MOULIN ROUGE !

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Face à un Moulin Rouge en carton-pâte, mais plus vrai que nature, et précédés par les vraies danseuses du célèbre cabaret parisien, c’est dans une ambiance particulièrement festive que Baz Luhrmann, Nicole Kidman et Ewan McGregor gravirent les marches du palais des festivals ce 9 mai 2001, pour la soirée d’ouverture du 54e festival de Cannes.

Déjà présent sur la Croisette neuf ans plus tôt, dans la section Un certain regard pour son premier film, Ballroom Dancing, l’Australien Baz Luhrmann y fait donc un retour remarqué pour Moulin Rouge, la folle histoire d’amour entre Satine, une fascinante artiste de cabaret, et Christian, un poète anglais impécunieux, dans la bohème montmartroise de la fin du 19e siècle.    

Autour d’eux, une pléïade de personnages hauts en couleur, de l’imposant directeur de l’établissement (Jim Broadbent) au farfelu Toulouse-Lautrec (John Leguizamo), en passant par l’aristocratique rival (Richard Roxburgh). Voici donc Moulin Rouge, produit pour 52 millions de dollars par la Twentieth Century Fox qui, pour ce prix-là et comme vous allez le voir, autorisa Baz Luhrmann à détourner son historique logo !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L’ANGE BLEU (1930) (Un petit professeur (Emil Jannings) est amoureux d’une étoile (Marlene Dietrich)...) ou encore FRENCH CANCAN (1955) (Un prince, amoureux d’une danseuse, commandite le spectacle qui la fera reine du Moulin Rouge. Luhrmann reprendra une chanson écrite par Jean Renoir.).

Interrogés à la sortie des premières projections de presse de Moulin Rouge à Cannes, les critiques Michel Pascal et Michel Boujut représentèrent, à eux deux, l’éventail des réactions provoquées par ce troisième long métrage de Baz Luhrmann, qui achève sa trilogie dite du Rideau rouge, entamée par Ballroom Dancing et Romeo + Juliet. Si Michel Pascal avoue avoir été « bluffé » par ce film « kitsch, décadent [et] bourré de trouvailles », Michel Boujut assène doctement : « Des belles images [et] des belles chorégraphies, ça suffit pas ! » Le film n’aura pas les honneurs du jury cannois, présidé cette année-là par Liv Ullmann, mais saura trouver son public, ne serait-ce qu’en France où il attirera plus d’un million trois cent mille spectateurs. Aux Etats-Unis, il obtiendra l’Oscar pour les décors et les costumes, ainsi que six nominations, dont celle du meilleur film et de la meilleure comédienne pour Nicole Kidman.

Celle-ci faisait une petite pause dans sa carrière cinématographique après Eyes Wide Shut et jouait à Broadway une adaptation de la Ronde de Schnitzler, mise en scène par Sam Mendes, lorsque Baz Luhrmann lui adressa une douzaine de roses rouges et une simple lettre : « J’ai un rôle merveilleux pour vous, elle chante, elle danse, elle aime, elle meurt. Appelez-moi. » Malgré cette encourageante entrée en matière, la comédienne dut se plier à une longue audition où elle dut sauter, danser, chanter, et durant laquelle, elle le dira plus tard, elle se sentit particulièrement ridicule. Finalement, c’est au bout d’une longue semaine que la réponse tomba. Ce serait donc elle Satine, et non Catherine Zeta-Jones, Renée Zellweger ou Kate Winslet, un temps envisagées. Luhrmann et Kidman se retrouveront trois ans plus tard, pour vanter un célèbre parfum de la maison Chanel.

Comme son éclectique bande originale, qui pioche joyeusement de tous côtés –  d’Offenbach à Elton John, en passant par Georges Van Parys et Freddie Mercury –, le scénario de Moulin Rouge, emprunte, à la fois, au mythe d’Orphée – poète amoureux, trop impatient de se retourner vers sa bien aimée – mais, aussi, au répertoire lyrique, de la Traviata de Verdi à la Bohème de Puccini. Il faut dire que Baz Luhrmann, avant puis parallèlement à sa carrière de cinéaste, mit en scène plusieurs opéras, à Sydney et à Melbourne, dont la Bohème qu’il fut invité à monter une nouvelle fois à Broadway durant la saison 2002-2003. Cette imposante production fut récompensée par deux Tony Awards – les Molières d’outre-Atlantique – et sept nominations, dont celle de la meilleure mise en scène.

La comédie musicale ultime, c'est West Side Story. Soit dit en passant. Mais le Moulin Rouge reste un divertissement de bonne qualité (Romeo+Juliet ne m'avait lui pas du tout convaincue), pour peu d'accepter le côté décalé, complètement loufoque, de ce Paris du XIXème ...

Le film commence sur des souvenirs et des décombres... Et ce Moulin Rouge dont les mille feux se sont éteints. Avant d'entrer de plein pied dans la frénésie qui s'en empare, quand le cancan retentit et que le Sparkling Diamond, la diaphane Satine, entre en scène. La plus belle ...

Un rêve. Oui, il faut être un peu rêveur pour apprécier ce film. Réussir à mettre de coté les incohérences, les anachronismes, les niaiseries pour finalement se laisser submergé par les paillettes et les chorégraphies délirantes et tournoyantes. Histoire pour le moins ...