ODYSSEY - LE VOYAGE ULTIME

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Gérard Damiano a déjà quelques chef-d'œuvres au compteur quand il produit, écrit et réalise Odyssey. Après avoir marqué les mémoires avec des ovnis comme Gorge profonde, The devil in miss Jones ou Story of Joanna, il poursuit avec ce film son exploration du désir au féminin.

Le scénario qui se fragmente en trois segments qui n'ont apparemment que peu de rapport les uns avec les autres nous décrit en fait les frustrations, les envies et les fantasmes de plusieurs femmes.

La première partie nous montre un couple qui bat de l'aile. Vingt-deux avant le Stanley Kubrick d'Eyes wide shut, Damiano met en scène une femme qui manipule son mari et le pousse à se rendre dans un mystérieux bordel où d'étranges créatures se livrent aux turpitudes les plus insolites. Fasciné et excité par le spectacle, le mari finira par choisir comme partenaire d'un soir une mystérieuse inconnue masquée... sa femme.

La deuxième histoire consiste en une suite de confessions de clientes frustrées chez leur psy. Une jeune fille est obsédée par la masturbation, une jeune femme est attirée par la soumission, une femme plus mûre avoue ses penchants saphiques. Toutes ces confessions sont évidemment évoquées par la caméra indiscrète de Damiano.

Le dernier segment met en scène la touchante Susan Mc Bain. Elle interprète un modèle qui vend son corps aux photographes des magazines pour hommes. On la sent de plus en plus déconnectée de la réalité et elle finira par faire ses adieux au bizness d'une bien étrange manière...

Bien que ce film appartienne à la période sombre de son auteur, on sent que Damiano a énormément de tendresse pour ses héroïnes. D'ailleurs, s'il fallait conseiller un film hard à une femme qui n'en n'a jamais vu, je pense qu'Odyssey serait un parfait exemple.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MARASCHINO CHERRY D'HENRY PARIS (1978) ou encore A LA RECHERCHE DE MR GOODBAR (1977) .

Ne perdons pas de vue que Damiano a donné, avec les frères Mitchell et quelques autres, ses lettres de noblesse au genre. Des sujets originaux aux scénarios soignés, une direction d'acteur toujours présente, une distance et un humour qui lui autorisent toutes les audaces, voilà ce qui fait le style Damiano.

Ouvrant la voie à des esthètes comme Andrew Blake il nous montre des scènes de sexe superbement éclairées et remarquablement filmées où ses héroïnes se laissent aller à leurs penchants les plus intimes. Damiano s'amuse à renverser les codes habituels du porno et décide de ne considérer les hommes que comme des partenaires ou des objets sexuels.

Vous aurez reconnu au passage Sharon Mitchell, grande égérie du hard américain, qui s'amuse dans la séquence du bordel à se grimer en homme et à faire une fellation superbe avec une fausse moustache, ce qui n'est pas un mince exploit.

Gloria Leonard interprète le personnage de la femme mûre qui est attirée par les jeunes filles qui fréquentent son magasin de vêtements. Elle fera scandale quelques temps plus tard en jouant le rôle de la mère incestueuse de Tom Byron dans la saga des Taboo american style.

On remarque également dans une des scènes d'orgie du dernier segment la superbe Vanessa del Rio, surnommée le cornichon mexicain à cause d'un clitoris extrêmement spectaculaire. 

Richard Bolla qui était très à l'aise dans le répertoire de la comédie fait ici une création remarquable en campant ce mâle américain type des années 70 qui est perturbé dans sa virilité du fait de la révolution sexuelle qui donnait enfin aux femmes le droit à la jouissance et qui le réclamaient haut et fort. Cet authentique acteur tiendra en 1980 un des rôles principaux de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato sous son vrai nom : Robert Kerman. Il fait également une apparition dans le premier Spiderman de Sam Raimi en 2002.