EYE IN THE SKY

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Entre le thriller contre la montre et le suspens en huis-clos, Eye in the sky étudie les complexités parfois contradictoires de la guerre moderne, la haute technologie voisinant avec les techniques les plus primitives. L'action est située au Kenya, où une coalition internationale s'apprête à lancer un missile sur un groupe de terroristes somaliens, lorsqu'une petite fille s'installe à côté de la cible pour vendre des pains.

D'où le dilemme: si l'opération est annulée pour épargner une vie innocente, les terroristes iront commettre un attentat qui fera des dizaines de victimes. La décision appartient aux politiciens et aux juristes qui se renvoient la balle tandis que l'heure tourne à une vitesse terrifiante.

Le suspens se joue aussi bien dans les bureaux que sur le terrain, où opèrent des agents infiltrés, et une interprétation haut de gamme garantit la qualité de la fiction: Aaron Paul joue un pilote de drone en proie à un cas de conscience, tandis qu'Helen Mirren incarne avec une grande force de conviction une militaire exaspérée par l'inertie des bureaucrates. Quant à Alan Rickman, son rôle de général impatient a marqué sa dernière apparition au cinéma.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MENSONGES D'ETAT (Même situation de lutte contre le terrorisme avec des agents de terrain victimes des intentions confuses de leurs supérieurs) ou encore GOOD KILL (Même contexte de guerre à distance et ses répercussions sur un pilote de drone).

En théorie, la guerre moderne devrait être plus simple et plus propre grâce à la technologie, notamment celle des drones, qui permet de frapper des cibles à distance avec une précision chirurgicale. En pratique, les choses sont plus compliquées, et c'est ce qu'a voulu montrer le scénariste Guy Hibbert lorsqu'il a conçu en 2008 le script prémonitoire d'Eye in the sky, qui préfigure les cas de victimes collatérales lors de frappes de drones. Le projet devra attendre jusqu'en 2012 avant de démarrer et de trouver un réalisateur en la personne du Sud-africain Gavin Hood, metteur en scène de La stratégie Ender. 

Entretemps, la production est prise de vitesse par le film d'Andrew Nicoll Good kill qui se concentrait sur les répercussions psychologiques et morales éprouvées par les opérateurs de drones. Ces pilotes agissent depuis des cabanes installées dans le désert à côté de Las Vegas et commandent leurs engins comme dans un jeu vidéo sauf que leurs missiles sont réels. Dans Eye in the sky, Aaron Paul se trouve exactement dans cette situation, et il est mis à l'épreuve lorsqu'il doit appuyer sur le bouton qui va probablement tuer une petite fille innocente qu'il voit sur ses écrans de contrôle. D’après le réalisateur Gavin Hood, ces pilotes sont particulièrement vulnérables, puisque 30% d'entre eux sont atteints du syndrome de stress post traumatique.

Plus généralement, le film explore une  dimension qui était suggérée dans le titre de travail Kill chain, en référence à la chaîne dont il faut remonter tous les maillons pour obtenir une décision. Pour des raisons budgétaires et logistiques, les acteurs ne pouvaient pas tous être présents en même temps, et certains d'entre eux devaient jouer seuls.  C'est le cas d'Helen Mirren, qui tournait face à des écrans verts tandis que le réalisateur Gavin Hood lui donnait la réplique. Incidemment, il apparaît dans le rôle d'un lieutenant-colonel, pour rappeler qu'il a été acteur avant de passer derrière la caméra.

Mode d'emploi sur comment niquer des terroristes avec un drone, comment mettre tout le monde d'accord, obtenir les autorisations, comment aussi éviter de prendre la responsabilité de l'opération en se référant aux lois en vigueur ou à un supérieur, puis, une fois le oui ...

Eye in the Sky est une plongée perturbante, dérangeante et forçant une réflexion qu'on aurait préféré s'éviter. Ce film a fait l'effort surhumain d'explorer sous des angles radicalement opposés tous les enjeux derrière une simple frappe de drone pour éliminer un ennemi ...

Encore un film sur l'usage des drones me suis-je dit.... Après le raté de 'Good Kill', je craignais le pire. En réalité, 'Eye In The Sky' va beaucoup, beaucoup plus loin. C'est une réflexion sur l'application des lois démocratiques et d'une certaine forme d'humanisme confrontées ...