PALOMBELLA ROSSA

en VOD

Né en 1953, à Brunico, de parents enseignants, Giovanni Moretti dit Nanni a commencé à tourner des courts métrages à vingt ans avec une caméra super 8 mm achetée, dit-on, en revendant sa collection de timbres. Depuis Je suis un autarcique, son premier long métrage tourné à vingt trois ans, Nanni Moretti trace le portrait de son pays, l’Italie, à travers son propre rapport au monde, sa passion pour le cinéma, son engagement politique ; et via un personnage qu’il interprète lui-même, lequel, en dehors du prêtre de La Messe est finie, porte chaque fois le nom de Michele Apicella. Dans les cinq films où Michele apparaît (Je suis un autarcique (1976), Ecce Bombo (1978), Sogni d’Oro (1981), Bianca (1984) et Palombella Rossa (1989)), il n’est pas forcément le même personnage, mais plutôt un homme en évolution constante, une projection des préoccupations, questionnements ou hantises du réalisateur. Joueur de water-polo dans la vie, Nanni Moretti introduit ce sport pour la première fois dans son sixième film, construit autour d’une mosaïque de scènes entre passé et présent, rêve et réalité, souvenir et invention. D’inspiration «fellinienne» dans sa forme, Palombella Rossa est le portrait d’un homme qui ne sait plus qui il est. Ce qui pourrait nous amener à penser qu’il est le portrait d’un réalisateur ne sachant plus quoi raconter. Amnésique à la suite d’un accident de voiture,  Michele reconstitue peu à peu le fil de sa vie autour d’une piscine et au cours d’un match de water-polo où la question «à gauche ou à droite ?» se pose en permanence.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HUIT ET DEMI DE FEDERICO FELLINI, 1963 ou encore LE PORTEUR DE SERVIETTE DE DANIELE LUCHETTI (IL PORTABORSE, 1992) .

Ciao Michele Apicella ! A partir de Palombella Rossa, ce personnage disparaît des films de Nanni Moretti et lui-même reste cinq ans sans signer un film. Il reviendra derrière la caméra en 1994 avec Journal intime (Caro Diario) qui, comme son titre l’indique est une sorte de confession où, pour la première fois il joue sans se cacher derrière un personnage, tout en étant, tout de même, une sorte de Nanni bis. Certes, il y raconte comment il a échappé à un cancer mais il y lance aussi via deux épisodes plus burlesques et sans doute un peu moins autobiographiques quelques unes de ces diatribes dont il a le secret, contre la télévision qui rend bête et la famille qui rend fou. Il réitérera quatre ans plus tard avec Aprile, ou la joie d’être papa. Mais la veine autobiographique s’émousse et l’on sent chez lui la nécessité de se ressourcer. Ce sera chose faite avec La Chambre du fils, Palme d’Or largement méritée au Festival de Cannes 2001, l’histoire simple et douloureuse d’une famille qui se disloque à la suite de la mort accidentelle d’un des siens. Enfin, Le Caïman, en 2006, est le premier de ses films où Moretti ne fait qu’une apparition. Cette fois, le personnage central est interprété par Silvio Orlando (le coach de Palombella Rossa) et nous sommes dans une charge féroce contre Berlusconi, dans une tendre histoire d’amour intimiste et dans une ode au cinéma (des séries Z aux grands films politiques en passant par le néo-réalisme). Une fois de plus, il y parle de son pays qui, comme beaucoup d’autres pas si loin, s’est laissé endormir par ses dirigeants jusqu’à laisser arriver au pouvoir un dangereux personnage, il y parle du réveil d’un homme qui retrouve son engagement et sa dignité. Propulsé, dès son arrivée dans le 7e art, fer de lance du renouveau du cinéma Italien, qui après une période glorieuse était en sérieuse perte de vitesse, Nanni Moretti a fondé, en 1986, sa propre maison de production, Sacher Films, il a misé sur de nouveaux réalisateurs aux préoccupations proches des siennes, et dont il est devenu le producteur et l’interprète. En 1991, il incarne un professeur fauché écrivant des discours pour un ministre de gauche, arriviste et corrompu, dans Le Porteur de serviettes de Daniele Luchetti. Puis, en 1996, dans La Seconda Volta de Mimmo Calopresti, il est Alberto, professeur d’économie qui vit depuis douze ans avec une balle dans la tête et retrouve par hasard la jeune terroriste qui l’y a logé… En mettant bout à bout les films réalisés et produits par Nanni Moretti, on obtiendrait une radiographie quasi complète de l’Italie depuis plus de quarante ans. Viva il cinema !

Moretti continue à clamer et sa fougueuse différence et son engagement politique dans cette petite merveille qu'est "Palombella Rossa", soit le filmage d'un match réel de water polo entrecoupé de réflexions burlesques sur la gauche italienne et sa déconfiture, et qui se révèle ...

On a qualifié Nanni Moretti de "nouveau Woody Allen". Il serait plus judicieux de le rapprocher de Jean-Luc Godard. La preuve la plus évidente est ce film, Palombella Rossa où Nanni Moretti est en pleine réflexion sur la partie communiste dans son pays durant un match de water-polo ...

Ses films ne sont pas faciles. Ils sont les fragments livrés d’une conscience intranquille, et c’est à nous de recomposer un continuum, en faisant la part du « réel » et du « fantasmé ». Voici une fiction à élucider, pas compréhensible systématiquement, ...