NOS HÉROS SONT MORTS CE SOIR

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France, début des années 60. Simon, catcheur, porte le masque blanc, sur le ring il est Le Spectre. Il propose à son ami Victor, de retour de la guerre, d’être son adversaire, au masque noir, L’Equarisseur de Belleville. Mais pour Victor, encore fragile, le rôle paraît bientôt trop lourd à porter car pour une fois dans sa vie, il aimerait être dans la peau de celui qu’on applaudit. Simon suggère alors à son ami d’échanger les masques. Mais on ne trompe pas ce milieu-là impunément.

Réalisé par David Perrault dont c’est le premier long métrage, Nos héros sont morts ce soir, film au titre fascinant, n’est aucunement un documentaire sur les années soixante, mais bien une fiction inspirée selon les propos mêmes de son réalisateur, d’une mythologie aujourd’hui oubliée, à savoir l’âge d’or du catch français.

Tourné en noir et blanc et en cinémascope, deux éléments qui servent fort bien le propos, Nos héros sont morts ce soir a pour acteurs principaux Denis Ménochet, très remarqué dans le film de François Ozon, Dans la maison, et puis dans Grand Central de Rebecca Zlotowski. Jean-Pierre Martins, vu dans Ma part du gâteau de Cédric Klapisch. Constance Dollé qui hormis ses multiples prestations pour la télévision, jouait dans Les Témoins d’André Téchiné, et Huit fois debout de Xabi Molia, et Alice Barnole qui donnait la réplique à Michel Bouquet dans Renoir de Gilles Bourdos. Nos héros sont morts ce soir était sélectionné à la Semaine de la critique, au Festival de Cannes 2013.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NOUS AVONS GAGNE CE SOIR (Ce film de Robert Wise se déroule également dans l'univers des combats truqués sur le ring.) ou encore PIEDS NUS SUR LES LIMACES (Ce film de Fabienne Berthaud réunissait également à l'écran Jean-Pierre Martins et Denis Ménochet.).

J’ai écrit le film dans un état de mélancolie absolue, confie le cinéaste David Perrault à propos de Nos héros sont morts ce soir. Tout ce que j’aimais dans le cinéma français me semblait vouer à la disparition, ajoute-t-il, comme sa capacité à émerveiller, à enchanter. C’était au milieu des années 2000. J’ai retrouvé cet émerveillement devant ces catcheurs masqués puis devant des films comme L’Apollonide, souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello, ou Holy Motors de Leos Carax. Ce sont des films qui rêvent beaucoup. Je crois aussi qu’il y a une grande envie chez bon nombre de cinéastes de ma génération d’en découdre avec toute cette dictature du naturalisme qui pèse depuis trop longtemps sur le cinéma français. On a envie de romanesque, de mystère, de trouées poétiques. Fin de citation.

Et vous l’aurez remarqué, David Perrault a fait la part belle aux seconds rôles dans Nos héros sont morts ce soir. Ainsi Philippe Nahon qui interprète Ferdinand, et Yann Collette dans le rôle de Tom, ne sont pas en reste par comparaison avec les personnages principaux. Leur charisme respectif et leurs gueules qui happent la caméra, y sont d’ailleurs pour beaucoup.

David Perrault définit ainsi la scène du combat central entre Simon et Victor, Je voulais quelque chose de théâtral, de physique, raconte-t-il. Mais aussi une part d’intériorité, d’onirisme. Au montage, j’ai eu l’idée, lorsque Victor arrache le masque de Simon, d’un montage parallèle où on le verrait arracher son propre masque, dans son cauchemar. Tout le projet du film est contenu dans ce passage, à la fois incarné et cotonneux. Et concernant la réplique du personnage d’Anna jouée par Alice Barnole, à propos de la musique de Gainsbourg, et qui dit, ça c’est pas la France, David Perrault explique que pour lui, la France, c’est celle à laquelle on ne s’attend pas. Pendant tout le film, avoue-t-il, je pensais à cette formule, French Pulp Cinema. La France, ce n’est pas que le pâté sur la table. Je voulais montrer une France au sens pop, magique, insoupçonnée. Celle de Gainsbourg, de Nerval, de Boris Vian ou des surréalistes.

A propos du titre Nos héros sont morts ce soir, le cinéaste David Perrault se serait d’abord inspiré du titre français de l’un de ses films favoris, Nous avons gagné ce soir, de Robert Wise. Ce titre, Nos héros sont morts ce soir, donc, selon David Perrault, sonne effectivement comme un adieu. Mais pour autant, renchérit-il, la fin de l’histoire est suffisamment flamboyante pour qu’on dépasse la nostalgie. Le personnage de Victor s’offre une sortie vers la lumière, vers une forme de renouveau. Il est temps de passer à autre chose.

Il était une fois deux catcheurs. L'un au masque blanc nommé le Spectre. L'autre au masque noir appelé l'Équarrisseur de Belleville. Mais si les deux jouent un rôle sur le ring en incarnant le Bien d'un côté et le Mal de l'autre, cela était bien plus compliqué dans la ...

Nos héros sont morts ce soir est un film hommage au cinéma de genre des années 50 et a l'heur de nous épargner une reconstitution trop factice de la France des années 60 en se concentrant sur le sport vedette d'une époque révolue : le catch ! Sorti de manière plus que confidentiel ...

« La vertu du catch, c'est d'être un spectacle excessif. On trouve là une emphase qui devait être celle des théâtres antiques ». C’est par ces phrases que Roland Barthes commence son texte sur le catch (publié dans le recueil Mythologies) ; rédigé entre 1954 et 1956, ...