ON S'FAIT LA VALISE, DOCTEUR ?

en VOD

Cinq ans après La Cible, un thriller mené par Boris Karloff et produit par Roger Corman, et un an après La Dernière séance, un drame nostalgique sur l’Amérique des années 1950, le cinéphile et ex-critique de cinéma Peter Bogdanovich tourne, en 1971, son troisième long métrage, On s’fait la valise, docteur ?, une comédie loufoque rendant hommage aux comédies hollywoodiennes des années 30 – les fameuses "screwball comedys" – et au burlesque du cinéma muet – le non moins fameux "slapstick" –, de Mack Sennett à Buster Keaton, en passant par Laurel et Hardy ou Charlie Chaplin.

Dans le rôle d’Howard Bannister, spécialiste de la musique préhistorique, distrait et lunaire comme peuvent l’être les scientifiques monomaniaques plongés dans de délirantes aventures qui les dépassent, Bogdanovich fait dans le contre emploi et engage Ryan O’Neal, le beau jeune premier qui vient de faire pleurer la terre entière dans Love Story d’Arthur Hiller. Pour incarner Judy Maxwell, la charmante Miss Catastrophe qui va, sur lui, jeter son dévolu, il engage  Barbra Streisand, qui vient de faire chanter et danser la terre entière dans Funny Girl et Hello, Dolly !

Voici donc On s’fait la valise, docteur ?, dont le titre original, What’s up, doc ?, fait directement allusion au plus célèbre des lapins d’Hollywood, Bugs Bunny, comme vous allez le voir, tout de suite, dans la scène où Barbra Streisand, tout en croquant une carotte, interpelle pour la première fois Ryan O’Neal...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L’IMPOSSIBLE MONSIEUR BÉBÉ (1938) (Le film qui inspira Peter Bogdanovich.) ou encore BULLITT (1968) (Autre mémorable course poursuite dans les rues de San Francisco.).

Récompensé par la Writers Guild of America, On s’fait la valise, docteur ? est né d’une idée de Peter Bogdanovich qui avoua, lui-même, s’être directement inspiré de l’Impossible Monsieur Bébé d’Howard Hawks, la rencontre explosive d’un paléontologue timide et emprunté (Cary Grant) et d’une femme richissime et excentrique (Katharine Hepburn). Plus tard, le cinéaste regretta d’avoir avoué sa source d’inspiration en expliquant qu’il "ne faut jamais fournir, soi-même, des munitions aux journalistes. J’aurais dû me taire, personne n’aurait fait la comparaison." En effet, On s’fait la valise, docteur ? fut souvent considéré comme le remake de l’Impossible Monsieur Bébé.

D’ailleurs, afin de travailler son rôle, effectivement très proche de celui de Cary Grant, Ryan O’Neal alla rendre visite à son glorieux aîné (67 ans) qui, au terme de leur entretien, ne lui donna qu’un seul conseil : "Portez des caleçons de soie" ! A propos de Ryan O’Neal, vous aurez remarqué l’autodérision dont il fit preuve, en acceptant de se moquer, lui-même, du film qui l’avait fait star deux ans plus tôt, lorsque Barbra Streisand lui lance la célèbre formule d’Ali McGraw dans Love Story, Aimer, c’est de ne jamais dire je suis désolé, à laquelle il répond, cette fois : "C'est la chose la plus bête que j'ai jamais entendue." Dans la famille O’Neal, en plus du fils aîné, vous avez pu voir le fils cadet, Kevin O’Neal – c’est lui le livreur qui se fait voler son triporteur – et la mère, Patricia O’Neal – c’est elle la vieille dame dans l’avion –, déjà aperçue, quatre ans plus tôt, dans Rosemary’s Baby, de Polanski. C’est avec sa fille, Tatum O’Neal, que Ryan retrouva Peter Bogdanovich à deux reprises, d’abord en 1973 dans La Barbe à Papa puis en 1976 dans Nickelodeon.

Le tournage de la folle poursuite finale dura un mois, mobilisa un quart du budget total du film et laissa quelques traces, encore visibles aujourd’hui, du côté de l’Alta Plaza Park, un parc de loisirs édifié au nord de San Francisco en 1910 et dont les escaliers, à l’évidence, n’avaient pas été conçus pour ce genre d’excentricité. D’ailleurs, la municipalité n’ayant pas donné son accord pour de telles cascades, on dit que, depuis, elle exige que les demandes d’autorisation de tournage explicitent, en détail, chaque séquence, chaque plan, chaque cascade !

Grande découverte. Qui me donne envie de plonger dans le cinéma de Bogdanovitch. Digne, dans son écriture, sa symphonie des gags, son interprétation, des grandes screwball comedy ou des meilleurs Wilder. ...

Si les années 70 furent une période bénie pour la comédie à la française avec De Funès et Pierre Richard, les EU ont aussi quelques pépites méconnues dont ce film passé sous les radars des senscritiqueurs. Peter Bogdanovitch cinéaste surtout connu pour sa cinéphilie ...

Ce titre de critique est la traduction qu'auraient dû donner les distributeurs français, car beaucoup plus conforme au titre original, ils n'ont pas compris que c'était une petite allusion à Bugs Bunny dont l'humour de ce film est plutôt cartoonesque. C'est une comédie pétillante, ...