veber…

Après cet ultime tour de piste devant une caméra, Jacques Brel, (qui avait déjà fait ses adieux à la scène en 1967 et qui était lui-même passé par la mise en scène en 1971 et 73), se détournera peu à peu d’un métier dot il pense avoir fait le tour. C’est dans sa retraite des îles Marquises en Polynésie qu’il terminera ses jours, emporté par la maladie en 1978…

C'est durant le règne de Louis XV que Benjamin, médecin de campagne, éternel coureur de jupons et anti-mariage exerce son métier, mais surtout multiplie les conquêtes malgré une qui lui résiste et qui ne veut que le mariage. Déjà, je me suis tout le long posé la question ...

Ce film est un monument libertaire, un peu comme si les valseuses avaient été croisé avec un film en costume sur le 18ème ! Jacques Brel est un médecin de campagne queutard et indépendant. Il abhorre la bourgeoisie, le clergé mais surtout la noblesse mais se permet d'honorer ...

Voici le portrait d'un médecin de campagne libertin et bon vivant sous le règne de Louis XV, qui exerce bien son métier mais qui n'oublie pas de trousser les filles. C'est un hymne à la vie épicurienne d'après le roman satirique de Claude Tillier publié en 1843, livre qui ...